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L’investissement dans la formation des personnes éloignées de l’emploi

samedi 21 janvier 2023

Le Plan d’investissement dans les compétences (PIC) a été institué pour les années 2018-2022. Doté de 15 milliards d’euros, il est axé sur la formation des personnes en recherche d’emploi ayant des difficultés particulières d’insertion professionnelle, en particulier en raison d’une faible qualification, et les jeunes éloignés du marché du travail. Le comité scientifique qui le suit vient de rendre public son 3ème rapport, qui chiffre, analyse et évalue les apports du PIC au bout de 3 ans de mise en place : soit une forte augmentation des demandeurs d’emploi formés et des résultats réels mais inégaux et incomplets.

Une forte augmentation des entrées en formation

Entre 2019 (1ère année de mise en œuvre) et 2021, il y a eu une forte hausse des demandeurs d’emploi formés, avec bien sûr une année moindre en 2020. En 2021, le PIC a permis de former 863 000 personnes + 170 000 dans des programmes nationaux spécifiques (formations préparatoires, actions de remobilisation et valorisation…), soit plus d’un million de personnes. S’ajoutent l’usage autonome de leur CPF par 610 000 demandeurs d’emploi, 73 000 formations en Insertion (IAE surtout) et 410 000 jeunes en garantie jeunes et Pacea (Parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie). Soit, au total, plus de 2 millions d’entrées en formation (2 131 000). C’est le double de l’année 2018 !

Il est aussi intéressant de remarquer que, parmi toutes ces formations, la part des formations certifiantes est plus forte, avec 37 %, apportant une qualification complète à ceux qui les ont suivies, mais elle reste encore insuffisante. À l’inverse, il est tout aussi important que se soient développées des formations pour l’acquisition des savoirs de base pour les plus éloignés : formations préparatoires de remise à niveau, actions intermédiaires entre accompagnement et formation… Un tiers d’entre eux suivant ensuite une formation après ces préparations alors que d’autres vont directement vers un emploi.


Des résultats incomplets

Le niveau régional est fondamental puisque, sur les 15 milliards d’€, 7 Mds ont été investis dans les PRIC, les plans régionaux négociés avec les régions, qui doivent venir en plus de leurs dépenses annuelles de formation. Le rapport constate effectivement une hausse des dépenses de 48 % et celle des entrées en formation de 44 %, mais 2 régions n’ont pas voulu contracter (Auvergne-Rhône-Alpes et PACA et l’État a dû le faire avec Pôle emploi) et l’impact est très variable selon les régions. En effet, le programme connait encore des difficultés importantes de mise en cohérence des acteurs (État, Régions, Pôle emploi) et de leurs instruments d’action avec le PIC et les départements, qui ont des plans d’insertion pour les allocataires du RSA, ne sont pas associés.

D’autre part, l’accès à la formation des demandeurs d’emploi peu qualifiés et des jeunes éloignés du marché du travail augmente, mais sans effet de rattrapage par rapport aux autres catégories. « Les ressources importantes déployées par le PIC ne l’ont pas été particulièrement au bénéfice des publics les plus fragiles », constate le rapport. Car des freins existent toujours : l’offre spécifique pour le public le plus en difficulté n’est pas suffisante pour réduire les freins, l’éloignement rend difficile l’accès à la formation pour des jeunes ruraux, ainsi ces formations peinent parfois à trouver leur public. Aussi, pour remplir, des organismes glissent vers des publics moins en difficulté.

Le PIC est aussi orienté vers l’objectif de répondre aux besoins concernant les métiers en tension, numérique, sanitaire et social, transition écologique. Or, s’il y a bien eu une hausse importante des formations au numérique (56 000 entrées en formation en 2021), pour les 2 autres familles, l’augmentation est plus limitée (36 000 entrées dans les formations du secteur sanitaire et social et 39 000 entrées dans les formations menant à des métiers liés à la transition écologique). Cela d’autant plus que l’insertion professionnelle après formation ne se fait qu’au 1/3 dans le métier cible de la formation : en raison du manque d’offres ou d’autres opportunités, et aussi parce que d’autres raisons qu’un manque de compétences expliquent certaines difficultés de recrutement : en particulier conditions d’emploi, de rémunération et/ou de travail.



Toutes les études, tous les experts confirment la nécessité de la formation et de l’acquisition de compétences pour résorber le chômage et accroitre les activités économiques et l’emploi et le PIC en est partie prenante. Mais le 3ème rapport du PIC confirme que cela ne suffit pas, que le PIC n’augmente le retour en emploi que de 9 points la 1ère année et même 7 points sur 2 ans car, alors que la France est parmi les pays européens qui investissent le plus dans la formation des chômeurs, presque le double de la moyenne européenne, notre taux de chômage reste supérieur à la moyenne européenne. Restent à traiter des problèmes d’efficacité des dispositifs, de mise en cohérence, d’adaptation de la formation aux besoins en contenu comme en localisation et d’articulation des acteurs. Mais tout autant une amélioration de la qualité des emplois proposés.


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