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Travail et bien-être psychologique : pour quels métiers ?

samedi 28 avril 2018

Plusieurs enquêtes confirment que les Français aiment travailler. Mais « la satisfaction d’avoir un travail » ne doit pas être confondue avec « le bien-être général » au travail. « Avoir un travail » ne signifie pas « avoir un emploi de qualité ». Pour quels métiers le travail impacte-t-il le plus le bien-être ou le mal-être, en positif ou en négatif ? Comment le travail peut-il contribuer au bien-être psychologique des personnes ? L’enquête « Conditions de travail-Risques psychosociaux de 2016 (CT-RPS 2016) » de la DARES permet d’éclairer ces questions.

L’enquête identifie une typologie par les capacités au travail des salariés : Bien être et mal être au travail

1- les « confortables » (33 % des répondants). Ils sont épargnés par la plupart des risques professionnels. Ce sont en majorité des salariés qualifiés (dirigeants d’entreprise, cadres administratifs, des professions du spectacle), des auto- entrepreneurs, des séniors, des fonctions de secrétariat et d’enseignement). Mais cela concerne aussi les assistantes maternelles, les coiffeurs… Ils sont contents de leurs bonnes conditions de travail et plutôt satisfaits de leur vie privée.

2- les « stressés et empêchés » (15 %). Leur travail est très intense et ils sont soumis à des conflits éthiques. En revanche, ils disposent de ressources en matière d’autonomie, de soutien social et de reconnaissance. On les trouve plutôt dans de grands établissements, dans les fonctions de soin ou de commerce, ils sont plutôt jeunes et qualifiés. Les métiers les plus typiques sont les ingénieurs et cadres de l’industrie et de l’informatique, les cadres de la Fonction publique, les infirmières, les professionnels de l’action sociale, les divers métiers des banques.

3- les « isolés » (11 %). Ils manquent de soutien social et de reconnaissance, soit parce que leur collectif de travail est dégradé, soit parce qu’ils travaillent le plus souvent seuls ; en revanche, ils ne manquent pas d’autonomie ni de sécurité socio-économique. Ils sont plus nombreux chez les séniors, dans les petits établissements, parmi les non salariés ou dans les fonctions d’étude et d’enseignement. Ce sont plus souvent des agriculteurs, des ouvriers du BTP ou de la métallurgie.

4- les « précaires laborieux » (15 %). Ils sont soumis à de nombreuses contraintes physiques, ils craignent pour leur emploi et/ou vivent des changements importants. Ce sont plutôt des hommes, ou des femmes de ménage, en CDD ou intérim ou bien non salariés. On trouve surtout des ouvriers qualifiés (du BTP, de la maintenance, de la réparation automobile, de la métallurgie…).

5- les « passifs » (11 %). Ils manquent d’autonomie mais ont un travail peu intense et ne manquent pas de soutien social ni de reconnaissance. Ce sont plutôt des femmes, séniors, ouvrières, dans une fonction de manutention ou de nettoyage-gardiennage. On trouve des conducteurs de véhicules, des ouvriers de la manutention, des agents d’exploitation des transports, des agents d’entretien, des cuisiniers, des agents administratifs d’entreprise.

6- les « accablés » (14 %). Ils cumulent l’ensemble des risques organisationnels et psychosociaux, sauf les pénibilités physiques pour lesquelles ils se situent dans la moyenne. Ils travaillent plutôt dans de grands établissements, et dans des fonctions de secrétariat, de commerce ou de soins. À noter également que leurs réponses concernant leur vie privée sont assez négatives, sans qu’on puisse là encore en inférer le sens de la causalité. Les métiers les plus typiques sont ceux de caissières, d’aides-soignantes, d’ouvriers non qualifiés (bois, manutention, bâtiment…), d’infirmières, d’employés de banque.

Une autre typologie classe les salariés par leur bien-être psychologique

Les insécurisés, les satisfaits, les empêchés, les invisibles, les mécontents. Les liens entre les deux typologies sont assez nets : les « satisfaits » sont majoritairement parmi les « confortables », les « empêchés » parmi les « stressés empêchés » et les « accablés », les « insécurisés » sont nombreux parmi les « précaires laborieux », les « mécontents » parmi les « accablés » ; cependant, les « invisibles » se ventilent à peu près dans toutes les classes de la seconde typologie.

On peut en déduire les 15 métiers les plus favorables et les 15 métiers les moins favorables au bien-être psychologique

Les 15 métiers les plus favorables au bien-être psychologique : ingénieurs de l’informatique, cadres des transports, de la logistique et navigants de l’aviation, employés des services, divers cadres des services administratifs, comptables et financiers, personnels d’études et de recherche, techniciens des services administratifs, secrétaires de direction, assistantes maternelles, techniciens de l’informatique, agents administratifs et commerciaux des transports et du tourisme, secrétaires, ingénieurs et cadres techniques de l’industrie, employés de maison, coiffeurs, esthéticiens, cadres de la banque et des assurances.

Les 15 métiers les moins favorables au bien-être psychologique : cuisiniers, employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration, aides-soignants, bouchers, charcutiers, boulangers, employés de la banque et des assurances, ouvriers non qualifiés de la mécanique, ouvriers qualifiés des travaux publics, du béton et de l’extraction, ouvriers non qualifiés du second-œuvre du bâtiment, infirmiers, sages-femmes, agents de gardiennage et de sécurité, agriculteurs, éleveurs, sylviculteurs, bûcherons, ouvriers qualifiés travaillant par enlèvement de métal, caissiers, employés de libre-service, conducteurs d’engins du bâtiment et des travaux publics, ouvriers des industries graphiques.

(Source : enquête Conditions de travail/Risques psychosociaux 2016, Dares-Drees-DGAFP).

Ainsi pour un peu plus du tiers des actifs en emploi, le travail favorise le développement des capacités et du bien-être. La contribution du travail au bien-être psychologique respecte le gradient social habituel : les plus diplômés et qualifiés ont un travail plus épanouissant. Toutefois, des professions relativement peu qualifiées et à grande majorité féminine, telles les assistantes maternelles, les coiffeurs ou les employés de maison, figurent également parmi les métiers pour lesquels le travail contribue le plus au bien-être.

À l’autre extrême, un actif sur dix environ se trouve dans une situation de travail très délétère pour son bien-être psychologique, avec un cumul d’expositions de tous ordres, physiques, organisationnelles et psychosociales. Des professions comme celles de caissières, de cuisiniers, d’infirmières, d’aides-soignantes, d’ouvriers des industries graphiques ou de la métallurgie, d’employés de banques, sont surreprésentées dans ces situations préoccupantes qui appellent sans doute un effort particulier pour les politiques de prévention.

Les conflits éthiques (« travail empêché » notamment pour les professions de santé) et l’insécurité socio-économique (pour les ouvriers) structurent des situations intermédiaires qui concernent environ un tiers des actifs.
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Références