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Bilan de la formation professionnelle 2022

mercredi 10 janvier 2024

Chaque année, un document annexe du projet de loi de finances, appelé un « jaune », donne des informations sur l’état de la formation professionnelle. Pour le budget 2024, ce sont les données 2022 qui sont proposées, vu le temps nécessaire pour réunir et compiler la masse de données des différents dispositifs de formation. Cela permet ainsi de voir où en est la formation professionnelle, avant des évolutions prévues en 2024 (France travail, réforme de la VAE, nouvelle phase de Plan d’investissement dans les compétences, équilibre financier).

Une dépense de près de 32 milliards d’euros

Intégrant les coûts pédagogiques, la rémunération des stagiaires et les frais d’investissement, 31,8 Mds€ (hors dépenses directes des entreprises) ont été consacrés à la formation en 2022, soit +3,3 % par rapport à 2021.

Financeurs et montants
Qui ? Montant (en Mds€) Pourcentage
OPCO 11 34 %
État 8,1 25 %
Organismes de service public (Pôle emploi, Agefiph…) 6,6 20,8 %
Régions 4 12,7 %
Ménages 2 6,2 %
Autres collectivités 0,125 0,5 %

On voit que le premier financeur ce sont les Opco (opérateurs de compétences) qui, à partir de l’argent issu de la contribution obligatoire des entreprises que leur transmet France Compétences (11 Mds€), conseillent et financent la formation des PME-TPE de même que l’apprentissage et la professionnalisation et offrent un service de proximité, participent à la construction des qualifications et de la gestion prévisionnelle des emplois et compétences des branches professionnelles et favorisent les transitions professionnelles. En 2022, ils ont financé 1,5 million de stagiaires, 0,750 million d’apprentis et 0,1 million de professionnalisations.

Et les dépenses directes des entreprises, qui ne sont pas comptées dans les 31,8 Mds€ ? Selon l’enquête européenne EFE-e (enquête formation employeur, annuelle), en 2021 les entreprises ont effectué 14,3 Mds€ de dépenses directes dans le cadre de leurs investissements dans leur plan de développement des compétences, soit plus que leurs versements pour les Opco.

Qui en bénéficie ?

Les publics de la formation professionnelle (hors agents publics et dépenses directes des entreprises)
Publics Montant (en Mds€) Pourcentage
Jeunes 14 44 %
Demandeurs d’emploi 9,8 30,7 %
Actifs du privé 6,8 21,2 %
Sanitaire et social 1,3 4 %

Les jeunes sont, de loin, les premiers bénéficiaires de la formation professionnelle, par l’alternance, apprentissage surtout et contrat de professionnalisation, par les actions des conseils régionaux en faveur des jeunes demandeurs d’emploi et l’accueil et l’orientation des jeunes en difficulté.

1,250 million de demandeurs d’emploi ont suivi une formation en 2022, en baisse de 6 % par rapport à 2021 en raison de la baisse des demandes en CPF non abondés par Pôle emploi et des formations des Conseils régionaux. Ce sont surtout des formations longues, en moyenne de 4,4 mois pour des personnes dont la moitié ont un niveau inférieur au bac et un quart de niveau bac.

43 % des salariés du secteur privé ont suivi une formation professionnelle en 2021.
Pour les agents publics de l’État, ce dernier développe des formations premières et continues qui représentent 3 Mds€, les formations de la fonction publique territoriale représentent 0,375 Mds€ et, dans l’hospitalier, les formations représentent autour de 0,9 Md€.

Les dispositifs utilisés pour les salariés

 Dans le cadre du plan de développement des compétences, l’accès des salariés à la formation continue dépend beaucoup de la taille de l’entreprise : 23 % seulement pour les entreprises de moins de 50 salariés et 76 % pour les salariés des entreprises de 1 000 et plus. Et aussi du secteur : 13 % des salariés de l’agriculture, 27 % des salariés de la construction, 44 % de ceux du tertiaire, plus de la moitié (54 %) de ceux de l’industrie.
Pour les salariés du privé, les formations sont courtes, en moyenne de 28,2 heures, comme toutes les dernières années, et les formations à distance sont de plus en plus utilisées par les entreprises (40 % des entreprises), plus elles sont grandes.

 Le CPF (compte personnel de formation) s’est beaucoup développé : en 4 ans, 6,5 millions de formations ont été acceptées. En 2022, près d’un utilisateur du CPF sur 3 est un demandeur d’emploi, d’un profil plus jeune et moins diplômé que les salariés. 85 % des CPF sont réalisés par des non-cadres, soit proportionnellement plus que leur place dans l’emploi (80 %).

 La Pro-A (reconversion ou promotion par l’alternance), créée par la loi Avenir professionnel, est en période de montée en charge (613 en 2020, 4 612 en 2021 et 13 944 en 2022), aidée par le plan de relance, par la multiplication des accords de branche, étendus (181 en 2023) et son appropriation par les acteurs.

 En revanche, le PTP (projet de transition professionnelle), qui a remplacé le congé individuel de formation (CIF) mais avec un objectif resserré sur la reconversion, reste très limité, à 18 113 en 2022, soit moins de la moitié des CIF (44 600 en 2018). Ce sont des formations longues, 81 % durent plus de 500 heures, pour un coût moyen de près de 30 000 €, dont 71 % servent à la rémunération des formés. Pourtant, ces formations servent d’abord aux personnes pas ou peu qualifiées pour améliorer nettement leur niveau de qualification. Et quand les bénéficiaires sont des personnes de niveau de formation élevé, la formation qu’ils suivent est souvent d’un niveau moindre que leur niveau antérieur.

 Il faut ajouter les 57 600 personnes qui sont passées par un CSP (contrat de sécurisation professionnelle), chiffre stable, à la suite d’un licenciement économique.

 Sans oublier le dispositif de la VAE (validation des acquis de l’expérience) qui est à nouveau en baisse en 2022, comme dans la dernière décennie. 44 000 candidatures ont été jugées recevables, 30 000 candidats se sont présentés à un jury de VAE, 18 500 ont obtenu totalement la certification visée (60 %). Les certifications visées sont surtout celles de l’Éducation nationale (du CAP au BTS) et celles de la Santé et Affaires sociales. Surtout de niveau bac ou plus.
En 2024, la VAE réformée par la loi du 21 décembre 2022 se met en place, dans l’objectif de tripler en quelques années le nombre de candidats, avec la création d’un service public de la VAE par plateforme pour l’information et l’orientation des personnes et d’un GIP (groupement d’intérêt public), France VAE, regroupant État, Régions, Pôle emploi, Afpa, Opco, AT Pro, et la volonté de simplifier l’étape de la recevabilité, de rendre possible les demandes d’un seul bloc de compétences, un accompagnement individualisé, et les formations complémentaires courtes pour réussir la certification.

Le système de formation tout au long de la vie de la France vient d’être classé au 3ème rang mondial dans l’Index mondial compétitivité et talents, publié en novembre 2023 par l’Insead, l’Institut Descartes et le Human Capital Leadership Institute (134 pays étudiés). C’est une reconnaissance de la France dans ce domaine. Deux dispositifs sont très en vogue et en essor, apprentissage et CPF. Pourtant, le système de formation professionnelle reste complexe d’accès et les besoins de compétences nouvelles et de qualifications sont encore très importantes. Une étude du Cereq [1] montre que les moins qualifiés restent pénalisés, que la part d’entreprises formatrices n’a pas progressé depuis 15 ans et que donc « les entreprises détiennent pour beaucoup la clé du problème ».


Référence