Bien que les embauches de seniors soient globalement moins fréquentes que celles des plus jeunes, certains métiers se distinguent par une plus forte propension à recruter des seniors : c’est le cas notamment de ceux de formateurs et de personnels de ménage.
Entre 2021 et 2024, les personnes âgées de plus de 55 ans, dites « seniors », représentent en moyenne un actif en emploi sur cinq (19 %) en France (hors Mayotte).
Depuis le début des années 2000, le taux d’emploi des personnes âgées de 55 à 64 ans ne cesse d’augmenter, passant de 31,0 % à 60,4 % en 2024, mais reste inférieur à la moyenne de l’Union européenne qui s’élève à 65,2 %.
Les métiers les plus répandus chez les seniors sont également fréquents chez ceux des moins de 55 ans
En moyenne sur la période 2021-2024, les trois familles de métiers qui concentrent la plus grande part de l’emploi des seniors sont celles des agents d’entretien (4,6 %), des enseignants (4,5 %), et des cadres de services administratifs, comptables et financiers (4,3 %,).
Cependant, ces trois familles de métiers sont aussi largement représentées chez les moins de 55 ans.
De manière plus générale, dix des quinze métiers les plus fréquents chez les seniors figurent également parmi les métiers les plus représentés chez les moins de 55 ans et concentrent 46,0 % de l’emploi des seniors, contre 38,8 % de l’emploi des moins de 55 ans sur ces mêmes métiers.
La répartition des métiers les plus exercés par les seniors aujourd’hui est quasiment la même qu’il y a 20 ans. Toutefois, la part d’aides à domicile et auxiliaires de vie dans l’emploi des seniors augmente sensiblement, passant de 2,2 % en 2003-2005 à 3,2 % en 2021-2024 alors que celle des enseignants, des vendeurs et des agriculteurs est en recul (respectivement -1,6, -1,3 et -2,8 points).
Les métiers les moins répandus parmi les seniors sont des professions dont l’effectif global est faible et qui figurent aussi parmi les métiers les moins fréquents dans l’emploi des moins de 55 ans, comme les marins, pêcheurs et aquaculteurs.
Les seniors étant globalement moins diplômés que les moins de 55 ans (un tiers de diplômés du supérieur contre la moitié pour les moins de 55 ans), les écarts de niveau de formation initiale peuvent contribuer à expliquer certaines différences de répartition entre les métiers.
Les seniors très présents dans les métiers de services aux particuliers
Alors qu’ils représentent en moyenne 19 % des actifs en emploi, la proportion de seniors est nettement plus élevée dans certains métiers. Ils représentent ainsi 28 % des agents d’entretien et sont surreprésentés dans la quasi-totalité des métiers de services aux particuliers : 44 % des personnels de ménages chez des particuliers et 35 % des aides à domicile et auxiliaires de vie. À l’inverse, ils sont très peu représentés dans les professions de l’informatique et des télécommunications.
Des métiers spécifiques aux seniors moins qualifiés et d’avantage exercés en tant qu’indépendants
Dans la suite de cette étude, il est fait référence aux « métiers spécifiques aux seniors » comparé à la proportion de seniors qui occupent ces professions. Ainsi douze métiers concentrent 27 % de l’emploi des seniors, contre 16 % de celui des moins de 55 ans.
Ces douze métiers spécifiques aux seniors se démarquent assez nettement par la nature de l’employeur. En moyenne sur la période 2021-2024, seules 45,6 % des personnes qui les exercent, seniors ou non, travaillent dans le secteur privé, contre 61,4 % pour l’ensemble des métiers.
Des personnes qui travaillent plus souvent à leur compte, en tant qu’indépendants ou dirigeants d’entreprise (18,5 % contre 13,0 % pour l’ensemble des métiers) et le plus souvent employées par des particuliers (11,4 % contre seulement 2,2 % dans l’ensemble).
Ces écarts sont encore plus marqués parmi les seniors exerçant ces métiers.
