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Discriminations : les salariés moins inquiets selon une enquête du MEDEF (KANTAR)

samedi 20 novembre 2021

Selon une enquête menée par TNS KANTAR pour le MEDEF [1] , 8 salariés sur 10 considèrent que leur entreprise représente bien la diversité de la société française. Ils sont, toutefois, 45 % à craindre d’être victimes de discriminations sur le marché du travail et encore un peu plus d’un tiers dans leur propre entreprise. Motif de satisfaction du président du MEDEF : ces chiffres sont à la baisse depuis 10 ans. Preuve, selon lui, que « l’entreprise est un lieu de plus en plus inclusif » et le signe qu’un nombre croissant d’entreprises « s’attellent de façon organisée et visible au sujet ». Les chiffres de ce sondage et d’autres recherches montrent pourtant qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour faire face aux discriminations.

L’égalité des chances en entreprise

9 salariés sur 10 et 8 employeurs sur 10 considèrent ce sujet comme important. Si cela a toujours été le cas pour les salariés, cette question est devenue de plus en plus importante pour les employeurs depuis 10 ans (+15 points depuis 2012). Les deux tiers des salariés qui estiment que c’est un sujet important peuvent citer au moins une action menée par leur entreprise. Les salariés concernés citent en premier lieu les accords d’entreprise (33 %) et ensuite les actions de sensibilisation, formation et communication (30 %). Ils pensent aussi que les actions engagées par leur entreprise sont plus efficaces quand elles font l’objet d’un poste dédié et d’une mission spécifique.

L’égalité femmes/hommes en tête des sujets prioritaires

Pour 47 % des salariés, l’égalité entre les femmes et les hommes est un « chantier » prioritaire juste devant l’égalité salariale (46 %) pour avancer vers l’égalité des chances. Viennent ensuite les questions de l’âge (37 %), du handicap (33 %), du diplôme (universitaire ou grande école : 33 %), la couleur de peau (32 %), la diversification des profils (30 %), l’apparence physique (29 %), l’origine sociale (28 %) et l’orientation sexuelle ou l’identité de genre (21 %). Les trajets domicile/travail (18 %), la situation de parent isolé (14 %) ou le lieu d’habitation (11 %) sont moins cités.

La peur d’être victime de discrimination existe toujours

45 % des salariés (-10 points depuis 10 ans) craignent d’être victimes de discriminations sur le marché du travail. Il s’agit principalement des femmes (50 % contre 41% des hommes), des jeunes (56 %) et des habitants de la région parisienne (54 % contre 43 % des provinciaux).

Cette crainte diminue au sein de l’entreprise. Ils sont aujourd’hui encore 35 % à craindre d’être victime de discrimination (-7 points par rapport à 2019). Cette perception est aujourd’hui quasiment partagée autant par les femmes (35 %) que par les hommes (34 %). L’écart est passé de 6 points à 1 point entre 2019 et 2020.

L’âge constitue la première crainte de discrimination à l’embauche (40 %) contre 26 % à l’apparence physique, 24 % pour le sexe et 21 % pour le type de diplôme. Les autres formes de discrimination viennent loin derrière. Par contre, il existe des différences sensibles suivant le sexe. Ainsi 40 % des femmes craignent d’être discriminées en fonction de leur sexe contre 8 % des hommes. L’apparence physique apparaît comme un risque de discrimination pour 29 % des femmes contre 23 % des hommes.

Les hommes craignent plus d’être discriminés pour leurs idées politiques (12 % des hommes contre 7 % des femmes) ou leur engagement militant (9 % contre 3 %). L’orientation sexuelle ou l’identité de genre semblent être plus une crainte pour les hommes (10 % des hommes) que pour les femmes (5 %).
Dans l’entreprise, quoiqu’en baisse depuis 2 ans, l’âge (34 %), l’apparence physique (19 %) et le sexe (16 %) sont aussi les risques les plus importants ressentis par les salariés.

Des statistiques encourageantes mais une réalité probablement plus contrastée

Quoiqu’encourageantes, ces statistiques montrent qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour parvenir à une réelle égalité des chances dans l’entreprise. Geoffroy Roux de Bézieux est dans son rôle quand il souligne les progrès réalisés perçus par les salariés dans les entreprises. La réalité est probablement plus contrastée. Ainsi, le baromètre des discriminations de la CEGOS de décembre 2019 indiquait que 2 salariés sur 3 considéraient avoir été victimes de discrimination dans leur vie professionnelle (voir Clés du social article paru le 5 février 2020 [2]) ou encore, ce qui ne transparaît pas nettement dans l’enquête du MEDEF, que les jeunes des quartiers prioritaires avaient du mal à s’insérer dans l’emploi (voir aussi Clés du social article paru le 12 août 2020 [3]). Quant à l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, elle reste encore loin d’être réalisée.


Source


Notes :

[1Enquête TNS-KANTAR Étude réalisée par TNS Sofres pour le Mouvement des entreprises de France du 23 juin au 9 juillet 2021. Cette enquête a été réalisée en ligne auprès d’un échantillon de 1 502 personnes, représentatif de la population française salariée du secteur privé et âgée de 16 ans et plus. Méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : âge, sexe, taille d’entreprise (à partir de 20 salariés), secteur d’activité (industrie/commerce/services) et région.

[2Clés du social - Diversité : malgré des politiques affichées, encore des discriminations – 5 février 2020 :
https://www.clesdusocial.com/diversite-malgre-des-politiques-affichees-encore-des-discriminations

[3Clés du social - Que deviennent les jeunes des quartiers prioritaires de la ville après leur bac ? 12 aout 2020 :
https://www.clesdusocial.com/que-deviennent-les-jeunes-des-quartiers-prioritaires-de-la-ville-apres-leur-bac