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Les clés du social : L'impact de l'intelligence artificielle sur les emplois

L’impact de l’intelligence artificielle sur les emplois

Publié le 12 juillet 2025 / Temps de lecture estimé : 3 mn

Quand il y a une importante innovation technique ou technologique, la question se pose à chaque fois, provoquant souvent des mouvements sociaux par peur de la perte des emplois, par exemple la grève des Forges de la Loire dans les années 1830 contre l’introduction des premières machines. La diffusion rapide de l’intelligence artificielle générative fait poser les mêmes questions et l’OIT (Organisation internationale du travail à Genève) essaie pour la deuxième fois d’en faire une évaluation au niveau mondial. Cette révision 2025 des estimations de 2023 montre plutôt une diminution dans l’évaluation de l’exposition de beaucoup de métiers à ces risques.

L’exposition à l’IA selon les professions

L’OIT rappelle à juste titre que les emplois constituent un « ensemble de tâches », certaines automatisables, d’autres non, et rarement toutes. Il faut donc analyser lesquelles. L’exposition dépend de l’importance de ces tâches dans le contenu de chaque type d’emploi.

L’Organisation a donc, avec ce critère, défini quatre groupes d’emploi en fonction de leur pourcentage de tâches automatisables, excluant les emplois non ou très peu concernés.

  • Le groupe 1 (7,4 % de l’emploi mondial) a une faible exposition globale, mais différente selon les types de tâches. Au global ce groupe est très dépendant de tâches peu automatisables.
  • Le groupe 2 (8,9 % de l’emploi) a une exposition modérée, très variable selon les tâches. L’impact est donc inégal.
  • Le groupe 3 (4,2 % de l’emploi) concerne les professions qui ont un potentiel global d’exposition à l’IA plus important.
  • Le groupe 4 (3,3 % de l’emploi) regroupe les emplois les plus concernés : une exposition forte et constante à l’IA pour 70 % des tâches incluses dans ces emplois.

Ainsi sont particulièrement touchés les emplois de bureau, telles les tâches de prises de notes en réunion ou la planification des rendez-vous, les professions fortement numérisées. L’exposition est en forte croissance pour les concepteurs de sites internet et multimédia, de logiciels, les spécialistes des statistiques et des bases de données, les fonctions de finance.

Un quart des emplois mondiaux sont exposés

Les quatre groupes ensemble représentant 24 % des emplois mondiaux, soit 834 millions d’emplois.

  • Mais la répartition est très inégale entre hommes (21 %) et femmes (28 %) que l’on trouve particulièrement dans les 2 groupes les plus exposés.
  • Elle l’est aussi selon le niveau de revenus des pays :
Niveau de revenu des pays % Hommes Femmes
Élevé 34 % 28 % 41 %
Intermédiaire supérieur 25 % 21 % 30 %
Intermédiaire inférieur 20 % 20 % 19 %
Faible 11 % 11 % 11 %

Donc plus un pays a un revenu élevé, plus il est touché, en particulier les femmes et dans les 2 groupes les plus exposés, alors que les pays au niveau de vie plus faible sont beaucoup moins concernés et sont moins présents dans les groupes à forte exposition. Puisque la concentration de l’exposition de fonctions se retrouve surtout dans les professions de bureau, de finances, de services à la clientèle, très représentées dans les pays à niveau de revenu élevé.

En conclusion : quelle transformation des emplois ?

Ce sont des estimations, des potentialités d’exposition à l’IA générative et non, pour l’instant, d’un effet réel. Un seuil maximal, qui peut être revu à la baisse en cas de contraintes d’infrastructures importantes, de manque de compétences, de problème de coûts, de difficultés opérationnelles…

D’autre part, l’IA entraine une transformation de travail, avec des changements dans les fonctions professionnelles. Elle fait et fera émerger de nouvelles tâches et fonctions dans les professions existantes et des professions nouvelles. Mais lesquelles, combien ? Se pose alors la question d’anticiper, de conserver et reconvertir les travailleurs actuels. Le challenge est aussi de faire que la transformation des emplois permette une qualité de l’emploi, plus créatif et non pas plus uniformisé et avec peu d’autonomie. Cela demande de créer une politique de formation pour permettre aux travailleurs d’acquérir les compétences nécessaires. Et cette mutation ne pourra bien se réaliser que s’il y a dialogue social et dialogue professionnel, au niveau du lieu de travail comme aux niveaux professionnel et national.


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