1. Accueil
  2. > Société
  3. > Populations
  4. > Déplacements domicile-travail : la voiture encore (...)

Déplacements domicile-travail : la voiture encore largement privilégiée

samedi 27 mars 2021

L’Insee a publié en janvier 2021 dans Insee Première sa dernière enquête sur les déplacements domicile-travail en 2017. La voiture reste encore le moyen privilégié des actifs pour se rendre au travail loin devant les autres modes de déplacements. En effet, c’est le mode de transport de 74 % des 25 millions d’actifs qui font moins de 150 km pour se déplacer. Toutefois, des différences parfois très sensibles existent suivant la distance à parcourir, l’appartenance ou non à une grande aire urbaine ou la sociologie des actifs concernés.
Explications.

La distance : des différences sensibles en dessous de 5 km à parcourir

Quelle que soit la distance, la voiture prédomine, même pour des trajets inférieurs à un kilomètre. 60 % des actifs qui se déplacent pour aller au travail à moins de 5 km de leur domicile utilisent leur voiture. Ils sont 77 % pour les trajets de 5 à 15 km et 85 % pour les trajets entre 25 et 30 km. 42 % des actifs dont on a pu identifier certainement le lieu de travail et qui habitent à moins de 1km de celui-ci utilisent leur véhicule. Beaucoup d’entre eux (plus de la moitié) déclarent avoir plusieurs lieux de travail mais pour 385 000 actifs rien ne peut expliquer ce recours massif à la voiture.

En dessous de 5 km, le recours à des modes de transport « doux » (la marche ou le vélo) est plus important. Ainsi, 31 % des actifs se rendent à pied à leur travail quand il y a moins de 2 km à parcourir. 5 % des actifs utilisent leur vélo sur cette distance. 10 % prennent les transports en commun pour cette distance et 19 % pour une distance de 2 à 5 km.

Au-delà de 5 km, c’est donc la voiture qui domine mais, passés 30 km, les transports en commun progressent sensiblement jusqu’à environ 15 % des actifs concernés. Le train est utilisé pour les longues distances (au-delà de 50 km).

Appartenance à une zone urbaine : les actifs des villes et ceux des champs

Dans la région parisienne, comme dans le centre des grandes villes, les actifs utilisent massivement les transports en commun. Ainsi, 7 parisiens sur 10 utilisent les transports en commun pour se rendre au travail. Plus largement, 44 % des franciliens utilisent métro, bus, tram, RER, train pour venir travailler.

Dans les aires urbaines de plus de 700 000 habitants, l’utilisation des transports en commun tombe tout de même à 15 % des actifs. La voiture est le moyen de transport de 58 % des habitants des pôles des aires d’attraction des villes.

Hors des aires d’attraction des villes, c’est la voiture qui règne sans partage avec 90 % des actifs qui l’utilisent pour se déplacer. Absence de transports en commun, déplacements professionnels plus fréquents vers les bourgs centre ou la ville plus importante à proximité, la voiture paraît le seul mode de transport pratique, disponible et efficace.

Différences selon la catégorie professionnelle ou le sexe

Deux tiers des agriculteurs et la moitié des artisans-commerçants se déplacent peu pour aller au travail (moins de 5 km de leur domicile) alors que ce n’est le cas que pour moins d’un tiers de tous les actifs. Ils sont les plus nombreux (70 %) à utiliser leur véhicule pour des raisons professionnelles ou parce qu’ils habitent à la campagne.

Chez les salariés, ce sont les employés qui sont les plus proches de leur lieu de travail (38,3 % sont à moins de 5 km de leur lieu de travail). Par contre, les cadres, les professions intermédiaires et les ouvriers sont plus de 70 % à faire plus de 5 km pour aller travailler. Les cadres et les employés utilisent plus que les autres les transports « doux » (25 %). Plus éloignés de leur usine, avec des horaires souvent décalés, les deux tiers des ouvriers utilisent la voiture.

La différence homme-femme est aussi très sensible. Ainsi, les femmes sont plus nombreuses à parcourir des distances inférieures à 5 km (36 % contre 31 % des hommes) surtout quand il s’agit d’une famille monoparentale. Leur mode de transport, toutefois loin derrière la voiture, est la marche ou les transports en commun. Les hommes, pour les trajets courts, sont plus nombreux que les femmes à utiliser le vélo (6.3 % contre 3,9 % pour les femmes).

En conclusion

La voiture reste donc encore pour une large majorité des actifs le moyen de transport privilégié. Cette prédominance notamment dans les zones périurbaines et la campagne peut expliquer en partie la colère dite des gilets jaunes touchés par l’augmentation du prix des carburants avec le projet de taxe carbone.

Mais le vélo, encore à un niveau modeste, et les transports en commun gagnent du terrain. Entre les enquêtes annuelles de recensement de 2015 et 2020, « le vélo a progressé de 0,9 point au détriment de la voiture » constate l’analyse de l’Insee surtout dans les villes centre et les distances entre 2 et 5 kilomètres. Deux fois plus nombreux (6 %) que pour le reste du territoire, les actifs des communes centres pratiquent la bicyclette pour se rendre au travail. Ce résultat est à mettre à l’actif des politiques publiques mises en œuvre dans les villes pour faciliter la pratique du vélo afin de limiter la pollution. Le document de l’Insee cite en exemples Strasbourg et Grenoble. Il ne faut pas non plus négliger la volonté de nombreux travailleurs de participer à l’effort de lutte contre le réchauffement climatique tout en pratiquant une activité sportive notamment chez les citadins.

Une question se pose enfin dans cette période de crise sanitaire : quel en sera l’impact sur le comportement des travailleurs en matière de transport pour se rendre au travail ?


Source