La période concernée et la méthode
La période étudiée concerne les années 2016 et 2017. L’agence a passé en revue les engagements et les dispositifs mis en place par les entreprises cotées, pour assurer l’effectivité du dialogue social. Ce thème reste un parmi les moins développés dans les récits et les indicateurs publiés par les entreprises au sujet de leurs démarches de responsabilité sociale.
Les entreprises ont été évaluées sur la visibilité et le portage de leurs engagements, sur la diversité des thèmes et le niveau du dialogue avec les représentants des salariés, la dynamique des relations avec les instances représentatives des salariés, les moyens qui leur sont alloués pour exercer leurs missions, ainsi que sur la capacité des équipes dirigeantes à améliorer la qualité et l’étendue de l’information des partenaires sociaux et à développer la concertation et la négociation collective.
Les principaux enseignements
L’agence conclut que bien que consacré par les normes internationales de l’OIT et au cœur des recommandations des Objectifs de Développement durable (ODD) des Nations Unies pour 2030, le dialogue social demeure un « angle mort » de la responsabilité sociale des entreprises. Et voici pourquoi :
- Seules 4 % des entreprises sous revue s’engagent de façon visible à mener un dialogue social avec les représentants des salariés ; ce résultat est strictement identique à celui observé sur la période 2014-2015.
- A l’inverse, 62 % des entreprises évaluées n’affichent aucun engagement à ce sujet alors même qu’elles communiquent sur leurs objectifs et leurs indicateurs en matière de qualité de relations avec leurs clients, leurs actionnaires ou en matière de protection de l’environnement.
Heureusement l’Europe !
Les entreprises cotées en Europe sont celles qui rendent le plus et le mieux compte de leurs pratiques de dialogue social, mais leurs scores restent relativement limités sur ce critère (38/100). Leurs homologues cotées en Asie obtiennent un score moyen de 19/100, les nord-américaines un score de 17/100 et celles cotées sur les marchés émergents obtiennent un score de 26/100.
Les sujets les plus fréquemment abordés
Les sujets les plus souvent abordés dans le cadre de la négociation collective sont la rémunération (72 % des sociétés cotées en Europe, 41 % en Amérique du Nord, 28 % en Asie Pacifique, 14 % sur les marchés émergents), les conditions de santé et de sécurité (70 % des sociétés cotées en Europe, 39 % en Amérique du Nord, 25 % en Asie Pacifique, 14 % sur les marchés émergents), et le temps de travail (64 % des sociétés cotées en Europe, 36 % en Amérique du Nord, 23 % en Asie Pacifique, 9 % sur les marchés émergents).
Peu d’administrateurs salariés
Seule une minorité d’entreprises compte la présence d’administrateurs salariés au sein de son conseil d’administration. C’est le cas pour 5 % des entreprises cotées en Europe, avec des disparités entre les pays, contre 3 % des entreprises cotées en Amérique du Nord et seulement 1 % en Asie Pacifique...
L’agence alerte sur la prise en charge des évolutions technologiques
Compte tenu des évolutions technologiques liées au développement croissant de la numérisation et de l’intelligence artificielle, mais également de l’apparition de risques émergents comme l’usage peu réglementé des nanotechnologies, il deviendra essentiel de redonner son sens au dialogue social et au contrat collectif de travail sur des sujets tels que le droit à la déconnexion ou l’adaptation des conditions de travail liées à la robotisation des tâches, pour appréhender au mieux ces nouveaux enjeux.
Deux commentaires en guise de conclusion
Alors que les différentes réformes du travail de ces derniers mois en France renforcent la place du dialogue social dans les entreprises, la question se pose de savoir si les chefs d’entreprise sauront jouer le jeu. On constate à travers les chiffres diffusés par Vigeo Eiris une forme de résistance sur la place du dialogue social avec les représentants des salariés. Enfin, l’Europe, malgré ses faiblesses, apparait bien comme le continent le plus ouvert et le plus avancé en la matière. Il est peut-être temps que les travailleurs et les citoyens européens en soient conscients.
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