1. Accueil
  2. > Conditions d’emploi
  3. > Egalité professionnelle
  4. > Les femmes souffrent plus de la crise sanitaire que (...)

Les femmes souffrent plus de la crise sanitaire que les hommes

samedi 24 avril 2021

Alors que la France renoue avec un nouveau confinement et ses contraintes, de nombreux rapports alertent sur le fait que la crise sanitaire risque de faire reculer les progrès en cours et les objectifs d’égalité entre femmes et hommes. Les femmes au travail, plus que les hommes, pourraient être les grandes perdantes si les entreprises et les pouvoirs publics ne traitent pas de cette question. D’ores et déjà les syndicats français se battent pour les salariés de la deuxième ligne, très majoritairement des femmes, et se sont exprimés collectivement sur cet enjeu. Mais ce problème ne se limite pas à la France, il est mondial. Explications.

Un an de crise accentue les inégalités femmes-hommes

Les femmes sont les premières touchées par les impacts économiques de la crise engendrée par la pandémie de Covid-19, du fait de leur surreprésentation dans les métiers les plus précaires et trop souvent peu valorisés. Une injustice et un paradoxe alors même qu’elles sont en première ligne de la réponse à la crise sanitaire, occupant la majorité des emplois du secteur du soin et ceux de la deuxième ligne (caissières, aides à domicile…). Dans ce contexte, les mères isolées sont dans une situation d’encore plus grande vulnérabilité.

Le problème est mondial

D’après le cabinet Equileap qui a recueilli des données sur plus de 3 700 entreprises d’une capitalisation supérieure à deux milliards de dollars dans 23 pays développés, l’impact sur les femmes se lit à travers toutes les facettes de leur vie professionnelle et personnelle :

  • Pour 82 % des femmes leur vie a été négativement impactée par le Covid-19.
  • 60 % des femmes du secteur privé ont confiance en leur avenir professionnel, soit 15 % de moins que les hommes.
  • 41 % des femmes affirment ressentir de l’anxiété contre 29% des hommes.

Dans ce rapport publié le 4 mars 2021, les femmes indiquent qu’en 2020, elles ont dû s’occuper davantage des enfants à cause de la fermeture des établissements qui les accueillent et ont subi une hausse des violences conjugales. En conséquence, une femme sur quatre aux États-Unis envisage de revoir à la baisse ses ambitions professionnelles ou de ne plus travailler. En France, pendant le premier confinement, les femmes ont, deux fois plus souvent que les pères, renoncé à travailler pour garder les enfants d’après l’INSEE.

Un rapport récent du Forum économique mondial sur les inégalités de genre confirme que les femmes ont perdu leur emploi davantage que les hommes (5 % contre 3,9 % chez les hommes, selon l’OIT) et ont subi plus fortement les conséquences psychologiques de la pandémie. Les données du Forum concernent 156 pays. Le rapport s’inquiète du recul qu’il évalue à une génération. Pour Saadia Zahidi, membre du comité exécutif du Forum économique mondial, et s’appuyant sur les chiffres de l’Organisation internationale du travail, « la pandémie a eu un impact fondamental sur l’égalité femmes-hommes, tant sur le lieu de travail qu’à la maison, faisant reculer des années de progrès ».

Comment lutter ?

L’ONG Oxfam, l’ONU Femmes comme les syndicats français réclament des plans de relance prenant en compte les questions de genre pour lutter contre ces inégalités.
Pour Oxfam, des solutions existent :

  • Proscrire les mesures d’austérité brutales et non durables qui impactent plus fortement les femmes et investir dans des services publics de qualité, tels que la santé et l’éducation, et la protection sociale, puissants correcteurs des inégalités ;
  • Revaloriser la rémunération des métiers à prédominance féminine ;
  • Mettre en place des politiques publiques qui déchargent les femmes du travail domestique comme, selon les pays, des crèches ou l’accès à l’eau ;
  • Lutter contre les inégalités salariales et la sous-représentation des femmes dans les sphères de pouvoir.

En France, sept syndicats, la CFDT, la CFE-CGC, la CGT, FO, la FSU, Solidaires et l’UNSA ont interpellé gouvernement et patronat à l’occasion du 8 mars.

Ils réclament en particulier que :

  • Les salaires des métiers à prédominance féminine soient revalorisés et que la loi qui garantit un salaire égal pour un travail de valeur égale soit appliquée.
  • Les aides aux entreprises soient conditionnées et que le plan de relance permette de lutter contre la pauvreté, les contrats précaires et à temps partiel et les licenciements, qui frappent de nombreuses femmes.
  • L’index d’égalité salariale soit corrigé pour permettre de supprimer effectivement les écarts de rémunération.
  • Les services publics soient renforcés.

Pour ces organisations, « l’égalité entre les femmes et les hommes est l’un des leviers de sortie de crise indispensable ».


Sources

  • Global Gender Gap Report 2021 | Forum Économique Mondial
    (weforum.org)