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« Un appel des solidarités » pour peser sur la présidentielle

samedi 8 avril 2017

Malmené, exploité, incompris par les uns, stigmatisé par les autres, le concept de solidarité peine à s’imposer dans une période marquée par la crise et la peur. Aussi « l’appel des solidarités » lancé par près de 80 associations et ONG est bienvenu pour dire stop à la stigmatisation de nombreuses personnes, au rejet des pauvres et des migrants et inciter les candidats à l’élection présidentielle à faire de la lutte contre les inégalités la pierre angulaire de leurs propositions. Présentation du programme de la majorité des candidats sur ce thème (les autres candidats n’ont pas communiqué).

Une campagne jusqu’au 21 avril.

À quelques jours de l’élection présidentielle, l’objectif est de pousser les politiques à faire de la solidarité la pierre angulaire de leurs actions. Le collectif pose celle-ci comme « une condition à la paix sociale » et non une « option ». Parmi les priorités mises en avant dans l’appel, « la lutte contre les inégalités y compris écologiques, contre la fraude, l’évasion fiscale, l’impunité des banques, des politiques ou des multinationales ». Le collectif a demandé que les solidarités deviennent le 1er critère dans le choix des politiques générales.

Parmi ces ONG figurent le WWF, Greenpeace, la Fondation Abbé Pierre, Les Petits frères des pauvres, Action contre la faim, Médecins du monde, le Secours catholique, le Secours islamique, la fondation Nicholas Hulot, ACLEFEU, APF ou SOS Racisme…

Les chiffres du déficit de solidarité en France (fournis par le collectif)

  • Depuis la crise de 2008, 1 million de personnes ont basculé dans la pauvreté.
  • La pauvreté touche un Français sur sept. Un jeune sur cinq vit sous le seuil de la pauvreté.
  • Le taux de chômage chez les jeunes de 15-24 ans atteint 40% dans les quartiers défavorisés.
  • Les élèves issu.e.s de familles défavorisées sont trois fois plus susceptibles d’être en échec scolaire.
  • On dénombre 600 000 logements indignes et 4 millions de mal-logés.

Un sentiment d’abandon qui favorise les extrêmes

L’UNIOPSS (union d’associations sanitaires et sociales) qui représente 750 000 salariés et un million de bénévoles, par la voix de son président M. Doutreligne, a indiqué « les gens ressentent de l’abandon. En dehors des grandes villes et métropoles, ils ont le sentiment que le train passe sans s’arrêter pour eux ». Et ce sentiment « est exploité par les extrêmes ». L’Uniopss propose depuis longtemps d’améliorer « l’accès de tous aux droits, aux soins, et aux ressources » ainsi que l’établissement « d’un socle européen des droits sociaux ».

Un climat malsain qui fait rimer assisté avec détesté

En 2011, le ministre des affaires européennes, Laurent Wauquiez, avait scandalisé en considérant que les « dérives de l’assistanat » étaient « le cancer de la société française ». Depuis, ce mot a fait flores et s’il faut noter, comme l’indique l’économiste Eloi Laurent, professeur à Sciences Po et à l’université de Stanford, que « stigmatiser les plus pauvres en temps de crise est une stratégie vieille comme le monde », on assiste aujourd’hui à un relâchement face à des comportements et des mots qui n’auraient pas été tolérés à certaines époques. Pour certains c’est la conséquence de l’augmentation de la précarité qui crée de la peur. Ainsi, le CREDOC a vu à partir de la crise de 2008 un durcissement du regard des Français sur les pauvres. Pour d’autres, à l’heure de la crise et des politiques d’austérité il serait bon de remettre en question les aides au motif qu’elles pousseraient les bénéficiaires à s’en contenter. Le Front National fait son lit de ce sentiment et encourage ce type d’expressions : « les étrangers et les exclus on les assiste et les Français qui travaillent, on les aide pas ». Les pauvres, les exclus et la cohésion nationale sont les victimes de la surenchère politique à droite sur ces sujets.

L’ « assistanat » n’est pas délibéré

Plus des deux tiers des personnes de 15 ans ou plus en situation de pauvreté ont un emploi ou en cherchent un. Par ailleurs, les allocataires ne s’installent pas dans les dispositifs d’aide. La population bénéficiaire du RSA socle se renouvelle d’un tiers tous les ans. Enfin, une personne sur deux pouvant toucher le RSA ne le demande pas, souvent volontairement, que ce soit par crainte d’être mal jugée ou par désir d’autonomie.

Les candidats face aux enjeux de la solidarité, leurs différentes propositions

Benoît Hamon

B Hamon veut créer un revenu universel d’existence (RUE). Il permettra, dans une première étape, d’augmenter, automatiquement, le revenu des actifs, ouvriers, employés, indépendants, chômeurs et étudiants dont les revenus sont inférieurs à 2 200 euros net, et prioritairement ceux dont les moyens sont les plus faibles. Une conférence sociale programmera ensuite les étapes suivantes pour permettre la généralisation progressive du RUE à l’ensemble des Français et son augmentation à 750 euros.

Emmanuel Macron

E Macron veut créer un versement social unique et automatique pour lutter contre le non-recours aux aides sociales. Toutes les prestations (APL, RSA, prime d’activité, etc.) seront versées automatiquement le même jour du mois, un trimestre au plus tard après la constatation des revenus (contre jusqu’à deux ans aujourd’hui), pour que chacun puisse toucher aussi vite que possible ce à quoi il a droit.

Jean-Luc Mélenchon

J-L Mélenchon veut créer une « garantie dignité » en revalorisant les minima sociaux (aucun niveau de vie en dessous du seuil de pauvreté).

Philippe Poutou

Tout travailleur en dehors de l’emploi percevra un revenu au moins égal au SMIC, de même que toutes celles et tous ceux dont l’état de santé ne leur permet pas de travailler.

Nathalie Arthaud

N Arthaud veut transformer en salaire les allocations et les minima sociaux.

Jacques Cheminade

J Cheminade veut étendre l’automatisation du versement du RSA pour tous ceux qui ont le droit d’en bénéficier et souhaite accorder le RSA aux jeunes à partir de 16 ans, l’âge pour lui de la majorité électorale et pénale.

François Fillon

F Fillon veut regrouper plusieurs aides en une allocation unique : revenu de solidarité active, allocation spécifique de solidarité, prime d’activité, ainsi qu’allocation logement. Le montant maximal alloué sera strictement plafonné afin que les revenus du travail soient toujours supérieurs à ceux de l’assistance.

Marine Le Pen

M Le Pen compte inscrire la préférence nationale dans la Constitution. Elle a déclaré que « pour sauver le système de solidarité nationale, il faut le réserver aux Français ».


Sources