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La réforme des retraites vue par les candidats à l’élection présidentielle

mercredi 9 mars 2022

Cette réforme figure à l’agenda de tous les candidats à l’élection présidentielle depuis plusieurs décennies. Le président Macron avait voulu rompre avec les modifications du système, il avait choisi d’organiser un grand chantier pour changer le système : faire une réforme systémique et non plus paramétrique, unifiant les 42 régimes dans un régime unique en points. Échec des négociations et retour au statu quo. Le conseil d’orientation des retraites (COR) prévoit un déficit pour les retraites jusque dans les années 2030. Les futurs candidats préfèrent revenir aux vieilles méthodes, à savoir des mesures d’âge et de durée de cotisations, compensées par une augmentation des petites retraites.

Les retraites représentent le premier poste de la dépense publique, soit 13,5 % du PIB : le système, malgré les réformes déjà engagées en 1993, en 2003, 2010, 2014, restera en déficit pendant quelques années avec l’arrivée du papy-boom, bien que la réforme Touraine prévoie un allongement de la durée de cotisations jusqu’à 43 ans pour l’obtention d’une retraite sans décote. On rajoute un trimestre tous les 3 ans, entre 2020 et 2035 pour atteindre 43 ans entre 2020 et 2035 (172 trimestres pour les personnes nées en 1973 ou après). Pour valider un trimestre il faut avoir cotisé sur un revenu équivalent à 150 heures de Smic, au lieu de 200 heures précédemment (voir les Clés du social https://www.clesdusocial.com/retraites-doit-on-agir-avant-2030-regimes-et-reforme).

  • La charge des cotisations pèse sur le salaire brut des actifs, réduisant le salaire net par rapport au brut.
  • Le niveau de vie des retraités, supérieur aujourd’hui à celui des actifs, diminue automatiquement avec le système actuel. Il s’établira entre 88 % et 92 % de celui des actifs en 2040 et entre 75 % et 83 % en 2070.
  • Comment ne pas laisser une dette aux générations futures ?

Pour l’âge du départ à la retraite, plusieurs options sont choisies par les différents candidats, sachant que le report d’un an génère environ 10 milliards d’économies sans tenir compte des effets secondaires (chômage, minima sociaux, maladie…).

  • Valérie Pécresse (LR), Éric Zemmour (Reconquête) prônent une augmentation progressive à 65 ou 64 ans d’ici à 2030, tout en tenant compte de ceux qui ont commencé à travailler tôt. Zemmour propose un alignement du privé et du public, Pécresse propose de diminuer les cotisations sociales.
  • Anne Hidalgo (PS) et Yannick Jadot (EELV) sont favorables au statu quo avec des variantes. Jadot veut autoriser les transferts de trimestres validés entre conjoints et tenir compte du temps passé auprès des proches ou des associations (aidants).
  • Fabien Roussel (PCF), Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Marine Le Pen (RN) veulent revenir à la retraite à 60 ans après 40 années de cotisations.
  • Pour Marine Le Pen, ceux entrés dans la vie active entre 20 et 24,5 ans partiront entre 60,75 et 62 ans Ce qui supprimerait de fait, d’après elle, les mesures pour les carrières longues et les métiers pénibles. Ceux ayant commencé à partir de 25 ans devront attendre 67 ans.
  • Fabien Roussel veut revenir à un calcul de pension sur les 10 meilleures années dans le privé (au lieu de 25).

Les candidats sont tous d’accord pour revaloriser les petites pensions

  • Valérie Pécresse, Anne Hidalgo et Jean-Luc Mélenchon veulent garantir un versement de retraite au moins égal au Smic.
  • Éric Zemmour prévoit d’augmenter les pensions de réversion qui passerait de 54 % à 75 % de la pension du conjoint décédé.
  • Anne Hidalgo, Marine le Pen veulent revaloriser le minimum vieillesse à 1 000 euros par mois (contre 917 euros actuellement).
  • Anne Hidalgo veut la prise en compte de la pénibilité et rétablir les critères supprimés.
  • Marine le Pen veut rétablir la demi-part des veuves et stopper la réforme Touraine (rester à 62 ans).
  • Yannick Jadot veut anticiper les départs pour ceux qui exercent des métiers pénibles.
  • Fabien Roussel souhaite porter les pensions à 75 % du revenu net d’activité, pour une retraite à taux plein à 60 ans avec une augmentation des cotisations pour les actifs.
  • Jean-Luc Mélenchon veut un retour à la retraite à 60 ans financé par une hausse des cotisations et une hausse des salaires.

Emmanuel Macron n’a pas encore précisé ses réformes. Il ne parle plus de régime universel des retraites. Dans ses discours, il se dit favorable à :

  • 3 régimes de retraites : fonctionnaires, privés, indépendants, avec l’harmonisation des règles privé-public.
  • Travailler plus longtemps, l’âge légal de départ en retraite serait de 65 ans, sauf dispositifs spécifiques (carrières longues et travailleurs « victimes de l’usure professionnelle » : 62 ans, travailleurs handicapés : 55 ans).
  • Fin des régimes spéciaux.
  • Fixation d’un seuil minimal de pension de retraite à 1 100 euros pour les personnes ayant accompli « une carrière complète ».

L’allongement de la durée de cotisation ou le seuil de l’âge de la retraite sont les leviers des réformes privilégiés pour les candidats. Pour beaucoup de ces mesures proposées, les mesures des dépenses sont supérieures aux mesures des recettes. D’après la dernière enquête du COR en janvier 2022 : un Français sur deux estime que l’âge d’ouverture des droits devrait rester à 62 ans, sachant que l’espérance de vie à 65 ans augmente avec le niveau de vie.

La durée espérée de retraite des Français est la plus élevée des pays européens et de l’OCDE avec le plus faible taux d’emploi des personnes âgées de 60 à 64 ans et un âge d’ouverture des droits les plus bas. Avec la baisse, prévue dans le régime actuel, du niveau de vie relatif des retraités, les comportements de départ à la retraite seront-ils plus tardifs ?


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