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Les systèmes de retraites - Comparaison France – Allemagne

jeudi 4 octobre 2012

Les systèmes de retraites allemand et français sont proches dans leurs principes et leurs niveaux de prestations. Mais leurs réponses aux défis actuels, elles, diffèrent.

1. Les systèmes de retraite français et allemand sont proches dans leurs principes, mais différents dans leur organisation

En France comme en Allemagne, le système de retraite repose sur trois piliers : les retraites publiques (1er pilier), les régimes complémentaires d’entreprise (2ème pilier), et les dispositifs d’épargne retraite individuelle (3ème pilier), mais les retraites publiques en constituent le cœur. Cet équilibre pourrait évoluer, l’Allemagne ayant fait le choix de développer au début des années 2000 les retraites par capitalisation.

Dans les deux pays, les régimes de retraite publics sont d’inspiration bismarckienne : il s’agit de régimes de retraite obligatoires contributifs financés en répartition, principalement par des cotisations sociales assises sur les salaires, et qui relèvent d’une logique sectorielle.

Toutefois, le système de retraite allemand a une organisation plus simple : l’assurance légale, en points, est prédominante alors qu’en France le régime général coexiste avec de nombreux régimes, de base et complémentaires, en annuités ou en points, obéissant à des règles différentes.

Dans les deux pays, les pensions versées ont un lien avec les salaires perçus pendant la carrière, tout en intégrant divers mécanismes de solidarité (validation de droits pour maladie, maternité, chômage, minima de pensions).

En France comme en Allemagne, il existe deux concepts d’âge : un âge d’ouverture des droits à partir duquel un assuré peut liquider sa pension et un âge de référence à partir duquel un assuré peut liquider une pension sans pénalité. Ces bornes d’âge seront, après montée en charge des réformes en cours, plus élevées en Allemagne : l’âge d’ouverture des droits y sera compris entre 63 et 67 ans et l’âge de référence y sera de 67 ans, tandis qu’en France, l’âge d’ouverture des droits sera de 62 ans et l’âge de référence sera compris entre 62 et 67 ans. Dans les deux pays, l’âge moyen de cessation d’activité est plus faible que ces âges légaux. Il est particulièrement bas en France (60 ans en 2009), mais proche de l’âge légal, ce qui suggère une transition quasi directe entre emploi et retraite ; il est plus élevé en Allemagne, (62 ans en 2009), mais plus éloigné des âges théoriques de liquidation.

2. Les systèmes de retraite assurent dans les deux pays un niveau de vie élevé et représentent un haut niveau de dépenses publiques

La France et l’Allemagne consacrent une part élevée de leur richesse nationale aux dépenses de pensions (vieillesse-survie), mais la France une part plus importante : respectivement 13,6 % et 12,1 % en 2009, contre 11,7 % dans l’UE à 27. Cela traduit à la fois un niveau de pension plus généreux (le taux de remplacement est plus élevé en France) et une durée passée à la retraite plus élevée (liquidations plus précoces et espérance de vie plus élevée). Le « patrimoine retraite », somme actualisée des pensions de retraite, nettes de prélèvements, qu’un assuré peut espérer percevoir jusqu’à son décès, est ainsi 1,3 à 1,4 fois plus élevé en moyenne en France qu’en Allemagne pour une personne ayant effectué sa carrière au salaire moyen.

Au milieu des années 2000, le revenu moyen des personnes âgées de plus de 65 ans est comparable en France et en Allemagne, autour de 18 500 € par an. Il est, dans les deux pays, essentiellement composé de pensions de retraite, même si les revenus tirés du capital occupent une place deux fois plus importante, et croissante, en Allemagne.

En France comme en Allemagne, le niveau de vie des personnes âgées de plus de 65 ans (qui tient compte de l’ensemble des revenus, de la fiscalité et de la composition des ménages) est comparable à celui de l’ensemble de la population. Le taux de pauvreté des personnes âgées de plus de 65 ans est cependant plus élevé en Allemagne qu’en France.

L’indexation des pensions en France sur l’inflation garantit le maintien de leur pouvoir d’achat. En Allemagne, la règle de revalorisation retenue n’apporte pas une telle garantie. Une clause de sauvegarde empêche toute baisse nominale des pensions, mais pas une baisse réelle. Dans les faits, les pensions allemandes ont, à plusieurs reprises ces dernières années, évolué moins rapidement que l’inflation.

3. France et Allemagne ont choisi d’apporter des réponses différentes aux défis posés par le vieillissement et la crise économique

Les deux pays sont confrontés au vieillissement de leur population, du fait de l’arrivée à la retraite des générations du baby-boom et de l’allongement de l’espérance de vie. Toutefois, le défi démographique est plus important en Allemagne : si les espérances de vie sont proches dans les deux pays, la France bénéficie d’une natalité plus dynamique. La population allemande devrait diminuer sur les 50 ans à venir en raison d’un taux de fécondité et d’une immigration faibles, entraînant une forte dégradation du rapport entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités.

De façon plus conjoncturelle, les régimes de retraite des deux pays ont vu leur situation se dégrader suite à la crise économique de 2008 : les dépenses, exprimées en points de PIB ont augmenté ; les ressources, assises sur la masse salariale, ont baissé.

La France et l’Allemagne ont adopté des stratégies différentes pour répondre à l’enjeu posé par l’équilibre financier de leur système de retraite : réformes systémiques en Allemagne, avec la création d’un régime en point en 1992 et le développement des retraites individuelles privées (ndlr : par capitalisation) depuis 2003 ; succession de réformes paramétriques en France depuis 1993.

Dans les deux pays, les trois leviers d’ajustement du système de retraite ont été mobilisés - apport de ressources, âge de liquidation et niveau des pensions -, tout en évitant de relever trop les cotisations sociales pour ne pas peser excessivement sur le coût du travail. L’Allemagne a alterné mesures d’âge (en 1992 et 2007) et modération des pensions (2001 et 2004). En France, depuis la réforme de 1993 qui reposait largement sur le niveau des pensions et leur progression, les dernières réformes ont privilégié le recul de l’âge de liquidation (2003 et 2010).

Les deux pays ont connu de nombreuses réformes et ont tenté d’intégrer des facteurs d’ajustement automatique (intégration d’un facteur démographique dans la formule de revalorisation des pensions en Allemagne, indexation de la durée de référence sur les gains d’espérance de vie en France). L’Allemagne s’est dotée d’un cadre de pilotage de son système de retraite en s’imposant des contraintes de taux de cotisation, de taux de remplacement et de niveau de réserves.


PS :

Extrait de : Les Cahiers de la DG Trésor – n° 2012-01 – Août 2012 https://www.tresor.economie.gouv.fr/File/374396