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Adhérents ou électeurs : ne pas mélanger les genres

lundi 7 mai 2007

Claude Guéant, devenu depuis Secrétaire général de l’Elysée, a déclaré que les syndicats ne représentant que 8% des salariés alors que le nouveau Président de la République avait réuni 53% des suffrages des Français, ils ne devaient pas se mettre en travers de la marche présidentielle.

Beau mélange des genres qui nous promet une fois encore des responsables politiques qui ne comprennent rien à la démocratie sociale.
Claude Guéant mélange deux populations, salariés et citoyens, et mélange aussi deux catégories, adhérents et électeurs. Deux confusions pour un secrétaire général de l’Elysée, ça fait beaucoup ! Les 8% des syndicats sont leurs adhérents. Que Guéant doit comparer à des adhérents, ceux de l’UMP, par exemple. Ainsi il verrait que les plus de 800 000 adhérents de la CFDT valent bien les 200 000 adhérents de l’UMP. La CFDT à elle toute seule, réunit plus d’adhérents que tous les partis politiques ! Si Guéant veut comparer les électorats, il faut prendre les résultats des élections professionnelles du secteur privé et public. Les élections de comités d’entreprise rassemblent plus de 3 millions de votants et celles des fonctions publiques 2,5 millions de voix. Il faudrait y ajouter les voix des élections des délégués du personnel, non comptabilisées par le ministère du travail. On le voit la comparaison devient autre. L’ancien préfet montre des lacunes...que sans doute beaucoup de ses confrères partagent.

Mais allons plus loin. Opposer la légitimité d’un élu politique et d’une majorité politique à celle des organisations syndicales ou patronales est stupide. L. Jospin avait opposé le même raisonnement dans l’affaire des 35 heures en répondant que c’était dans son programme et que les partenaires n’avaient donc qu’à s’incliner. Or leur fonction est justement d’être des intermédiaires entre un gouvernement et des salariés ou des entreprises, légitimes du fait de leur fonction, non de leurs voix ou de leurs adhérents.

Si le raisonnement de C. Guéant était juste, il suffirait de dire aux agriculteurs qu’ils n’ont qu’à se taire car leur nombre est inférieur à celui des voix de N. Sarkhozy...La démocratie sociale justement, c’est d’accepter que sur les questions qui relèvent des partenaires sociaux, les gouvernements n’opposent pas faussement leur légitimité électorale à la légitimité de fonction des partenaires sociaux.