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Quelles sont les évolutions récentes des conditions de travail et des risques psychosociaux ? De l’intensité du travail

mercredi 3 juillet 2019

Les enquêtes « Conditions de travail » menées depuis 1978 permettent de cerner au plus près le travail tel qu’il est perçu par les travailleurs. L’enquête « conditions de travail–risques psychosociaux » de 2016 s’articule avec l’enquête conditions de travail, tous les 3 ans en alternance. Les principaux thèmes abordés dans le volet « individus » sont les horaires et l’organisation du temps de travail, l’organisation et les rythmes de travail, les pénibilités, les risques et leur prévention, les contraintes psychosociales, les relations avec le public, la violence au travail.

La comparaison des enquêtes Conditions de travail de 2005 et 2013 a mis en évidence des évolutions très marquées : l’intensité du travail a fortement augmenté entre 2005 et 2013. Ces tendances se sont-elles poursuivies en 2016 ?

Les sept contraintes de rythme : déplacement automatique d’une pièce ou cadence automatique d’une machine, d’autres contraintes techniques, dépendance immédiate vis-à-vis du travail d’un ou plusieurs collègues, normes de production ou des délais à respecter en une heure au plus, demande extérieure (clients, patients, public) obligeant à une réponse immédiate, contrôle ou suivi informatisé, contrôles ou surveillances permanents (ou au moins quotidiens) exercés par la hiérarchie.

Après une période d’augmentation, l’exposition aux contraintes de rythme sur le travail se stabilise : en 2016 comme en 2013, 35 % des salariés subissent au moins trois contraintes de rythme de travail parmi sept. Cependant la hausse se poursuit pour les ouvriers non qualifiés (de 46 % à 49 %). Les « normes de production à satisfaire en une journée ou plus » sont la seule contrainte de rythme qui continue d’augmenter, passant de 46 % de salariés concernés en 2013 à 48 % en 2016.

Les contraintes de vigilance continuent de s’accroître : en 2016, 43 % des salariés déclarent ne pas pouvoir quitter leur travail des yeux, soit quatre points de plus qu’en 2013.

Le travail dans l’urgence continue à augmenter et particulièrement pour les femmes : elles sont plus nombreuses à « devoir fréquemment abandonner une tâche pour une autre plus urgente » (68 % en 2016 contre 65 % en 2013). Cette hausse s’observe surtout pour les employés administratifs (+3 points), les professions intermédiaires et les employés de commerce et de services (+2 points), catégories où les femmes sont plus nombreuses.

De plus en plus de salariés sont en contact avec le public : 73 % en 2016 contre 62 % en 1998. Ce contact engendre souvent de l’intensité émotionnelle au travail : 46 % des salariés déclarent côtoyer « des personnes en situation de détresse » et 54 % disent devoir « calmer des gens », deux chiffres en légère hausse entre 2013 et 2016. La proportion de salariés disant « vivre des tensions avec le public » demeure quasi stable.

La pression temporelle ressentie se tasse légèrement avec notamment le Plan Santé Travail n° 3 (2015-2019) et l’accord national interprofessionnel sur la Qualité de vie au travail (2013) : 45 % des salariés disent devoir se dépêcher « toujours ou souvent », soit un point de moins qu’en 2013. Cet indicateur est en recul pour toutes les catégories socioprofessionnelles, sauf les ouvriers non qualifiés : 43 % d’entre eux déclarent se dépêcher « toujours ou souvent » contre 41 % en 2013.

Une charge mentale en baisse. La stabilisation de l’intensité du travail s’accompagne d’une réduction de la charge mentale. En 2016, 44 % des salariés déclarent « devoir penser à trop de choses à la fois » contre 49 % en 2013. Ce recul s’observe pour toutes les catégories socioprofessionnelles, particulièrement pour les ouvriers qualifiés (-7 points), les professions intermédiaires et les cadres (- 6 points). Ces derniers restent néanmoins les plus nombreux (57 %) à devoir « penser à trop de choses à la fois ». Les femmes sont également plus nombreuses dans ce cas (47 % contre 40 % des hommes), même à catégorie socioprofessionnelle identique. Enfin, 31 % des salariés déclarent travailler sous pression, alors qu’ils étaient 36 % en 2013. Cette baisse est particulièrement importante chez les cadres, passant de 51 % en 2013 à 43 % en 2016.

Des horaires un peu moins contraignants. Les contraintes horaires sont stables, une légère amélioration est même observée : les salariés sont un peu moins nombreux en 2016 qu’en 2013 à ne pas disposer de 48h de repos par semaine, à ne pas connaître leurs horaires du mois à venir ou encore à ne pas pouvoir s’arranger avec leurs collègues. Peu de changements également pour le travail du samedi, du dimanche ou de nuit, même si les ouvriers non qualifiés sont plus nombreux à travailler le dimanche en 2016 qu’en 2013 (23 % contre 17 %). Ces horaires de travail atypiques sont plus fréquents chez les employés de commerce : 62 % travaillent le samedi et 45 % le dimanche. C’est toutefois deux points de moins qu’en 2013, malgré la loi du 6 août 2015 « pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques » qui a élargi les possibilités d’ouverture des commerces le dimanche dans les zones touristiques.

En 2016, les expositions aux contraintes et risques physiques se stabilisent pour toutes les catégories socioprofessionnelles, les ouvriers restant les plus exposés à ces contraintes. 34 % des salariés demeurent soumis à au moins trois contraintes physiques, 18 % à un bruit intense qui les gêne pour entendre une personne située à 3 mètres. Enfin, 29 % des salariés déclarent être en contact avec des produits dangereux, soit 2 points de moins qu’en 2013. Peu de cadres (13 %) sont concernés, mais 54 % des ouvriers non qualifiés, avec une hausse de 3 points pour cette catégorie. De même, 10 % des salariés estiment devoir « faire toujours ou souvent des choses qu’ils désapprouvent » en 2016 comme en 2013. Cependant les salariés signalent moins souvent « devoir cacher leurs émotions ».

L’intensité du travail et les comportements hostiles sont associés à l’insécurité socio-économique, que celle-ci résulte de la crainte pour son emploi ou des changements organisationnels. En 2016 (comme en 2013), un salarié sur cinq déclare « craindre pour son emploi dans l’année qui vient ». Cette incertitude sur l’emploi est associée à une plus forte intensité du travail.

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