1. Accueil
  2. > Société
  3. > Populations
  4. > Les familles monoparentales, c’est dur pour les femmes !

Les familles monoparentales, c’est dur pour les femmes !

mercredi 16 mars 2016

Les familles monoparentales sont en augmentation, elles représentent 20 % des familles en 2011, contre 16 % en 1999 selon une étude « Couples et familles », publiée le 16 décembre par l’Insee. En France, ce sont les femmes qui ont la charge de 85 % des familles monoparentales, une situation qui les expose à un risque de pauvreté plus important. Elles connaissent des difficultés d’insertion sur le marché du travail et les conditions de vie de leurs familles sont moins favorables que celles des familles classiques.

La place des familles monoparentales est en augmentation

Depuis 1999, la part des familles « traditionnelles », même si elles restent toujours majoritaires, a reculé (75 % des familles avec enfants mineurs étaient des familles « traditionnelles » en 1999 et 70 % en 2011) au profit essentiellement des familles monoparentales (16 % des familles en 1999, 20 % en 2011).

Le nombre de familles monoparentales avec enfant(s) mineur(s) est passé de 1,2 million en 1999 à 1,6 million en 2011. Cette hausse prolonge la tendance observée depuis le début des années 1980, qui marquait une accélération par rapport à la période antérieure. Les familles monoparentales étaient essentiellement la conséquence du décès du conjoint par le passé : 55 % des mono parents étaient veufs en 1962, 6 % en 2011. Aujourd’hui, leur situation est essentiellement liée aux séparations (75 % des cas en 2011). Cette évolution provient à la fois de la baisse de la mortalité précoce des adultes, de l’augmentation des divorces et des séparations des parents non mariés.

La monoparentalité s’est répandue surtout parmi les mères les moins diplômées

Les mères vivent plus fréquemment en famille monoparentale en 2011 qu’en 1999. En 2011, en France métropolitaine, 18 % des mères vivant avec des enfants mineurs sont en famille monoparentale contre 14 % en 1999. Cette hausse de la monoparentalité concerne davantage les mères les moins diplômées : 25 % des mères sans diplôme vivent en famille monoparentale en 2011 contre 18 % en 1999, alors que cette part est passée de 11 % à 12 % pour les mères diplômées du deuxième cycle universitaire ou équivalent.

Ce constat s’explique tout d’abord par le fait que parmi les plus jeunes générations, lorsque les femmes moins diplômées rompent une union, elles ont plus souvent des enfants mineurs que les plus diplômées, car elles ont leurs enfants plus tôt. Par ailleurs, les femmes moins diplômées restent plus longtemps en famille monoparentale que les autres.

Les mères ont des difficultés d’insertion sur le marché du travail

À nombre d’enfants équivalent, leur taux d’emploi est plus faible, surtout s’il y a de jeunes enfants. Quand elles ont un enfant unique âgé de moins de 3 ans, les mères sans conjoint sont moins souvent en emploi que les mères en couple. Lorsque l’enfant a plus de 3 ans, l’écart est plus faible (cinq points de moins).

Ce moindre emploi traduit des difficultés d’insertion et non pas une moindre présence sur le marché du travail. En effet, en 2014, le taux d’activité des mères de famille monoparentale est quasiment le même que celui des femmes en couple (80 % contre 81 %). Néanmoins, leur taux de chômage est nettement supérieur (15 % contre 7 %) et il est d’autant plus élevé qu’elles ont beaucoup d’enfants et que ceux-ci sont jeunes.

Travailler en étant seule à la maison nécessite une organisation pour la garde des enfants, qui diffère de celle adoptée pour des enfants vivant avec un couple. Le recours à l’entourage (famille, amis, voisins…), en particulier pour le temps périscolaire des jeunes enfants, est plus important.

Un niveau de vie plus faible pour les familles monoparentales

Du fait qu’ils sont moins souvent en emploi, les adultes en famille monoparentale ont des revenus d’activité plus faibles. En outre, il n’y a pas de deuxième apporteur de ressources dans le ménage, alors que c’est le cas le plus fréquent au sein des couples. Le niveau de vie moyen des familles monoparentales (1 240 euros par mois en moyenne) est inférieur à celui des couples avec enfants (1 880 euros en moyenne par mois). Vivre en couple permet d’accéder à un niveau de vie supérieur, notamment parce que les conjoints partagent alors les charges d’hébergement et d’équipement du logement. Ainsi, quel que soit le nombre d’enfants, le taux de pauvreté des familles monoparentales est très supérieur à celui des couples avec enfants : 40 % contre 14 % en 2011.

Les prestations familiales et les minima sociaux ont des effets redistributifs, de même que les prélèvements socio-fiscaux

Ils réduisent les écarts de niveaux de vie. En 2014, le niveau de vie médian des familles monoparentales avec au moins deux enfants atteint 75 % du niveau de vie des personnes seules, alors qu’avant transferts, il n’en représente que 52 %. En plus de réduire les inégalités, les transferts sociaux et fiscaux augmentent le niveau de vie des plus défavorisés (les familles monoparentales et les familles nombreuses). Ils conduisent aussi à diminuer leur taux de pauvreté : sans redistribution, le taux de pauvreté des familles monoparentales avec un enfant serait supérieur de 16 points, et de 23 points quand la famille compte deux enfants ou plus.

D’autres difficultés

Au-delà de leur accès plus difficile au marché du travail et de leurs ressources plus faibles, le fait que les moins diplômées restent plus longtemps en monoparentalité accentue les conséquences cumulatives ou de plus long terme (capacité d’épargne). En particulier, les familles monoparentales ont un moindre accès à la propriété : trois sur dix sont propriétaires de leur logement, contre cinq familles recomposées sur dix et sept familles « traditionnelles » sur dix. De ce fait, à niveau de vie équivalent, elles consacrent une plus grande part de leur budget au logement que les autres types de familles (16 % contre 10 %).

La monoparentalité concerne beaucoup moins les hommes que les femmes

En effet, seules 15 % des familles monoparentales ont un homme à leur tête. Cette part a légèrement augmenté. Le développement de la résidence alternée des enfants après séparation des conjoints pourrait expliquer en partie la hausse de la monoparentalité masculine ainsi que l’augmentation du niveau de diplôme des pères concernés. Après une rupture, les hommes reforment un couple plus rapidement que les femmes : cinq ans après une séparation ayant eu lieu entre 25 et 50 ans, 57 % des hommes ont reformé une union contre 46 % des femmes ; quinze ans après une séparation, cela concerne 75 % des hommes contre 64 % des femmes.


Sources