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Programmes économiques des deux candidats à l’élection présidentielle

samedi 29 avril 2017

Une note de l’OFCE, du 16 avril 2017, analyse les programmes économiques des deux candidats au deuxième tour de l’élection présidentielle. L’analyse porte sur quatre thèmes, qui seront les enjeux économiques du prochain quinquennat. Le premier (sans préjuger de l’ordre d’importance) est le rétablissement des comptes publics, qui conditionne le respect des engagements européens, et éventuellement la sortie du cadre actuel. Le deuxième est le pouvoir d’achat des ménages et la réduction des inégalités, ce qui inclut la réduction du chômage. Le troisième porte sur la compétitivité et la capacité exportatrice de la France. Enfin, le dernier thème, loin d’être le moins important, est celui de la transition énergétique et du climat.

Les mesures économiques annoncées

Certaines sont communes aux deux candidats comme la baisse des cotisations sociales et patronales, la suppression ou la réforme du RSI (le régime social des indépendants), le gel ou la suppression de la taxe d’habitation, la réduction d’impôts pour les entreprises, des mesures fiscales en faveur des ménages, un meilleur remboursement des soins de santé.

 Emmanuel Macron, en pro-européen, propose d’approfondir la construction européenne pour compléter la zone euro qui est inachevée. D’un côté, il propose un « budget pour la zone euro avec 3 fonctions (investissements d’avenir, assistance financière d’urgence et réponse aux crises économiques) » et la construction de l’embryon d’un gouvernement économique de la zone euro (ministre euro et parlement européen de la zone euro).

Il veut utiliser les gains attendus du retour de la croissance pour améliorer la situation des agents économiques face au risque de rester dans une phase de croissance modérée. Il veut lancer un grand plan d’investissement de 50 milliards d’euros sur le quinquennat sans que le détail de la montée en charge et la nature des projets ne soient précisés. Il veut alléger la règlementation des entreprises et donner plus de pouvoir à la négociation dans l’entreprise, réduire le déficit public et répondre aux normes européennes. Il veut créer une assurance chômage universelle gérée par l’État et non plus par les partenaires sociaux et refonder les systèmes de retraites dans un modèle unique de « retraites à points ».

 Marine Le Pen veut la mise en place d’un protectionnisme économique. Elle compte financer son programme sur les économies faites sur la fin des contributions à l’Europe, les mesures de protection des immigrés (fin de l’AME, aide médicale de l’Etat, taxes sur l’embauche des travailleurs étrangers) et des recettes récupérées par un meilleur contrôle de l’évasion fiscale.
Elle veut la sortie de l’euro pour la France. Outre le peu de vraisemblance des économies proposées, ce programme, qui se fonde sur la sortie de l’euro, sur le retour à des barrières douanières sur les biens et les personnes, ne tient pas compte des conséquences négatives du retour à une monnaie nationale et des réactions en chaîne de nos partenaires commerciaux face à une telle politique. Ce serait la hausse des prix pour de nombreux produits importés. « Les salariés modestes, les peu qualifiés, les « oubliés » de la France rurale et périurbaine, tous réunis dans un « peuple » idéalisé par la rhétorique populiste, auraient en réalité tout à y perdre. Ce projet conduirait notre pays à sa perte en trahissant tout à la fois ses intérêts matériels, sa cohésion sociale et son identité morale », selon le think tank Terra Nova.

Le cadrage budgétaire des candidats

  • Taux de croissance moyen sur le quinquennat en % du PIB : chiffres issus des programmes des candidats : Le Pen (2,1 % ?), Macron (1,7 %). Selon le cadrage de l’OFCE sur les perspectives économiques au cours du prochain quinquennat, la croissance française attendue serait en moyenne de 1,6 %. Elle s’inscrit dans le cadre des ajustements budgétaires issus du Pacte de stabilité, qui représentent un effort budgétaire structurel de 1,6 point de PIB sur la période 2017-2022.

Dans une configuration où le scénario de sortie de l’euro est central dans le programme économique, ce qui est le cas pour M. Le Pen, tout cadrage macroéconomique perd de son sens car l’essence même de ces études sur les comparaisons est de border les évolutions économiques dans un environnement stable. L’objectif de déficit public en 2022 d’E. Macron (-1 %) semble, bien qu’un peu trop positif, à peu près cohérent au regard de la croissance attendue et des mesures budgétaires annoncées par le candidat

  • Politique budgétaire sur le quinquennat, chiffres issus des calculs de l’OFCE sur la base des informations contenues dans les programmes des candidats :
    • a- Variation du taux de prélèvement obligatoire en % du PIB : OFCE (-0,2 %), Le Pen (+0,1 %), Macron (-0,9 %) ;
    • b- Dépenses publiques (variation structurelle en % du PIB) : OFCE (-1,8 %), Le Pen (+0,6 %), Macron (-1,7 %) ;
    • c- Solde public structurel a-b (variation en % du PIB) : OFCE (+1,6 %), Le Pen (-0,5 %), Macron (+0,8 %).

Le programme de Marine Le Pen a des propositions budgétaires contradictoires comme des baisses de taxes pour les PME mais une hausse de la taxation sur les travailleurs étrangers.

  • Finances publiques en 2022 en % du PIB, chiffres sur la base du programme pluriannuel des finances publiques du PLF 2017, en cohérence avec la trajectoire recommandé du Programme de stabilité 2007-2012 :
    -**Solde public : OFCE (-1,1 %), Le Pen (-1,3 %), Macron (-1 %)
    -**Dettes publiques : OFCE (89 %), Le Pen (89 % ?), Macron (93 %).

Le programme d’Emmanuel Macron est en adéquation avec les règles du pacte de stabilité, il présente une trajectoire de consolidation budgétaire.

  • Taux de chômage en 2022 en %, chiffres issus du programme des candidats : OFCE (7,7 %), Le Pen ?, Macron (7 %).

Marine Le Pen ne parle pas de chômage car d’après elle tous les Français auront un emploi payé 1 500 euros au minimum.

Les propositions relatives à l’environnement

Aucun des deux candidats ne remet en cause la loi sur la transition énergétique et la croissance verte. Les divergences s’établissent sur les modalités d’application de la loi et sur l’avenir de la filière nucléaire. Pour Marine Le Pen : + de 75 % de nucléaire et refus de fermer Fessenheim. Pour Emmanuel Macron : 50 % de nucléaire et fermer Fessenheim.

Marine Le Pen ne chiffre pas ses engagements en matière de transition énergétique, elle souhaite recourir à des éco-prêts à taux zéro contractés directement auprès de la Banque de France.

Emmanuel Macron souhaite investir 15 Mds€ pour la transition sur l’ensemble du quinquennat, il prévoit d’investir 4 Mds dans la rénovation des bâtiments publics et de lever un fonds public de 4 Mds pour aider les propriétaires modestes à rénover leurs logements.

Le flou sur certaines mesures et les conséquences d’une sortie de l’euro ne permettent pas une évaluation complète des programmes. Ce sont donc des appréciations partielles des effets des programmes des candidats.


Références :