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Baromètre Syndex-Ifop 2023 : dialogue social, des élus déterminés mais toujours insatisfaits

mercredi 7 février 2024

Comme chaque année, le cabinet Syndex, un de nos partenaires, a présenté son baromètre annuel [1] sur l’état d’esprit et les perceptions des salariés, des représentants du personnel et des directions sur le dialogue social dans leur entreprise. Les représentants du personnel paraissent plus motivés et déterminés que les années précédentes. Ils n’en restent pas moins mécontents de l’exercice de leur mandat. Comme les années précédentes, il y a un profond décalage entre la perception qu’ont d’une part les directions et d’autre part les salariés et encore plus leurs représentants sur la qualité du dialogue social.

Climat social : entre motivation, inquiétude et mécontentement

Les élus d’entreprises sont 67 % à se déclarer déterminés (+5 points par rapport à 2022) et 65 % motivés (+9 points), en nette hausse par rapport aux années précédentes. C’est probablement l’impact de la mobilisation contre la réforme des retraites mais aussi l’approche du renouvellement des CSE qui expliquent cette évolution. 54 % se disent tout de même inquiets, 36 % déçus et 22 % en colère.

Les représentants du personnel jugent toujours la direction opportuniste (57 % ; +3 pts par rapport à 2022) et tendue (51 %, -3 pts), fermée (45 %, -1 pt) et attentiste (45 %, égal) à l’égard du CSE. Ils sont moins nombreux à donner des qualificatifs plus positifs : 38 % à l’écoute et 23 % ouverte.

Les représentants du personnel ont une appréciation plus négative que l’an passé des conditions d’exercice de leur mandat. Que cela soit l’appréciation qu’ils ont de leur poids vis-à-vis de la direction, de la charge de travail excessive, de la moins bonne prise en charge des réclamations individuelles et collectives ou celle des enjeux de santé au travail, ou de la diminution des moyens, ou de la proximité avec les salariés, toutes leurs réponses sont plus négatives cette année, parfois de façon significative.

Une insatisfaction qui provoque un manque d’attractivité certain de la fonction alors que pour 69 % des représentants du personnel il n’y a pas eu de renégociation récente des moyens du CSE. Au moment de l’enquête, 76 % des CSE étaient en phase de renouvellement ou renouvelés récemment. À cette occasion, 93 % des représentants du personnel interrogés rencontraient des difficultés pour recruter de nouveaux candidats. Les principaux freins évoqués : le temps passé trop important (40 %) ; le manque de considération des avis ou des revendications de la part des directions (45 %) ; l’arrêt de leur progression de carrière (31 %) ; le manque de moyens pour exercer correctement leur fonction (24 %).

Le CSE a toujours une bonne image auprès des salariés

71 % des salariés en ont effectivement une bonne image, en hausse de 5 points par rapport à 2022. 59 % déclarent avoir voté aux dernières élections du CSE. Ils sont autant à connaître les prérogatives de l’instance (+4 pts) et ont même connaissance de la nouvelle prérogative du CSE sur l’environnement.

75 % connaissent au moins un membre du CSE, 62 % s’intéressent à son activité. 61 % lui font confiance et 54 % se sentent bien représentés. Les salariés s’informent par tous les moyens traditionnels tels que les comptes-rendus (47 %), les contacts directs (34 %) et les panneaux d’affichage (33 %) mais aussi en utilisant les supports numériques. 46 % reçoivent des mails et 30 % consultent le site du CSE.

Le dialogue social dans l’entreprise à la peine

Les différences d’appréciation des salariés et de leurs représentants d’une part et les dirigeants d’entreprise d’autre part sur le dialogue persistent. Quand les représentants du personnel accordent une note de 5,2/10 sur la qualité du dialogue social et les salariés un peu plus (5,8/10), les dirigeants lui attribuent une note 7,7/10. Une différence qui est certainement liée aux priorités attendues par les acteurs. Ainsi, pour les dirigeants il s’agit de répondre aux obligations légales alors que les salariés et surtout leurs représentants recherchent une certaine efficacité pour exercer une influence sur les décisions de l’entreprise. De même, alors que 55 % des représentants du personnel pensent que la présence syndicale contribue à la qualité du dialogue social, cet avis n’est partagé que par 20 % des dirigeants.

L’enquête a abordé d’autres sujets en rapport avec l’actualité

Ainsi, elle aborde la question des rémunérations, principale préoccupation des représentants des salariés (86 %), beaucoup moins celle des dirigeants (53 %). Si les représentants des salariés privilégient largement les augmentations générales de salaire, c’est beaucoup moins le cas des employeurs (32 %) assez intéressés par les dispositifs d’intéressement (27 %).

Les questions d’intelligence artificielle sont manifestement peu évoquées par les CSE. C’est aussi le cas des questions environnementales. De même, la question de l’emploi des seniors n’a été abordée que par 50 % des CSE sans toutefois se traduire par des mesures spécifiques.

L’enquête aborde aussi les questions de la semaine de 4 jours, la pénibilité et le télétravail.



Comme tous les ans, le baromètre de Syndex-Ifop apporte une vision très complète de l’état du dialogue social. On peut en conclure que les élus du personnel conservent une grande frustration dans l’exercice de leur fonction avec la mise en œuvre des ordonnances de 2017. Les employeurs ont une responsabilité importante à assumer pour améliorer la qualité du dialogue social dans leur entreprise. En attendant que l’État ne modifie, peut-être un jour, profondément les règles actuelles, cela passe notamment par des accords innovants dans les entreprises donnant plus de moyens et de marge de manœuvre pour les CSE.


Source


Notes :

[1Enquête réalisée entre octobre et novembre 2023 auprès de 1300 salariés, 1420 représentants du personnel et 401 chefs d’entreprise et DRH dans les entreprises de plus de 50 salariés à partir d’un questionnaire auto-administré et au téléphone et complétée de 5 entretiens téléphoniques d’une heure auprès de représentants du personnel.