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Retraites , analyse de l’action du 10 septembre

samedi 14 septembre 2013

Le relatif échec de la journée nationale d’action du 10 septembre contre la réforme de la retraite doit faire réfléchir. Pourquoi trois organisations nationales interprofessionnelles qui rassemblent presque 50% des voix aux élections professionnelles, avec le concours du premier syndicat enseignant et de deux organisations de jeunes, ne sont-elles pas parvenues à mobiliser 500 000 personnes ? Il s’agit ici de la plus maigre mobilisation intervenue sur le thème de la retraite depuis des années alors que les précédentes avaient réuni des centaines de milliers de personnes. La mobilisation s’est réduite au noyau militant des organisations.

Plusieurs explications sont possibles.


La première est que de nombreux adhérents ont estimé que les modifications décidées par le gouvernement n’étaient pas de nature à justifier une telle réaction. La presse a commenté sans excès les projets et a parlé de réformette, et les adhérents ont pu être sensibles à ces commentaires prudents …et les militants ont assuré une sorte de service minimum.

La seconde explication pourrait être que les adhérents ont douté de l’efficacité de ce mode d’action. Le thème des retraites a entraîné bien des manifestations ces dernières années et un phénomène d’usure a pu alors jouer. Et ce d’autant que la plupart de ces manifestations n’ont pas obtenu de sérieuses modifications dans les décisions gouvernementales. L’usure et le doute sur l’efficacité de la réaction ont alors pesé sur la mobilisation.

Une troisième raison peut se trouver dans les réponses des Français aux sondages sur les retraites : sensibles au mauvais état actuel des régimes de retraites et ils sont plus de la moitié à accepter un allongement de la durée de cotisations (http://clesdusocial.com/les-francais-prets-a-43-ans-de-cotisations).

On peut aussi s’interroger sur le processus de décision de cette initiative.
Ce sont les responsables nationaux qui ont opté pour une telle réaction et ce avant même de connaître le détail des mesures. Les cadres intermédiaires, les militants appelés à manifester ont-ils été interrogés, consultés ? Certes des réunions ont été organisées, mais ont-elles été productives ? N’y a-t-il pas une réflexion à mener sur les modes d’action syndicale et la gestion participative des organisations tenant compte de l’évolution des cultures individuelles, le risque étant que le rituel l’emporte sur la rénovation des modes d’action.

On peut enfin poser la question de la raison qui explique pourquoi les responsables nationaux n’ont pas entendu les réticences de leur base ? De quelle sorte de surdité peut-il s’agir ?
Ou alors pourquoi, connaissant cette réticence, ont-ils maintenu un mot d’ordre qu’ils savaient risqué ? Des raisons de cohésion interne, de leadership à asseoir ? Car, il apparaît un peu surprenant de ne pas renoncer à une manifestation alors qu’on sait que les troupes suivront difficilement.

Il faut souhaiter que les organisations impliquées dans ce flop en tirent les leçons. L’échec peut servir si on en cherche les raisons. Car de tels ratés ont un impact sur l’image, sur la représentation de tout le syndicalisme par la société. Une démonstration de faiblesse n’aide pas un syndicalisme déjà peu solide. Le droit de manifester, de critiquer, de s’opposer reste intact sous réserve de s’en servir à bon escient.