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La crise sanitaire et les dépenses de santé en 2020

samedi 16 octobre 2021

La consommation des soins de santé a augmenté de 0,4 % en 2020 (après +2,0 % en 2019 et +1,5 % en 2018). Il s’agit de la plus faible progression observée depuis 1950, première année disponible des comptes de la santé. La consommation de soins et de biens médicaux (CSBM), s’élève à 209,2 milliards d’euros en 2020, soit 9,1 % du PIB. Cela représente une moyenne de 3 109 euros par habitant. Le reste à charge des ménages ne cesse de baisser. Parmi les 28 pays de l’Union européenne, la France est celui où le reste à charge des ménages en santé est le plus faible (202 euros par habitant).

La croissance de la CSBM (consommation de soins et de biens médicaux) est principalement portée par trois secteurs :

  • Les soins hospitaliers publics (qui contribuent à hauteur de +2,0 points à la croissance de la CSBM).
  • Les dépenses des laboratoires d’analyses (+0,8 point de contribution à la croissance).
  • Les soins infirmiers (+0,4 point).

Que s’est-il passé en 2020 ?

  • Les dépenses de soins hospitaliers publics ont été tirées par la croissance de la rémunération des personnels (majoration des heures supplémentaires, versement de primes exceptionnelles, revalorisations dans le cadre des accords du Ségur de la santé).
  • Une baisse profonde du volume de soins, liées aux déprogrammations de soins lors de la 1ère vague épidémique.
  • Les dépenses des laboratoires d’analyses ont bondi en 2020 (+37 %), portées par les tests de dépistage du Covid 19.
  • Les soins infirmiers ont progressé de 7,2 % en 2020, après +3,4 % en 2019, stimulés par la demande de prélèvements nasopharyngés pour les dépistages antigéniques et PCR.
  • La consommation baisse dans les autres secteurs du fait de la chute d’activité entrainée par les mesures sanitaires de restriction des déplacements.
  • Les soins de ville hors laboratoires et soins infirmiers contribuent négativement à hauteur de -1,6 point à la croissance de la CSBM et les médicaments en ambulatoire à hauteur de -0,5 point.

Les dépenses supplémentaires engendrées par la crise sanitaire ont été majoritairement financées par la Sécurité sociale, notamment pour les soins hospitaliers publics :

  • La prise en charge des dépenses de santé par la Sécurité sociale augmente de 1,9 point entre 2019 et 2020 pour atteindre 79,8 %.
  • À l’inverse, la part des dépenses financées par les organismes complémentaires (mutuelles, institutions de prévoyance et sociétés d’assurances) baisse à 12,3 % pour l’ensemble des dépenses de santé. Cette part était auparavant et depuis une dizaine d’années assez stable, autour de 13,4 %.
  • Dans le contexte de crise sanitaire, les prestations servies par ces organismes ont baissé, notamment dans les postes de médecins et d’auxiliaires médicaux.
  • La participation financière des ménages diminue fortement en 2020, pour atteindre 6,5 % de la CSBM (en baisse de 0,7 point), soit en moyenne près de 202 euros par habitant.
  • Le mouvement tendanciel de baisse du reste à charge des ménages, lié au vieillissement de la population, s’est accentué cette année par la déformation de la structure des soins occasionnée par la crise sanitaire et les premiers effets de la réforme du « 100 % santé », mise en œuvre par étapes dans les secteurs de l’optique, des prothèses dentaires et des aides auditives.

Le reste à charge des ménages (RAC) en santé correspond au montant de la consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) directement financée par les ménages après intervention de l’Assurance maladie, de l’État et des organismes complémentaires. En 2020, il est évalué à 13,6 milliards d’euros, soit 6,5 % de la CSBM (202 euros par habitant). Depuis 10 ans, la part du reste à charge dans la CSBM diminue du fait de facteurs structurels : augmentation des affections de longue durée (ALD), due au vieillissement de la population avec l’exonération du ticket modérateur.

  • En 2020, une importante baisse du RAC avec la crise sanitaire. Il représente une dépense de moins de 0,9 % du revenu disponible brut (RDB) des ménages. Avec la crise sanitaire, il baisse de 0,7 point. Cette baisse est quasi-généralisée à toutes les composantes de la consommation, l’optique médicale mise à part.
  • Le RAC pour les soins de dentistes diminue de 3,8 points, en lien avec la mise en place de la réforme 100 % santé.
  • Le RAC pour les soins hospitaliers publics recule de 0,6 point en 2020, les dépenses supplémentaires à l’hôpital public ayant été prises en charge essentiellement par la Sécurité sociale.
  • Sous l’effet de la crise sanitaire, la structure des soins s’est déformée en faveur des secteurs où le RAC est le plus faible (dépenses hospitalières), aux dépens des secteurs où il est le plus élevé.
  • Les RAC sont plus importants pour les soins de ville (9,2 %), les médicaments en ambulatoire (12,8 %) et les autres biens médicaux (17,4 %). Il est de 27,4 % pour l’optique.
  • La mise en place par étape des paniers sans reste à charge en audiologie, en optique grâce à la réforme « 100 % santé » modifie la répartition des prises en charge sur ces postes.
  • Pour l’optique, la faible pénétration des équipements du panier 100 % santé, combinée à une baisse de la prise en charge par l’assurance maladie, entrainent une hausse du RAC de 4,1 points en 2020.

La mise en place des gestes barrières ont réduit les pics épidémiques des autres maladies infectieuses (gastro-entérite, syndrome grippal…) et les traitements médicamenteux d’appoint associés.

  • Les soins complémentaires ont réduit de 2,2 milliards d’euros leurs prestations en 2020 : 900 millions en soins de ville, 400 millions en soins hospitaliers et 300 millions en médicaments.

En France, la dépense de santé au sens international (DCSi), qui recouvre la CSBM mais également les dépenses de soins de longue durée, de prévention et celles liées à la gouvernance du système de santé, s’établit à 11,2 % du PIB en 2019, soit 1,2 point de plus que la moyenne de l’UE 28. Depuis 2013, les dépenses de santé sont dynamiques au sein des pays de l’OCDE. Sur cette période, la France et l’Italie connaissent une hausse de leurs dépenses d’environ 2 % en moyenne par an. Celles-ci ont progressé d’environ 4 % par an en Allemagne et aux États-Unis, un pays où les dépenses de santé atteignent pourtant 16,9 % du PIB.


Référence