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Conditions de travail et santé

samedi 9 octobre 2021

Pour analyser les conséquences des conditions de travail sur la santé deux approches sont possibles. La première examine les conditions de travail, les expositions professionnelles (pénibilité, risques psychosociaux) et les atteintes liées au travail (accidents du travail, maladies professionnelles reconnues). La seconde appréhende les conséquences des troubles de santé et des handicaps sur l’insertion professionnelle des personnes. Par rapport à 2015, en 2019 (dernière enquête sur les conditions de travail), peu avant la pandémie, les contraintes physiques s’accentuent pour les ouvriers et les employés de commerce et de services, les salariés des soins à la personne, alors qu’elles restent stables pour les catégories les plus qualifiées. L’autonomie interrompt son lent déclin. Les craintes sur l’emploi diminuent dans un contexte d’amélioration de la conjoncture économique. Voir clés du social [1].

Les différents critères des conditions de travail en 2019

L’exposition au bruit en milieu de travail : tous les ans, près de 600 salariés sont reconnus en maladie professionnelle par suite d’une exposition aux nuisances sonores. C’est dans les secteurs industriels et dans la construction que cette exposition est la plus fréquente. L’industrie et l’agriculture sont plus concernées par les bruits perçus comme intenses. L’exposition à des nuisances sonores est en hausse ces 20 dernières années. Pour un tiers de salariés concernés, les médecins déclarent qu’ils n’ont pas de protections auditives à leur disposition.

L’exposition aux agents cancérogènes/risques chimiques en milieu professionnel : plus d’un salarié sur dix est exposé à des agents cancérogènes en milieu professionnel. 330 000 (1,8 %) sont exposés à la silice cristalline, 712 000 (3,9 %) aux fumées diesel, 460 000 (2,5 %) aux fumées de soudage et 83 000 (0,5 %) à l’amiante. Le nombre de cas de cancers reconnus en maladie professionnelle est nettement inférieur au nombre de cancers attribuables à des expositions professionnelles.

  • En 2017, encore 2,7 millions de salariés sont exposés à au moins un produit chimique cancérogène, soit 11 % de l’ensemble des salariés publics et privés. Soit une majorité d’hommes (19 % des hommes contre 3 % des femmes), des ouvriers (35 % des ouvriers qualifiés, 17 % des ouvriers non qualifiés) contre 3 % de cadres.
  • Ce sont plus souvent des jeunes (-de 40 ans), intérimaires, apprentis, stagiaires ou agents à statut. Plus d’un sur deux travaillent dans des établissements de moins de 50 salariés. Le secteur le plus concerné reste la construction, avec plus d’un tiers (35 %) de salariés exposés.

L’exposition aux agents biologiques : 19 % des salariés du privé, en 2017, sont exposés à au moins un agent biologique (9 points de plus qu’en 2014).

  • Ce sont les employés de commerce et de services (aides-soignants, aides à domicile, aides ménagères, travailleuses familiales, aides à domicile).
  • Les salariés de la fonction publique hospitalière (FPH) sont très largement surexposés (73 % contre 43 % pour la fonction publique territoriale, 26 % pour la fonction publique d’État et 20 % pour le secteur privé).

Les contraintes articulaires au travail : les troubles musculo-squelettiques (TMS), constituent la première cause de maladies professionnelles indemnisées (88 % de l’ensemble des 50 000 MP (maladies professionnelles) reconnues en 2018). Et 10,8 millions de journées de travail sont perdues du fait d’arrêts de travail liées aux TMS (répétition d’un même geste, manutention manuelle de charges). Les jeunes sont les plus exposés (5,6 % des moins de 25 ans). Près de 2 millions de salariés sont soumis à la manutention manuelle de charges de 10 heures ou plus par semaine.

L’exposition aux facteurs de pénibilité dans le travail : la loi de janvier 2014 a instauré un compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P). Ce compte permet d’acquérir des points chaque année selon son degré d’exposition.

  • En 2017, le C3P a été transformé en compte prévisionnel de prévention (C2P), ne comportant plus que 6 critères [2], écartant donc les critères concernant les agents chimiques dangereux, la manutention de charge, les postures pénibles, les vibrations mécaniques.
  • En 2016 il y a eu 2 920 000 personnes bénéficiaires du C3P, elles ne sont plus que 1 756 000 en 2017 bénéficiaires du C2P. La construction est particulièrement concernée.

L’exposition aux risques psychosociaux : l’intensité du travail, les exigences émotionnelles, l’autonomie, les rapports sociaux, les conflits de valeurs et l’insécurité de la situation au travail permettent d’évaluer le bien-être psychologique au travail :

  • 47 % des femmes déclarent faire un travail répétitif (39 % des hommes) ;
  • 30% des salariés ont des objectifs à atteindre concernant l’intensité du travail ;
  • 45 % des salariés estiment qu’ils doivent « toujours » ou « souvent » se dépêcher dans leur travail ;
  • 30 % déclarent qu’ils doivent abandonner une tâche pour une autre non prévue ;
  • Les femmes sont plus exposées aux exigences émotionnelles et au manque de soutien social ;
  • Un salarié sur 4 estime que son travail n’est pas reconnu à sa juste valeur.

Durée et organisation du travail : en 2018, la durée annuelle effective de travail des salariés à temps complet est de 1 679 heures en moyenne, supérieure à l’équivalent annuel de la durée légale (1 607 heures, soit 11 heures de moins par rapport à 2017 du fait d’un moindre nombre de jours travaillés dans l’année).

  • Les cadres connaissent des heures quotidienne (8,6), hebdomadaire (43,1), annuelle (1834) plus longues.
  • Les autres catégories affichent des durées hebdomadaires de 38 heures.
  • Les ouvriers non qualifiés travaillent plus de jours dans l’année (223 en 2018) que la moyenne (214).
  • Les employés administratifs travaillent 206 jours et les professions intermédiaires 209 jours.

La durée du travail est liée à la situation familiale. Les femmes vivant seules travaillent plus que les femmes en couple avec enfants. À l’inverse, les hommes cadres vivant seuls travaillent moins que lorsqu’ils sont en couple avec enfants. Les horaires atypiques concernent les professions qui assurent la continuité de la vie sociale, la permanence des soins et la sécurité des personnes.

Conditions de travail des indépendants : des contraintes physiques fortes mais une plus grande autonomie. La pénibilité est forte dans l’agriculture, au contraire des professions libérales. Les indépendants exercent un travail moins soumis aux contraintes de rythme que les salariés. Ils travaillent souvent seuls (74 %), avec des difficultés pour concilier vie familiale et vie professionnelle.

L’analyse des conditions de travail en 2019 préfigure les difficultés d’organisation du travail qui ont eu lieu pendant la pandémie pour certaines professions. Ex : en 2019, les conditions de travail des agents de la fonction publique hospitalière ont des contraintes de rythme et d’intensité du travail supérieure à la moyenne. 43 % d’entre eux sont confrontés à au moins trois contraintes de rythme, 48 % ont un rythme de travail imposé par un contrôle informatisé (contre 39 %), et 49 % ne peuvent pas quitter leur travail des yeux (contre 44 %). Ces personnels demeurent les plus exposés à ces situations parmi l’ensemble des salariés.

L’exposition aux facteurs de pénibilité dans le travail s’est intensifiée pour les travailleurs des premières et deuxièmes lignes. La transformation du C3P en C2P est une catastrophe pour les fins de carrière dans certains métiers, car l’exclusion des 4 facteurs de risques a pour effet de renvoyer les « victimes » vers « la retraite anticipée pour incapacité permanente ».


Références