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La pauvreté est restée stable en 2020

mercredi 24 novembre 2021

Deux études, une de l’INSEE, l’autre du Comité d’évaluation de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté font un premier constat : « En 2020, le taux de pauvreté monétaire serait resté stable, avec 14,6 % de la population (9,1 millions de personnes), percevant moins de 60 % du revenu médian (1 063 euros mensuels), soit le même taux qu’en 2019 ». Si, pendant le Covid, la pauvreté n’a pas explosé, cela ne veut pas dire que certaines situations de pauvreté ne se sont pas aggravées à la faveur de la crise car un seul indicateur ne peut pas rendre compte d’une réalité sociale ou économique de la pauvreté. Certains redoutent un retour à « la normale en trompe l’œil » dans l’attente de la levée des dispositifs exceptionnels qui permettent de faire ce constat monétaire, peut-être provisoire.

Bilan du confinement

  • En avril 2020, un surcroît de 27 000 décès est survenu (+27 % par rapport à 2019.
  • L’Île-de-France, le Grand Est ont été les régions les plus affectées.
  • Les personnes les plus âgées, celles nées à l’étranger et celles habitant dans les communes les plus pauvres et les plus denses ont été les plus touchées.
  • Les risques d’exposition au virus varient selon les milieux sociaux : ouvriers et employés ont dû se rendre au travail à l’extérieur, les personnes les plus modestes vivent souvent dans des communes denses et des logements surpeuplés. De plus beaucoup de ces personnes souffrent d’obésité ou de pathologies associées à un risque de Covid.
  • 715 000 emplois ont été détruits au premier semestre 2020, en premier lieu dans l’intérim. Cependant la majorité de la chute de l’activité économique provient des personnes en activité partielle.
  • Les élèves de milieu modeste ont plus souvent rencontré des difficultés matérielles ou pour se faire aider par leurs parents.
  • Pendant le confinement, plus de personnes ont pratiqué la musique, la danse, le dessin, la peinture et la sculpture, le montage audio ou vidéo ou encore des activités scientifiques.

État des lieux des effets sociaux de la crise sanitaire

  • Les inégalités sociales face à l’épidémie durant le premier confinement sont confirmées (lieu de résidence, logement, emplois occupés, accès aux mesures de protection, dégradation de leurs conditions de vie dès le premier confinement, perte d’emploi précaire, risque de santé, difficulté familiale devant les fermetures d’école…).
  • La situation économique et sociale actuelle est meilleure que celle attendue mais la dégradation financière a touché plus particulièrement les ménages en activité partielle (ouvriers et employés).
    Les Clés du social : https://www.clesdusocial.com/les-residents-des-quartiers-de-la-politique-de-la-ville-sortent-de-la-crise-plus-vulnerables
  • La situation actuelle sur le marché du travail se rapproche de celle d’avant-crise, elle n’est pas marquée par une hausse du chômage.
    Les Clés du social : https://www.clesdusocial.com/fin-juin-2021-l-emploi-salarie-depasse-son-niveau-d-avant-covid
  • En 2020, hors mesures exceptionnelles, la redistribution opérée par le système socio-fiscal serait de même ampleur qu’en 2019.

Les pouvoirs publics ont engagé des moyens financiers considérables

Les aides exceptionnelles ont :

  • Permis le maintien des revenus des salariés par le financement de l’activité partielle ainsi que le maintien des droits pour les allocataires de l’assurance chômage ;
  • Eu un net effet à la baisse sur les inégalités de revenus et le taux de pauvreté monétaire par le droit à certaines prestations sociales (RSA, AAH, Parent isolé, CSS-complémentaire santé solidaire…) maintenues par dérogation et les aides exceptionnelles versées dans le courant de l’année 2020 pour les familles les plus précaires ;
  • Soutenu les jeunes (aides pour l’emploi), les indépendants (fonds de solidarité, report des cotisations). Elles ont contribué à limiter leurs pertes de niveau de vie ;
  • L’aide aux associations leur a permis de jouer un rôle essentiel pour répondre aux besoins révélés par la crise.

Si la situation économique et sur le marché de l’emploi s’annonce meilleure que prévu, plusieurs inquiétudes demeurent

  • La crise a entraîné une hausse du nombre de personnes en situation de précarité et de nouveaux publics sollicitent les services sociaux (autoentrepreneurs, travailleurs indépendants, travailleurs précaires, étudiants…).
  • Le mécanisme provoqué par la crise entraine l’arrivée de nouveaux publics aux aides sociales, précipite dans la pauvreté des personnes qui y étaient proches (demandeurs d’asile, étrangers résidant depuis moins de 5 ans).
  • C’est aussi le cas des personnes invisibles (sortants de prison, prostituées, sorties « sèches » de l’ASE-aide sociale à l’enfance, toxicomanes, etc…).

Nouveaux comportements confirmés

  • La hausse du recours à l’aide alimentaire et l’arrivée d’un nouveau public dans les centres de distribution.
  • La baisse des revenus pour les jeunes (effondrement du taux d’emploi pour les jeunes en emploi de courte durée ou précaire, même si aujourd’hui le taux d’emploi des jeunes a retrouvé son niveau d’avant crise).
  • Impact de la crise sur la santé mentale (plus d’un jeune de 15 à 24 ans sur 5 présente un syndrome dépressif en 2020, soit le double qu’en 2019).
  • Les inégalités éducatives du 1er confinement sont confirmées.

D’autres inquiétudes ne sont pas confirmées

  • Pas de progression du RSA, stabilité.
  • Pas de hausse des impayés locatifs.
  • On manque encore de données pour l’évaluation de la pauvreté en conditions de vie entre 2019 et 2020. On manque d’analyses qualitatives.

Les responsables de l’étude demandent des approfondissements ou une meilleure identification

  • Le besoin d’avoir des données qualitatives sur les emplois obtenus par les chômeurs et les personnes sortant de formation : durée du contrat, nature du contrat, nombre d’heures, emplois choisis ou non.
  • Des données sur l’impact en termes d’isolement et d’absence de mobilité pour les habitants vivant dans les zones rurales ayant un faible taux d’équipement : transports, accès aux médecins, aux magasins, services…
  • Une évaluation de l’évolution de la santé mentale de la population, en particulier celle des jeunes en décrochage scolaire et les personnes souffrant d’addictions.

Les services statistiques français se sont mobilisés pour avoir rapidement des chiffres pour éclairer la situation du pays. L’INSEE a pratiqué une étude par micro-simulation. Cette étude exclut les revenus issus du travail informel. L’étude confirme que le taux de pauvreté monétaire est resté stable. Les mesures exceptionnelles de protection ont contenu l’explosion de la pauvreté qui aurait augmenté de 0,6 point sans ces mesures. Si la pauvreté n’a pas augmenté, c’est l’intensité de la pauvreté qui a augmenté.


Références