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Les étudiants jugent les syndicats indispensables mais…

samedi 15 janvier 2022

L’enquête annuelle de 2021 de Réalités du dialogue social [1] confirme globalement les constats effectués l’an passé sur la perception qu’ont les étudiants du dialogue social. Ils jugent les syndicats indispensables dans toutes les entreprises mais en ont une image plutôt contestataire alors qu’ils en attendent plus d’écoute et de proximité pour résoudre les problèmes des salariés. Pour améliorer les relations sociales dans les entreprises, ils privilégient la relation directe direction-salariés à la discussion entre les syndicats et l’employeur et l’idée d’un dialogue constructif au sein des entreprises ne recueille que peu d’adeptes.

Le dialogue social fonctionne mal

Pour 63 % des 200 étudiants interrogés lors cette enquête, le dialogue social fonctionne mal en France. C’est un peu moins que l’an passé et surtout qu’en 2019 (85 %) après l’épisode des gilets jaunes et alors que se profilait le conflit des retraites. Les relations entre employeurs sont considérées comme distantes pour 61 % des étudiants, compliquées pour 50 % et conflictuelles pour 39 %. Les qualificatifs positifs, fluides, équilibrées et constructives, n’obtiennent respectivement que 2 %, 12 % et 20 %.

Une vision contestataire et peu efficace des syndicats

Le syndicalisme est principalement associé à des qualificatifs velléitaires : « défense », « grève », « CGT », « revendications ». Les termes « discussion », « dialogue », « équilibre », « travail » sont peu utilisés par les étudiants quand ils parlent des syndicats. La grève est considérée à 80 % comme « une tradition française » et constitue un échec pour 60 % des étudiants.

51 % des répondants expliquent la faible syndicalisation par le fait « qu’ils n’obtiennent plus gain de cause quand ils se mobilisent ». Pour près d’un quart d’entre eux, les syndicats refusent les évolutions des entreprises ou ne comprennent pas les préoccupations des salariés. Toutefois, ils en rejettent aussi la responsabilité sur les employeurs qui, pour 31 % des étudiants, ne respectent pas la liberté de se syndiquer.

Les étudiants semblent plus partagés que l’an passé pour considérer que les mouvements de citoyens sont plus efficaces que les syndicats pour obtenir des droits. Ces mouvements de citoyens seraient plus efficaces pour 48 % d’entre eux alors qu’ils n’étaient que 36 % en 2020.

Quand on les interroge sur le niveau où naissent les avancées sociales, ils mettent en tête la branche professionnelle (52 %), ensuite l’État (46 %) et plus loin derrière l’entreprise (30 %), laissant de côté les niveaux européens (18 %) et international (8%).

Les attentes des étudiants envers les organisations syndicales

Malgré cette vision plutôt négative, les étudiants n’en considèrent pas moins qu’on a besoin des syndicats dans toutes les entreprises (76 %) et ce quelle que soit la qualité des relations sociales. Ils sont aussi 58 % à penser qu’ils doivent se préoccuper de la stratégie de l’entreprise contrairement aux activités sociales et culturelles (29 % seulement).

Ils ont finalement des attentes assez traditionnelles des organisations syndicales : en premier les conditions de travail (80 %), la défense et la construction des droits 71 %, l’aide et le conseil juridique (56 %) et l’emploi (55 %). Plus surprenant, ils mettent au second plan la question des rémunérations (40 %). Ils sont nombreux à demander « qu’ils soient à l’écoute des attentes collectives des salariés avant de négocier » pour 71 % d’entre eux.

Leur vision des relations sociales dans l’entreprise

De bonnes relations sociales dans l’entreprise servent à développer un climat social apaisé pour 87 % des répondants, mais aussi permettent d’améliorer la performance de l’entreprise (79 %). Ils savent à plus de 80 % que les relations sociales occuperont une place importante dans leur activité et ils se disent majoritairement bien préparés (63 %).

Pour les étudiants, la conduite du dialogue social est d’abord du domaine des managers (56 %), c’est-à-dire pour eux les plus proches du terrain, devant les DRH (24 %) et les syndicats (14 % seulement). La construction des relations sociales doit se faire par l’organisation de réunions entre la direction et les équipes (71 %), des échanges informels (54 %), la consultation régulière des salariés par référendum (49 %) autant que discuter avec les syndicats. Le management participatif ou les échanges constructifs ne semblent recueillir que peu d’adeptes.

Les étudiants centrés sur leurs préoccupations personnelles

L’entrée dans la vie active est une source d’inquiétude pour 39 % des étudiants interrogés. Ils sont toutefois presque aussi nombreux à être confiants (35 %). Pour postuler dans une entreprise, ils s’attacheront à regarder la qualité des conditions de travail (77 %), l’intérêt et le sens de la mission proposée (67 %) et l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle autant que la rémunération (58 %). Les critères collectifs tels que le climat social (37 %) ou les responsabilités environnementales de l’entreprise (21 %) ou encore la qualité du dialogue social (18 %) sont moins mis en avant.

Au final, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour développer chez nos futurs cadres une vision du dialogue social plus positive. Cela passe par une formation des étudiants dans leur cursus aux clés du dialogue social : un échange constructif entre employeurs et syndicats proches des réalités de terrain, qui n’exclut pas les rapports de force mais qui se résolvent par la négociation. Mais cela passe bien sûr aussi, dans les entreprises, par la volonté des acteurs de développer ce type de relations sociales.


Source

Déjà paru dans Clés du social


Notes :

[1Enquête réalisée en ligne entre mai et octobre 2021 par Réalités du dialogue social en partenariat avec Ouest-France, le Drenche (Contre les idées reçues et pour une opinion éclairée) auprès de 198 étudiants en majorité de 18 à 22 ans (60 %) à moitié avec bac de 1 à 3 et 45 % en master et 5% au-delà, la majorité à l’Université et les autres en écoles d’enseignement supérieur. 93 % ont déclaré avoir eu une expérience en entreprise