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Le sexisme ne recule pas

mercredi 29 mars 2023

C’est le principal enseignement du rapport 2023 du Haut Conseil à l’Égalité (HCE) sur l’état du sexisme en France. En fait, malgré les avancées réelles dans le domaine de l’égalité et la vague MeToo, le sexisme perdure y compris chez les jeunes et ses manifestations les plus violentes s’aggravent. Le sexisme empoisonne les relations de travail et la vie au quotidien des femmes.

Le bilan du Haut Conseil

Le rapport s’appuie à la fois sur les derniers chiffres officiels, en particulier sur les violences faites aux femmes et sur les résultats du baromètre réalisé par l’institut Viavoice auprès de 2 500 personnes représentatives. Ce sondage rend compte des perceptions de la société face aux inégalités entre les femmes et les hommes, évalue le degré de sexisme de la population, restitue le vécu des femmes et mesure l’adhésion aux outils de lutte existants.

La situation est paradoxale car les personnes sondées expriment une sensibilité toujours plus grande aux inégalités alors que les clichés et les stéréotypes sexistes perdurent. On déplore le sexisme mais on ne le rejette pas en pratique, majoritairement chez les hommes. Le sexisme dit « ordinaire » persiste. Qui n’a pas assisté à quelques déclarations rigolardes autour de la machine à café ou lors de réunions qui véhiculent préjugés et stéréotypes sans d’autres réactions que des rires complices.

Vieux clichés et jeunes générations

En matière de sexisme tous sont concernés : les hommes bien sûr mais aussi les jeunes générations et parfois les femmes. Le rapport montre une adhésion au sexisme des jeunes générations y compris sur les questions de violence. Ainsi, parmi les hommes de 25 à 34 ans, près d’un quart juge qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter. Seuls 23% des jeunes estiment problématique l’image des femmes véhiculée dans les œuvres pornographiques contre 79% des hommes de plus de 65 ans.

27% des femmes et 40% des hommes estiment normal qu’elles arrêtent de travailler pour élever les enfants. Les femmes elles-mêmes, bien que victimes, ne sont que 49% à trouver problématique qu’une femme cuisine tous les jours (les hommes 37%).

Du côté des femmes

Parmi les femmes interrogées, 80% estiment être moins bien traitées que les hommes en raison de leur sexe et 14% disent avoir déjà subi des rapports sexuels non consentis et 15% des coups. Le sexisme amène à des renoncements, ainsi 55% des femmes interrogées renoncent à sortir et à faire des activités seules, 52% à s’habiller comme elles le souhaitent.

Dix recommandations du Haut Conseil

Au premier rang desquelles on compte l’augmentation des moyens financiers et humains de la justice pour répondre aux violences familiales. Le Haut Conseil exige que la loi sur l’éducation à la sexualité et à la vie affective devienne enfin une réalité dans tous les établissements scolaires. Il appelle aussi à la régulation des contenus numériques et en particulier pornographiques. L’effort doit non seulement porter sur la protection et la répression mais aussi sur la prévention.

Chacun peut agir à son niveau

Le sexisme empoisonne les relations de travail et la vie au quotidien par des stéréotypes et des pratiques qui excluent ou marginalisent les femmes. Le combat n’est pas terminé et il faut que chacun, homme et femme, assume son rôle en la matière. Les hommes doivent avoir conscience de leur responsabilité collective contre le sexisme. Ce ne sera que tout bénéfice pour eux. Quand les femmes se libèrent, les hommes se libèrent en même temps qu’elles.


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