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Une forte inadéquation des compétences en Europe

samedi 13 décembre 2014

Un gâchis social et une perte de performance économique
En Europe en 2012, entre 25 et 45 pour cent des travailleurs sont soit surqualifiés soit sous-qualifiés pour leur poste, ce qui conduit à une forte inadéquation entre l’offre et la demande de qualifications sur le marché du travail, d’après une récente étude de l’OIT (Organisation internationale du travail) dans 24 pays européens.

Le décalage entre les compétences des salariés et celles que requiert leur poste est fréquent, avec de nettes différences entre les pays.

Dans dix pays européens (Belgique, Espagne, France [30 %], Islande, Kosovo, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Royaume-Uni et Suisse), plus de 25 pour cent des travailleurs sont sous-qualifiés. Au Portugal, c’est même plus de la moitié des travailleurs.

De l’autre côté, le pourcentage de travailleurs surqualifiés varie de 10 à 20 pour cent de l’ensemble des travailleurs dans la plupart des pays pour lesquels des données étaient disponibles. Mais on observait de fortes variations selon les pays. Tandis que moins de 6 pour cent des travailleurs étaient surqualifiés aux Pays-Bas, en Pologne, au Portugal et en Suisse, leur nombre dépassait les 20 pour cent à Chypre et et 40 % en Russie. En France, nous en sommes à 10 %.

Entre 2002 et 2012, la surqualification a augmenté dans la plupart des pays tandis que la sous-qualification reculait dans la majorité des pays.

La proportion des travailleurs surqualifiés a grimpé de 3,6 points de pourcentage entre 2002 et 2012, reflétant l’impact de la crise économique mondiale. Seuls quatre pays – Irlande, Israël, Pologne et Slovénie – ont enregistré une tendance à la baisse de la surqualification.

Pendant ces mêmes années, la proportion de personnes sous-qualifiées a diminué de presque 9 points de pourcentage. Mais la France continue de tourner au même niveau.

Parmi les travailleurs surqualifiés, les femmes et les jeunes sont surreprésentés.

L’OIT attribue ce constat à plusieurs facteurs, notamment, pour les femmes, la pression subie pour concilier travail et vie familiale, la plus forte présence des femmes dans les emplois atypiques [1], ou des discriminations au travail.

La proportion elle aussi plus élevée de jeunes dans les emplois atypiques explique également pourquoi ils sont moins affectés par la sous-qualification et, plus souvent que les travailleurs adultes, trop qualifiés pour le poste qu’ils occupent. En France, cela touche 18,5 % des jeunes.

L’étude invite les gouvernements et les partenaires sociaux à agir pour une politique de gestion des ressources humaines et de formation plus efficace pour faciliter l’insertion de tous dans le marché du travail.

« Doter les travailleurs de compétences ne suffit pas à améliorer les performances du marché du travail si ces qualifications ne correspondent pas à celles que recherchent les employeurs ». Elle recommande de mettre en place des services de placement et des offres de formation efficaces, ainsi que de renforcer les liens entre le système d’éducation et de formation et le monde du travail ». En particulier par des formules d’alternance qui constituent une partie de la solution.

Ces dispositifs « supposent un dialogue social entre pouvoirs publics et partenaires sociaux qui fonctionne bien, des accords entre public et privé pour partager les coûts et des services d’emploi efficaces ».

De plus, l’innovation technologique alimente directement la demande de compétences sur les marchés du travail. Le haut niveau d’instruction initiale n’est qu’une partie de la solution et la formation continue est une nécessité. L’OIT pousse donc à ce que, dans de nombreux pays, la réforme des systèmes d’enseignement et de formation professionnels soit réalisée pour faire de l’apprentissage tout au long de la vie une réalité pour tous.

D’où l’importance de la réforme de la formation professionnelle et de sa mise en œuvre prochaine.


A lire : L’étude de l’OIT (en anglais)


Notes :

[1(*) On appelle emplois atypiques les situations de travail soit à temps partiel, ou sans possibilité de carrière, ou temporaire, ou en cumul d’emplois.