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Métiers en tension : le nécessaire dialogue avec les branches professionnelles

mercredi 14 décembre 2022

Les métiers en tension occupent l’actualité avec les doléances des entreprises quant à leurs difficultés de recrutement ou même la future loi sur l’immigration. Mais c’est un sujet déjà ancien et plus large. À preuve la remise récente du rapport de Philippe Dole, inspecteur général des affaires sociales, « Résoudre les tensions de recrutement : bilan de la démarche systémique engagée par six branches professionnelles » au ministre du Travail. Les six branches sont les transports routiers, la boulangerie et pâtisserie artisanale, la boucherie, la charcuterie de détail et traiteur, la métallurgie, le conseil et numérique. Cette mission a permis l’établissement de diagnostics partagés et de propositions d’actions débouchant sur des engagements précis de ces six branches sous forme de chartes.

Qu’est-ce qu’un métier en tension ?

C’est en 2008 que le gouvernement a mis en place la liste des métiers en tension et les procédures ouvertes aux ressortissants des pays non-membres de l’Union européenne pour les occuper. Cette liste correspond environ à une trentaine de métiers, de secteurs et elle est fixée par décret. Elle a une déclinaison régionale pour tenir compte des caractéristiques de l’économie. Elle a été actualisée en 2021 et publiée le 1er avril dans le Journal Officiel. C’est dans le cadre de l’agenda social défini par le gouvernement que les organisations patronales avaient demandé d’inscrire le chantier visant la résorption des difficultés de recrutement.

L’utilité du rapport sur la démarche de six branches

Ce rapport tombe à pic. Son objectif avait été fixé en avril 2021 par Elisabeth Borne, alors ministre du Travail. Il était de « créer les conditions pour que les partenaires et les acteurs des services publics de l’emploi, de l’éducation, de la formation et de l’orientation agissent de concert pour élaborer des plans d’actions ». Il s’est traduit par l’établissement de diagnostics partagés et de propositions d’actions débouchant sur des engagements précis. L’approche s’est voulue globale. La promotion des métiers, la préparation des jeunes et adultes disponibles pour un emploi, l’action sur la qualité de vie au travail, la consolidation des liens avec l’école et avec le service public de l’emploi de manière à accompagner les branches.

L’implication des branches et la place du dialogue social

Le rapport insiste sur les leviers structurels dont disposent les branches pour améliorer l’attractivité des métiers. Leurs prérogatives renforcées par la réforme de 2018 ouvrent un large champ au dialogue social. Outre les rémunérations, les classifications et les conditions de travail, elles interviennent également en matière de certification et de la politique de financement de l’apprentissage. Au cours de la mission, des négociations au sein des branches ont ainsi été conduites. C’est le cas de la métallurgie qui a conclu une nouvelle convention collective intégrant la qualité de vie au travail, de la branche du conseil sur la distribution de valeur ou encore des transports sur les rémunérations et sur les garanties contractuelles et de prévoyance.

Les dispositions des chartes signées, dans le détail

Des chartes ont été signées par les partenaires sociaux des six branches (transports routiers, boulangerie et pâtisserie artisanale, boucherie, charcuterie de détail et traiteurs, métallurgie, conseil et numérique) avec les ministres concernés avec des objectifs et des engagements partagés dont voici le premier bilan.

  • Les négociations conduites au sein des branches portent notamment sur les rémunérations, les classifications, la protection sociale.
  • Le resserrement des liens des branches avec Pôle Emploi. La croissance significative du dépôt des offres d’emploi enregistrées, des mises en relation (+26 % entre 2019 et 2022), des entrées en formation, est significative. De même les missions locales enregistrent une forte croissance des entrées en formation dans les métiers ciblés.
  • Les branches ont su nouer un dialogue constructif avec le ministère de l’Éducation nationale, portant sur les certifications, comme sur la formation des enseignants et professionnels de l’orientation.
  • L’ANACT a lancé une démarche d’accompagnement des secteurs des transports et du numérique sur les questions d’aménagement des conditions et des temps de travail.

Enfin, le rapport esquisse onze recommandations concrètes que l’on retrouve dans les chartes négociées comme la diffusion des travaux des observatoires de branches auprès des acteurs de l’emploi, une représentation territoriale des branches, la prise en compte des leviers d’attractivité des métiers dans les négociations collectives…

En guise de conclusion, le rapport préconise notamment un dialogue social renforcé au sein des branches et une meilleure coordination avec les acteurs publics de l’emploi tout en indiquant qu’« aucun acteur ne saurait détenir à lui seul la solution ». D’ores et déjà Régions de France, l’association qui regroupe toutes les régions de France, s’est engagée dans un cycle de discussions sur les « freins à l’emploi » avec les partenaires sociaux, par exemple ceux liés aux problèmes de logement, de santé ou encore de garde d’enfants. Les discussions devraient démarrer avant la fin 2022 et se poursuivre en 2023.


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