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La ségrégation résidentielle recule en France, à l’exception de Paris

mercredi 25 novembre 2020

Une étude de France Stratégie s’interroge sur les évolutions de la ségrégation résidentielle en France de 1990 à 2015 en examinant comment l’espace urbain est peuplé et où se trouvent les concentrations les plus importantes en termes de population ou de catégories sociales. En fait les Français sont mieux répartis sur les territoires urbains en 2015 qu’en 1990, sauf autour de Paris.

Une question de définition

La ségrégation résidentielle est l’inégale répartition dans l’espace urbain de différentes catégories de population. Elle peut résulter de choix individuels, motivés par la recherche d’un entre soi, ou de phénomènes de relégation, liés notamment au prix des logements. Il n’y a là rien de nouveau dans l’histoire millénaire des villes car une certaine spécialisation sociale des quartiers a toujours existé. Mais l’aggravation de ce phénomène ou la perception d’une aggravation suscite parfois l’inquiétude. Car il pourrait avoir comme conséquence l’émergence de sociétés parallèles ou opposées entre elles et fermées au vivre ensemble.

Des thèmes très présents dans le débat public

L’actualité récente montre que les débats sur la ghettoïsation et ses conséquences sociales et politiques, la mixité sociale ou la gentrification sont très présents dans le débat public. Il convenait donc de cerner avec le plus de précision possible la réalité de la ségrégation résidentielle au fil des ans pour France Stratégie, organisme gouvernemental de réflexion.

55 unités urbaines passées au crible

Les chercheurs ont examiné les 55 unités urbaines de plus de 100 000 habitants que compte notre pays et épluché leurs recensements entre 1990 et 2015. La conclusion peut surprendre au regard de l’âpreté de certains débats politiques et de certains évènements récents comme la crise des gilets jaunes mais, hormis dans l’agglomération parisienne, la ségrégation résidentielle n’a pas augmenté.

Et ce alors même que la population française a évolué dans la période considérée. Ainsi, la part des cadres et des chefs d’entreprise parmi les actifs de 25 à 54 ans a progressé de 15 % à 22 % et celle des employés et ouvriers est passé de 45 % à 39 %. Finalement, la ségrégation résidentielle a même baissé pour les cadres et pour les immigrés d’origine extra-européenne, désormais mieux répartis entre quartiers qu’en 1990.

La ségrégation résidentielle touche surtout les riches et… les immigrés

Il y a en France douze quartiers où les 5 % les plus aisés de chaque agglomération constituent plus de 40 % de la population, un à Villeneuve-d’Ascq (Nord) dans l’agglomération de Lille, un autre à Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime) dans celle de Rouen, huit à Paris intra-muros et deux à Neuilly (Hauts-de-Seine) »

, a précisé M. Dherbécourt un des auteurs de l’enquête. Paris et l’Île de France se caractérisent par une surreprésentation des cadres.

Les immigrés d’origine européenne ont un indice de ségrégation faible et stable dans le temps. Ceux d’origine extra-européenne, et surtout leurs enfants, sont nettement plus ségrégés, mais moins en 2015 qu’en 1990.

Le parc HLM

Le parc HLM apparaît moins inégalement réparti sur le territoire en 2015 qu’en 1990, avec un indice de ségrégation qui baisse de dix points de pourcentage en moyenne. Pour les auteurs, cela suggère que la diffusion du logement HLM s’est faite à la fois entre les communes des unités urbaines et à l’intérieur de ces communes.

La baisse de la ségrégation du parc de logements HLM s’observe dans toutes les unités urbaines sans exception, même si l’ampleur de cette diminution peut varier d’une ville à l’autre, Toulouse, Montpellier, Bayonne, Valenciennes, Annemasse, Perpignan ou La Rochelle se distinguent par une baisse particulièrement forte. Néanmoins, certaines unités urbaines se distinguent toujours, en 2015, par des indices de ségrégation des HLM particulièrement élevés : Besançon, Creil, Marseille, Nice, Poitiers, Strasbourg, Toulon.

En guise de conclusion, les niveaux de ségrégation constatés en France sont en moyenne stables pour ce qui est de la catégorie sociale, et en diminution pour ce qui est de l’origine migratoire. Même si l’étude a pu constater des concentrations plus fortes de cadres ou d’immigrés d’origine extra-européenne dans certains quartiers. Mais ces phénomènes sont minoritaires. L’unité urbaine de Paris continue à se distinguer.


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