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Enquête sur la santé au travail : trop de maladies professionnelles

samedi 8 avril 2023

L’observatoire de la mutualité française a enquêté sur l’état de santé des Français au travail. Comment favoriser le bien-être dans sa vie professionnelle ? Quelles sont les maladies professionnelles et les secteurs d’activité les plus touchés ? Comment préserver les plus de 55 ans dans la vie active ? Un sujet d’actualité !

Plus de 200 000 travailleurs décèdent chaque année de maladies professionnelles au sein de l’Union européenne. Les accidents et maladies liés au travail et les absentéismes coûtent à l’Union européenne plus de 3,3 % du PIB par an, avec plus de 40 % de salariés en arrêt maladie au moins une fois par an chaque année.

La France se situe en haut du classement des pays européens avec 3,5 accidents mortels du travail pour 100 000 personnes en emploi en 2919, niveau 2 fois supérieur à la moyenne européenne (1,7 accident mortel). En France :

  • Les troubles musculosquelettiques sont à l’origine de 88 % des maladies professionnelles. En 2019, 45 000 personnes étaient concernées.
  • Le secteur de la construction enregistre le plus fort taux d’accidents : 53,4 accidents du travail avec arrêt pour 1 000 salariés, contre 33,5 sur l’ensemble des secteurs.
  • 39 % des Français considèrent que leur travail dégrade leur santé.
  • 52 % des actifs se sentent mal informés sur les questions liées à la santé au travail comme les maladies professionnelles et les souffrances psychiques.
  • On comptabilise 2,8 médecins du travail pour 100 000 habitants dans le Cantal (20,4 médecins pour 100 000 habitants à Paris).
  • 30 % des travailleurs non salariés et des exploitants agricoles bénéficient d’une couverture en prévoyance (incapacité, invalidité et décès) contre 92 % chez les salariés.

En France, les maladies professionnelles ont explosé ces 2 dernières années : fatigue, stress, perte de motivation, douleurs physiques régulières ou burn-out : 91 % des actifs indiquent avoir connu des difficultés de santé au travail :

  • En 2019, on comptabilise 733 accidents du travail mortels. Cela représente en moyenne deux décès par jour, sans compter les accidents de trajet entre le domicile et le lieu de travail (283 décès) et les maladies professionnelles (175 décès).
  • Environ 5 à 10 % des travailleurs sont à court ou moyen terme exposés à un risque de désinsertion professionnelle en raison de leur état de santé ou d’un handicap.

La vie professionnelle et le métier exercé sont des déterminants de santé et d’espérance de vie considérables : un cadre a une expérience de vie supérieure de 6,4 ans par rapport à un ouvrier et, chez les ouvriers, la fréquence d’accident du travail mortel est presque 5 fois plus élevée que chez les cadres. Et les secteurs d’activité les plus accidentogènes sont : la construction, le commerce, les transports, l’hébergement, la restauration, le secteur de l’intérim et le médico-social.

Les accidents du travail des plus de 50 ans représentent 25 % des accidents du travail totaux, alors que ces travailleurs séniors représentent 29 % des salariés :

  • 41 % des incapacités permanentes ou des décès liés à un accident du travail sont des personnes de plus de 50 ans.
  • La durée des arrêts de travail après un accident augmente avec l’âge : un ratio de 86,9 jours pour les accidents des 50 à 59 ans contre 79 jours pour les 40 à 49 ans et 44,2 pour les 20 à 29 ans.
  • Pour l’ensemble des salariés, la durée moyenne d’un arrêt maladie est de 35 jours pour l’ensemble des salariés, elle passe à 75 jours pour les salariés de plus de 60 ans.
  • La durée moyenne des arrêts est plus de 3 fois plus longue chez les séniors de plus de 60 ans que chez les jeunes de moins de 20 ans.

