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Qui sont les aidants, quels sont leurs besoins ?

samedi 16 octobre 2021

Le Groupe BPCE et son Observatoire nous livrent la première étude sur l’économie des aidants en France intitulée « Le temps des aidants ». Son objectif est de mieux comprendre qui ils sont, quel est l’écosystème qui se met en place autour de l’aidé afin d’essayer de trouver des solutions et anticiper l’avenir. Comment passer d’une relation privée au sein d’une famille à un enjeu de société dans toutes ses dimensions : sociétale et économique ?

Deux enquêtes inédites

  • Une large enquête quantitative auprès de 1 216 aidants et de 2 025 Français de plus de 15 ans, menée avec l’Institut BVA en septembre 2020.
  • Une enquête qualitative menée avec le CREDOC auprès de 30 aidants ou anciens aidants.

Définition de l’aidant pour l’Observatoire

Est « aidant » toute personne (non professionnelle) apportant de l’aide à un proche qui rencontre des difficultés dans sa vie quotidienne en raison de son état de santé, d’un handicap ou de son âge. Il peut s’agir d’une aide pour des actes de la vie quotidienne, d’un soutien matériel ou financier, ou encore d’un soutien moral. Cette aide est apportée au moins une fois par semaine et représente au moins trois heures hebdomadaires. Le poids de l’aide repose encore majoritairement sur les femmes.

De la relation privée à l’enjeu de société

Les évolutions démographiques à venir sont bien connues désormais et les enjeux de la fin de vie sont inscrits dans les agendas politiques. On mesure tous les jours, et encore récemment avec le retard pris pour la mise en place d’une loi Dépendance, combien l’équilibre économique de la prise en charge de la perte d’autonomie est difficile à trouver. Cela ne donne que plus de relief au rôle et aux efforts des proches aidants. On l’a encore vu pendant la pandémie. D’après l’étude, près de 29 % des plus de 15 ans aident un proche dépendant. C’est un groupe hétérogène mais pour Alain Tourdjman, directeur des études et prospective du groupe BPCE, « avec 15 millions d’aidants parmi toutes les classes d’âge et de statut social, le phénomène a désormais atteint une masse critique ».

La place des aidants dans notre société

L’enquête étudie la place des aidants dans notre société et l’engagement croissant des pouvoirs publics et des employeurs. On peut citer le récent congé de proche aidant rémunéré. L’étude explore aussi la diversité des situations d’aide et relève cinq groupes d’aidants :

  • Les Dédiés (6 %) se consacrent quasiment à temps plein à l’accompagnement de leur proche, souvent un enfant ou un conjoint, avec un vécu positif qui s’ancre dans la relation affective.
  • Les Submergés (20 %) constituent le groupe le plus à risque : ce sont les aidants, souvent des femmes, qui vivent très difficilement leur situation aggravée par le manque de ressources financières.
  • Les Sereins (25 %) ont trouvé une forme d’équilibre malgré la perte d’autonomie parfois lourde de leur proche, grâce à des ressources relationnelles et financières solides, et le recours plus fréquent à des aides professionnelles ; ce sont davantage des hommes et des actifs, notamment des cadres ; leur vécu est positif.
  • Les Épanouis (16 %) sont ceux dont le vécu est le plus positif, porté par un sentiment d’utilité, voire de fierté.
  • Les Veilleurs (33 %) accompagnent un parent très âgé (principalement à travers une surveillance plus ponctuelle) ; le vécu est mitigé car les aidants, eux-mêmes âgés, s’interrogent sur les conséquences futures de l’avancée en âge.

L’argent omniprésent mais tabou

L’étude met le projecteur sur l’argent dans la relation d’aide. Malgré son importance, les auteurs montrent que les pratiques relèvent généralement de l’informel, qu’il s’agisse d’argent au quotidien ou de patrimoine. Ainsi le rôle économique que peut jouer un aidant est souvent minimisé. D’après l’étude, si 80 % des aidants ont au moins une préoccupation financière forte, 59 % prennent en charge des dépenses ou apportent un soutien financier à la personne qu’ils aident. 27 % le font de façon régulière et 32 % de façon ponctuelle.

Pour la majorité des aidants, le coût s’avère supportable (54 %), mais la situation est tendue dans 7 % des cas. « L’aide médiane est autour de 120 euros par mois mais dans 30 % des cas elle dépasse 250 euros, notamment quand la personne aidée est accueillie en établissement », pour l’Observatoire BPCE.

La mise en place d’un véritable écosystème autour de la personne aidée

En moyenne, pour une personne aidée, dont l’âge moyen est de 75 ans, le nombre d’aidants est de 1,9. Plus de la moitié des aidants (54 %) déclarent exercer leur rôle avec d’autres co-aidants, alors que 46 % estiment qu’ils l’assument seuls. Par ailleurs, une aide professionnelle intervient au domicile dans 56 % des cas.

Conclusion

On peut se féliciter du basculement des perceptions sur le rôle des aidants dans notre société. On passe d’une relation « naturelle » à une reconnaissance sociétale. Ce phénomène massif, qui touche toutes les catégories de population, mérite que soit développé l’écosystème de l’aide et la valorisation des parcours des aidants. L’Observatoire conclut que ces constats « plaident pour une approche ouverte et pragmatique, l’enjeu n’est pas tant de définir les aidants - c’est l’écueil possible de la création d’un statut - que de créer un écosystème d’acteurs et de dispositifs susceptibles de s’adapter à cette pluralité et d’identifier les situations les plus à risque ».

Un accord innovant pour les salariés de la Sécurité sociale

L’UCANSS, l’Union des caisses nationales de la sécurité sociale et tous les syndicats représentatifs viennent de signer un accord unanime pour faciliter la vie des salariés aidants travaillant dans les organismes de Sécurité sociale. Un exemple de la richesse que peut apporter le dialogue social en la matière.

  • Tous les salariés auront accès à un dispositif de sensibilisation et à un diagnostic de la situation de proche aidant.
  • Les salariés bénéficiaires d’un congé légal bénéficieront d’un complément pour assurer le maintien de leur rémunération.
  • Ces mêmes salariés et ceux s’occupant d’un proche (perte d’autonomie ou handicap) bénéficieront aussi d’un panier de services.
  • L’accord invite les employeurs locaux à aménager les horaires ou la charge de travail. 20 jours d’absence non rémunérées par an pourraient être accordés.
    L’accord est conclu pour 3 ans. Il s’appliquera à compter du 1er janvier 2022.

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