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Les clés du social : La mobilité résidentielle diminue ces 10 dernières années

La mobilité résidentielle diminue ces 10 dernières années

Publié le 25 octobre 2025 / Temps de lecture estimé : 3 mn

On a beaucoup développé l’idée que la crise sanitaire et le télétravail avaient entrainé de fortes mobilités résidentielles, des grandes villes vers des zones moins denses, pour une vie moins stressante. Or, si l’on suit la récente publication du bilan sur 10 ans par l’Insee, il n’en est rien : de 2013 à 2023 la mobilité résidentielle a régressé en France. D’où l’intérêt de voir les chiffres, qui est ou non mobile, et vers où on se déplace.

Une baisse de 15 % de la mobilité résidentielle sur 10 ans

En 2023 5,9 millions de personnes ont changé de résidence principale. C’est 15 % de moins qu’en 2013 où les déménagements avaient été de 6,9 millions. Un tiers sont restés dans la même commune, 38 % sont allés dans une autre commune du même département et 29 % ont connu un déménagement plus lointain vers un autre département voire une autre région. Ce sont les déménagements dans la même commune qui ont le plus diminué (-20 %) tandis que les changements de département n’ont perdu que 9 %.

Si l’on ne sent pas de rupture de taux dans cette évolution en lien avec la crise sanitaire et le développement du télétravail, on constate cependant que lors des années 2019-2021, la distance parcourue a augmenté. En effet, en cas de changement de commune, la distance moyenne était de 88 km en 2019, elle monte à 105 km en 2021.

Qui est mobile ?

Si la baisse de la mobilité concerne presque tous les âges, qui déménage ?

  • À 19 ans, de nombreux jeunes déménagent dans une autre commune, souvent pour suivre dans une autre ville des études supérieures ;
  • De même, de nombreux déménagements se produisent autour de 25 ans, après la fin de leurs études et à la suite de leur insertion professionnelle. C’est à cet âge que l’on constate le taux de mobilité maximum ;
  • De 25 ans au départ en retraite, la baisse de la mobilité est continuelle ;
  • Au moment de la retraite, on retrouve un léger rebond de changements de résidence.

En termes de groupes sociaux, les plus mobiles sont les demandeurs d’emploi et les personnes seules ou sans enfants. On constate d’ailleurs que les chômeurs mobiles sont plus souvent en emploi quelques années plus tard que les non-mobiles. Mais leur mobilité est freinée par la forte hausse des loyers. Quant aux personnes seules, leur taux de mobilité est fort (11,2 % en 2023), avec de la mobilité importante pendant la pandémie. L’arrivée d’un enfant entraine aussi de nombreux changements d’habitat (17,3 %), pour un logement plus grand, mais ce phénomène est en baisse en raison de la chute de la natalité.

Les directions de la mobilité

Pendant cette période, les régions de l’Ouest de la France ont renforcé leur attractivité : la Bretagne en particulier dont la hausse augmente encore au cours des 10 ans, la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie. Les 3 gagnent au moins un demi pour cent par an. La mobilité de l’Île-de-France, déjà négative en 2013 (-0,4 % par an), se dégrade encore entre 2013 et 2023 (-0,84 % par an). Les Hauts de France perdent un peu. Et 2 régions passent d’une mobilité négative à positive : Bourgogne-Franche Comté et Normandie.

Plusieurs pôles urbains denses perdent aussi : Paris (-1,2 % en 2023) mais aussi, avec des pertes moins fortes, Lyon, Lille… alors que les pôles intermédiaires, en forte perte en 2013, ont des soldes migratoires plus élevés en 2023. En fait ces années voient le renforcement de la périurbanisation de l’habitat, tant les communes des couronnes urbaines que les communes rurales périurbaines.

Au final, la moitié des mobilités urbaines se dirigent en 2023 vers des communes de même densité, même si on perçoit une légère augmentation des mobilités vers des communes de densité plus faible, surtout depuis le covid.



Pour conclure, 4 phénomènes participent à expliquer la baisse de la mobilité résidentielle sur ces 10 ans : la baisse de la natalité, mais aussi les contraintes financières, la hausse des coûts du logement et la difficulté à trouver un logement dans beaucoup de zones du pays.


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