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Trois nouveaux dirigeants à la tête de la CGT, de la CFDT et du Medef

samedi 29 juillet 2023

En l’espace de quelques semaines, la CGT, la CFDT, et le MEDEF viennent de changer de dirigeants. Des renouvellements à la tête de chacune des trois organisations qui ne devraient, pour autant, pas changer leurs orientations fondamentales. Contrairement à la CGT, pour le MEDEF et la CFDT, ces changements ne constituent pas une surprise.

Sophie Binet, nouvelle secrétaire générale de la CGT, l’invitée surprise…

Au cours d’un congrès CGT particulièrement tendu, alors même que deux autres prétendantes avaient été sollicitées, Sophie Binet est parvenue à se faire élire par le Comité confédéral national de la CGT composé des représentants des fédérations et des unions départementales.

Sophie Binet après des études de philosophie est devenue conseillère principale d’éducation dans un lycée des quartiers nord de Marseille. Étudiante, elle participe comme membre de la direction de l’UNEF aux discussions nationales intersyndicales contre le CPE en 2006. Militante du PS, elle adhère « comme une évidence » à la CGT à la fin des années 2000 pour gravir rapidement les échelons du syndicat. En 2013, elle devient permanente et entre au Bureau confédéral. En 2014, elle est élue secrétaire générale adjointe de l’UGICT, l’organisation des cadres et techniciens CGT dont elle devient secrétaire générale en 2018.

Difficile de savoir quelle direction va prendre la CGT de Sophie Binet avec une équipe dirigeante censée représenter toutes les sensibilités de l’organisation dont l’arrivée de poids lourds opposants à Philippe Martinez tels que Laurent Brun des cheminots qui devient administrateur (trésorier) de la CGT, un poste clé, et Sébastien Menesplier de la fédération des mines et de l’énergie. C’est cette même équipe qui a ratifié l’accord ATMP issu de l’agenda autonome des partenaires sociaux auquel la CGT avait refusé de s’associer…

Le premier défi de Sophie Binet sera de réunifier durablement l’organisation qui s’est montrée violemment divisée lors du dernier congrès. Même si ses premiers pas dans ce domaine semblent plutôt réussis, la tâche s’annonce difficile sur le long terme. « Bonne cliente » des médias et adepte de « punchlines » bien senties venues d’un parcours militant plutôt activiste, elle risque de ne pas masquer très longtemps l’absence de réelle ligne directrice d’une CGT en perte d’influence dans les entreprises depuis de nombreuses années. Par exemple, ses sensibilités écologiste et féministe risquent rapidement de se heurter au productivisme et la culture « musclée » des fédérations industrielles et de l’énergie CGT.

Marylise Léon succède à Laurent berger à la tête de la CFDT

Pas de surprise à la CFDT. En accord avec le Bureau National, lors du dernier congrès confédéral à Lyon, Laurent Berger avait annoncé son départ en cours de mandat. Il a donc logiquement annoncé sa démission de son poste de secrétaire général en avril et proposé que Marylise Léon lui succède. Chose faite le 21 juin après une réunion du Bureau national extraordinaire à la mi-temps d’un rassemblement confédéral saluant le départ de Laurent Berger. Sa succession préparée de longue date fait largement consensus dans la CFDT.

Marylise Léon après des études de chimie a d’abord travaillé dans un cabinet de conseil comme responsable sécurité environnement. Cela lui a permis de d’aller au contact de la réalité du travail dans plusieurs entreprises industrielles. Elle rejoint la CFDT au début des années 2000. Comme son homologue cégétiste, c’est pour elle une évidence. Marquée par la catastrophe industrielle d’AZF à Toulouse, elle intègre la fédération chimie énergie CFDT sur les questions de risques industriels en 2008 après un passage au service formation de cette même fédération où elle est très engagée sur la RSE et la transition écologique et numérique. Elle est élue en 2014 à la commission exécutive confédérale de la CFDT et devient secrétaire générale adjointe en 2018 notamment responsable du Pacte du pouvoir de vivre.

Connue et reconnue comme très bonne négociatrice par ses interlocuteurs patronaux et syndicaux, son action devrait se situer en continuité de celle de son prédécesseur et donc du mandat donné par le dernier congrès confédéral. La ligne est claire : celle d’un syndicalisme réformiste et exigeant qui place le dialogue social et la négociation au centre de son action. Sa première expression en tant que secrétaire générale face aux militants de la CFDT le 21 juin a montré une forme d’aisance tranquille d’une responsable sûre de ses choix et du soutien de son organisation.

Patrick Martin nouveau président du MEDEF

Avec 73 % des 1 023 grands électeurs du Medef, Patrick Martin, président délégué du Medef et « bras droit » de Geoffroy Roux de Bézieux, s’est imposé sans surprise à l’élection du nouveau président du Medef face à Dominique Carlac’h ancienne porte-parole de l’organisation patronale dans la même équipe donc que le nouveau président.

Titulaire de plusieurs diplômes de grandes écoles dont l’Institut d’études politiques de Paris, Patrick Martin est à la tête de l’entreprise familiale de distribution de matériel professionnel Martin-Belaysoud dont le chiffre d’affaires a été de 1 milliard d’euros en 2022 et emploie 3 000 salariés. Il fait partie des 500 plus grandes fortunes de France.

Soutenu par les fédérations de branches qui comptent le plus au Medef, le nouveau président a reçu aussi le soutien de nombreux Medef territoriaux dont il est issu puisqu’il a été président du Medef de l’Ain puis celui de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Il va prendre les rênes d’une organisation qui souffre toujours d’une mauvaise image chez 44 % des Français et, plus grave, 54 % des chefs de petites entreprises (Sondage Elabe).

Sa présidence se situera dans la continuité de la présidence précédente : défense de la politique de l’offre, baisse des charges des entreprises, politique contractuelle avec notamment la réussite de l’agenda social des partenaires sociaux. Convaincu de l’importance de la transition écologique, il devra d’abord convaincre ses pairs d’agir dans ce domaine.

Son principal défi sera de se faire connaître auprès du grand public surtout après la très médiatique présidence de Geoffroy Roux de Bézieux.


Ainsi, trois nouveaux leaders aux parcours et attitudes différentes viennent de prendre la tête des trois plus importants partenaires sociaux français. Ils devront dans le même temps trouver leurs marques dans l’exercice de leurs nouvelles fonctions et apprendre à travailler ensemble.


 

 

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