Ils sont notamment 22,7 % d’indépendants, soit 10 points de plus par rapport à l’ensemble des personnes en emploi, tous métiers et âges confondus.
Près de la moitié (48,3 %) des travailleurs exerçant un métier spécifique aux seniors sont des ouvriers ou des employés peu qualifiés, alors que ces catégories représentent moins d’une personne en emploi sur cinq (17,3 %) sur l’ensemble des métiers.
Les agriculteurs, artisans, commerçants et chefs d’entreprise y sont également davantage représentés (13,7 % contre 8,2 %). Tous métiers confondus, la répartition des seniors au sein des catégories socio-professionnelles est néanmoins proche de celle de l’ensemble des personnes en emploi.
Les contrats à durée indéterminée sont légèrement moins fréquents au sein des métiers spécifiques aux seniors par rapport à l’ensemble des métiers (65,9 % contre 73,2 %), y compris pour les seniors qui les exercent (65,1 %).
En termes de temps de travail, les personnes en emploi dans les métiers spécifiques aux seniors sont plus souvent à temps partiel (29,4 % contre 17,6 % sur l’ensemble des métiers). Le temps partiel non contraint est notamment plus fréquent chez les seniors en emploi dans ces métiers (28,3 % contre 13,5 % tous métiers et âges confondus).
Les métiers spécifiques aux seniors sont plus exposés aux risques physiques
En moyenne 37,4 % des personnes en emploi dans les métiers spécifiques aux seniors déclarent être fortement exposés à des risques physiques (rester longtemps debout, porter des charges lourdes, être exposés à des produits dangereux, subir des vibrations…) ; cette proportion est supérieure à celle observée sur l’ensemble des personnes en emploi, tous métiers confondus (25,9 %).
Quant aux risques psychosociaux (manque de soutien social, horaires atypiques, intensité du travail, conflits de valeurs…), les métiers spécifiques aux seniors ne se distinguent pas sensiblement de l’ensemble des métiers.
En combinant les risques physiques et psychosociaux, les métiers spécifiques aux seniors apparaissent ainsi légèrement plus exposés aux risques professionnels.
Des taux d’embauches de seniors plus élevés dans des métiers peu qualifiés
Les métiers qui présentent les taux d’embauche de seniors les plus élevés sont majoritairement peu qualifiés. Il s’agit de métiers identifiés comme spécifiques comme les personnels de ménage, les aides à domicile et auxiliaires de vie ou les agents d’entretien mais aussi de métiers dont les taux d’embauches sont relativement élevés tous âges confondus, comme les employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration ou les ouvriers du gros œuvre du bâtiment.
Au sein des quinze métiers dont le taux d’embauche de seniors est le plus élevé, 46,0 % des embauches sur la période 2013-2024, toutes classes d’âges confondues, les emplois occupés correspondent à des contrats de courte durée (CDD de moins de 6 mois ou intérim) contre 37,6 % pour les embauches sur l’ensemble des métiers. En particulier, les embauches dans les métiers des maraîchers, jardiniers, viticulteurs, des professionnels des arts et des spectacles, ou des agents d’entretien, sont majoritairement en CDD de moins de 6 mois.
L’étude conclut sur le fait que la part des embauches en CDI (y compris fonctionnaires) ou CDD de plus de 6 mois est globalement assez proche des métiers ayant les taux d’embauche de seniors les plus élevés, 44,0 % contre 47,4 % pour l’ensemble des métiers.
En conclusion
Si l’emploi global des séniors en comparaison européenne progresse, il n’en demeure pas moins qu’il reste fortement concentré sur des métiers de services, souvent peu qualifiés. Les séniors sont souvent plus exposés que les autres salariés aux conditions de travail difficiles et donc à la pénibilité des emplois occupés. Rien d’étonnant dans ces conditions que ce sujet du maintien dans l’emploi des séniors soit toujours au centre des réformes successives du marché du travail, ainsi qu’au cœur de l’acceptabilité de l’allongement de la durée du travail sur la vie.
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