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Emploi et territoires : vers une nouvelle géographie en France

mercredi 15 février 2023

Le nouveau baromètre d’attractivité des territoires réalisé par Arthur Loyd [1]montre une recomposition territoriale, une nouvelle géographie de l’emploi en France et en particulier l’émergence des agglomérations à taille humaine en tant que locomotives de la création d’emploi. Il s’agit d’un retournement car jusque-là c’était le dynamisme des métropoles qui portait les créations d’emploi. On assiste à leur essoufflement. Le phénomène est particulièrement notable en Île-de-France. Un nouveau chapitre de notre histoire récente après deux ans de pandémie.

Un baromètre annuel

Le pôle Études et recherche d’Arthur Loyd, publie depuis 2017 un baromètre annuel qui s’intitule « Attractivité et résilience des métropoles françaises et transition des territoires ». Cette 6ème édition montre un tournant dans le phénomène de métropolisation de la France. Pour la première fois les agglomérations de taille moyenne portent les créations d’emploi, alors que le dynamisme des plus grandes villes s’essouffle. Les départements sans grosse métropole, qui n’ont représenté que 15 % des créations nettes d’emploi dans la décennie passée, en ont généré 42 % sur l’année écoulée. L’étude signale particulièrement le Pas-de-Calais, le Maine-et-Loire, le Finistère et le Morbihan.
L’Île-de-France représentait 35 % des 1,35 million de créations de postes dans la décennie précédant le Covid alors elle n’en génère plus que 17 %. Même si elle reste la première économie d’Europe par son PIB, la région semble avoir de la peine à se relever de la pandémie.
Savoir comparer à bon escient : le constat du cabinet Loyd concernant les créations d’emploi doit être mis en perspective par rapport à la croissance économique dans sa globalité. En effet, ce sont les plus grandes métropoles régionales qui en demeurent les fers de lance.

La tendance à la littoralisation

Cette enquête confirme une tendance forte de ces dernières années : la littoralisation de la France. Les côtes atlantique et méditerranéenne sont devenues très dynamiques en matière d’emploi, de démographie et de croissance économique. Leur climat et leur cadre naturel sont plébiscités alors que la qualité de de vie devient primordiale aux yeux des salariés et des retraités. Pour construire son baromètre, le cabinet Loyd a tenu compte de trois autres thématiques à côté de ce critère de qualité de vie :

  • Connectivité, capital humain et innovation ;
  • Marché immobilier tertiaire et accueil des entreprises ;
  • Performances économiques.

Au total, 75 critères statistiques ont été analysés pour mesurer le pouvoir de séduction de 50 aires urbaines, des très grandes métropoles de plus d’un million d’habitants aux agglomérations de taille moyenne (100 à 200 000) en passant par les grandes métropoles (500 000 à un million) et les métropoles intermédiaires (200 à 500 000). Paris, hors catégorie, a été exclu du panel.

Le palmarès de l’attractivité des territoires d’Arthur Loyd

  • Le top 3 de l’attractivité et de la résilience reste inchangé, par rapport à 2021, parmi les très grandes métropoles : Lyon reste en première position, puis Toulouse et Bordeaux.
  • Pour les aires urbaines de 500 000 à un million d’habitants, Montpellier puis Rennes et en troisième position Strasbourg.
  • Pour les villes de 200 à 500 000 habitants, Angers est en tête, suivie de Reims et, à égalité, de Brest et Caen.
  • Pour les agglomérations de taille moyenne, Bayonne, Poitiers et Valence.

À noter : la place désormais des départements à la confluence entre littoralisation et métropolisation. Ainsi l’Hérault avec Montpellier, la Gironde avec Bordeaux, le Var avec Toulon, les Bouches-du-Rhône avec Aix-Marseille et la Loire-Atlantique avec Nantes sont les zones les plus dynamiques. Elles affichent une croissance de l’emploi de plus de 4 %.

Les explications du cabinet Arthur Loyd

La crise sanitaire et le recours au télétravail avaient amorcé une tendance. Elle se confirme grâce en grande partie aux investissements massifs dans les filières vertes. En effet pour le cabinet, ce rééquilibrage géographique est tiré par les investissements dans ces filières dont les deux tiers se situent hors métropole. Les cinq départements qui profitent le plus des investissements dans ce domaine sont le Nord, le Rhône, l’Hérault, la Seine-Maritime et la Moselle alors que Paris est quasiment oublié. Pour le baromètre, les Hauts-de-France sont sur la voie de la « renaissance industrielle », avec 35 projets recensés dans la transition climatique. Ces résultats ne sont pas étrangers à la volonté politique des élus, aux compétences présentes et à la disponibilité foncière.

Mais tout n’est pas rose

Dans ce tableau qui s’éclaircit pour les villes moyennes il reste des départements en « décrochage » qui se situent à l’écart de ce dynamisme post-covid. L’étude comptabilise ainsi 51 départements (ruraux ou urbains) qui, depuis 2019, sont plutôt dans une croissance de l’emploi inférieure à la moyenne. « De la Meuse à l’Indre, en passant par l’Yonne et la Nièvre, l’Aisne, le Doubs ou encore le Territoire de Belfort, l’écart se creuse par rapport à la dynamique à l’échelle nationale » signale l’étude.

En conclusion cette tendance est à suivre de près car elle pourrait signifier une recomposition territoriale majeure et une déconcentration de l’activité économique en France. On pourra alors vraiment parler de la « revanche des villes moyennes ».


Source


Notes :

[1Arthur Loyd est un réseau national de conseil en immobilier d’entreprise.