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De nombreux départs en retraite à anticiper dans la fonction publique, illustrations régionales

mercredi 21 décembre 2022

Les problèmes d’attractivité des métiers de la fonction publique sont souvent commentés. Vont venir s’y rajouter dans quelques années de nombreux départs à la retraite qu’il s’agit d’anticiper. C’est la volonté de l’INSEE qui, à travers des monographies régionales, illustre le propos. Place à la plus récente qui concerne la région PACA (Provence-Alpes-Côte d’azur). Fin 2019, la fonction publique emploie 406 800 personnes en Provence-Alpes-Côte d’Azur, soit un salarié sur cinq. À l’horizon 2027, parmi les agents en poste fin 2019, 110 300, soit 27 %, atteindront l’âge de 62 ans, ce qui pose la question de leur remplacement. L’enquête réalisée l’année précédente en Normandie, pour 2018, va dans le même sens.

Portrait des fonctionnaires de la région PACA

La région compte 80 agents publics pour 1 000 habitants fin 2019 soit 8 % de l’ensemble des agents publics de France métropolitaine. Les agents publics représentent 22 % de l’ensemble des salariés. Les trois quarts d’entre eux sont fonctionnaires. Mais parmi ceux entrés dans la fonction publique au cours de l’année, sept sur dix ont le statut de contractuels. Provence-Alpes-Côte d’Azur figure par ailleurs parmi les régions les plus attractives pour les agents publics en mobilité géographique. Les agents de PACA se répartissent différemment dans les trois versants de la fonction publique, à savoir : 41 % dans la fonction publique territoriale (FPT), ce taux est plus élevé que la moyenne des régions de province, 40 % dans la fonction publique d’État (FPE) et 19 % dans la fonction publique hospitalière (FPH).

L’INSEE alerte sur des départs à la retraite massifs à anticiper

L’INSEE nous apprend que les agents publics de Provence-Alpes-Côte d’Azur sont âgés en moyenne de 45 ans et trois mois fin 2019, soit un an de plus que ceux de province et deux ans et neuf mois de plus que l’ensemble des salariés de la région. C’est dans la fonction publique territoriale que l’âge moyen est plus élevé (46 ans et quatre mois), pour l’État (45 ans et trois mois) et pour l’hospitalière (42 ans et onze mois).

L’âge moyen des agents publics s’est accru petitement mais régulièrement entre 2011 et 2019 et les personnels proches de l’âge de la retraite sont de plus en plus nombreux. Ainsi, fin 2019, 40 % ont au moins 50 ans (37 % en province), soit 7 points de plus qu’en 2011. La FPT est particulièrement concernée ainsi que les départements des Alpes-de-Haute-Provence et du Var.

Parmi les agents en poste fin 2019, 110 300 auront atteint l’âge de 62 ans d’ici fin 2027 (27 % de l’ensemble contre 24 % en province). Dans cette perspective de départs potentiellement massifs à la retraite, pour l’Institut « la question du renouvellement des agents publics se pose avec acuité et constitue un axe de réflexion de la plateforme régionale d’appui interministériel à la gestion des Ressources Humaines (PFRH) ». Elle est placée auprès du préfet de région.

L’exemple normand va dans la même direction

L’année précédente l’INSEE avait réalisé une monographie en Normandie avec des chiffres s’arrêtant en 2018. Son analyse allait dans la même direction. Ainsi un poste sur trois dans la région était occupé par un senior de 50 ans et plus soit 100 000 postes. En Normandie aussi c’est la fonction publique territoriale qui est le versant le plus concerné par ce vieillissement : près de quatre postes sur dix sont concernés, et près de la moitié des postes pour le Conseil régional (48,5 %) ou les Conseils départementaux (46,7 %). Dans la fonction publique de l’État, un poste sur trois est occupé par un senior, et jusqu’à la moitié des emplois des ministères de la Défense (48,4 %) et de l’Économie, des Finances et de l’Industrie (50,4 %). Dans la fonction publique hospitalière, versant le plus jeune, seul un peu plus du quart des postes est concerné (27,8 %).

Une comparaison entre le public et le privé peu pertinente

Si l’on regarde maintenant les chiffres au niveau national, il est indéniable que la part des agents ayant 50 ans ou plus augmente dans les trois versants de la fonction publique. Entre décembre 2018 et décembre 2019, l’âge moyen des agents de la fonction publique a augmenté de 1,6 mois. La conséquence est donc un emploi public plus âgé que celui du secteur privé.
Mais comparaison n’est pas raison. En effet cet écart, qui continue de s’accentuer en 2020, résulte du rythme différent des recrutements passés, d’une part, mais aussi des modalités différentes de départs à la retraite, d’autre part. Dans le privé, le recours à des dispositifs de préretraite (et de dispense de recherche d’emploi pour les chômeurs), ainsi que des entrées plus précoces sur le marché du travail contribuent à diminuer le poids des plus âgés.
À la différence du privé, le système de carrière dans la fonction publique conduit, en règle générale, à une plus grande stabilité de l’emploi et donc au maintien dans l’emploi des seniors. De plus, le niveau de diplôme des agents de la fonction publique, en moyenne plus élevé que celui des salariés du privé, explique des entrées plus tardives dans la vie active, ce qui réduit d’autant le poids des jeunes.

Cette situation plus favorable à l’emploi des seniors ne doit pas exonérer les pouvoirs publics d’une stratégie de recrutement pour pallier les départs à la retraite qui ne manqueront pas de se produire.


Sources

  • Jaune 2022. Annexe au projet de loi des finances 2022 :
    Voir le document PDF ci-joint : Rapport sur les pensions de retraites de la Fonction Publique