Une offre en santé au travail et une protection en prévoyance insuffisantes : avec plus de la moitié des médecins âgés de plus de 65 ans, la « médecine du travail », est la 4ème spécialité médicale la plus âgée en France. Cette crise de la démographie médicale a une répercussion directe sur le suivi en santé au travail :

  • 61 % des salariés du secteur privé n’ont pas bénéficié d’une visite avec un service de médecine du travail au cours de l’année.
  • 6 % des salariés n’ont jamais bénéficié d’une médecine du travail.
  • Les travailleurs indépendants et les chefs d’entreprise constituent l’angle mort de la santé au travail. Ils sont 2,8 millions sans suivi en santé au travail.
  • La majorité des actifs (52 %) se sentent mal informés sur différents aspects liés à la santé au travail comme les maladies professionnelles physiques ou les souffrances psychologiques liées au travail ou manquent d’informations sur les interlocuteurs à contacter en cas de souffrance au travail.
  • Les dirigeants aussi se sentent en manque d’information qu’il s’agisse des actions à mener pour améliorer la santé des salariés au travail ou sur leur mal-être au travail.
  • Beaucoup d’entreprises reconnaissent ne pas être impliquées en matière de prévention (seuls 43 % des dirigeants indiquent avoir mis en place, au sein de leur entreprise, une politique globale de prévention en matière de santé au travail).
  • En 2022, la Cour des comptes signalait que les actions de prévention ne font pas partie du quotidien de tous les travailleurs français.

La couverture en matière de prévoyance (décès, incapacité, invalidité) est très inégalitaire : les contrats de prévoyance ne protègent pas tous les travailleurs. Les salariés des grandes entreprises sont mieux couverts que les fonctionnaires et les indépendants et les cadres sont mieux protégés que les non-cadres :

  • La moitié des employeurs considère que la prévoyance est un facteur d’attractivité et l’autre moitié que c’est une source de charges sociales supplémentaires.
  • Le vieillissement de la population avec le recul de l’âge de la retraite accroît les besoins en matière de prévoyance lourde.

Améliorer les conditions de travail et développer les actions de prévention : la première cause de maladies professionnelles demeure les troubles musculosquelettiques qui désignent les pathologies inflammatoires et dégénératives de l’appareil locomoteur et les maladies psychiques progressent :

  • Les difficultés au travail sont fréquentes mais encore taboues : seulement 50 % des personnes ayant été confrontées à ce type de situation déclarent en avoir parlé.
  • Les difficultés observées affichent de vraies différences selon les catégories de métiers et doivent nous inciter à avoir une approche spécifique de la santé au travail.
  • Il est primordial de questionner tous les leviers de la santé au travail pour développer des protections sociales durables et renforcer les couvertures santé, prévoyance-dépendance, retraite… indispensables pour permettre à chacun de fluidifier des parcours professionnels plus séquentiels.
  • Des propositions existent comme la majoration de la cotisation accidents du travail/maladies professionnelles ; le retour aux 10 critères de pénibilité ou l’élargissement de l’accès au départ anticipé en retraite pour incapacité permanente liée à l’usure professionnelle…

Une exposition différenciée aux risques professionnels avec les salariés aidants et le maintien des séniors dans la vie active :

  • En 2030, un actif sur quatre sera proche aidant. Cela représente une charge importante avec un impact sur la santé physique et psychique. Cette conséquence doit être prise en compte dans la santé au travail des plus de 55 ans.
  • La santé et le bien-être au travail sont des déterminants essentiels du taux d’emploi des séniors et de la prévention de la désinsertion professionnelle. Le recul de l’âge de départ en retraite ne peut se faire sans des mesures pour assurer le maintien en emploi des travailleurs âgés alors que près d’un salarié sur deux n’est plus en emploi avant son départ à la retraite.

L’amélioration de la santé au travail est donc un chantier majeur qui doit permettre de réduire les inégalités d’espérance de vie. Face à cela, il convient d’engager une réponse forte en prévention, en prévoyance, et en faveur des conditions d’emploi des seniors.


Références