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Abandons de poste : combien de salariés concernés ?

samedi 15 avril 2023

C’est un sujet « surprise » qui a surgi lors de la dernière réforme de l’assurance chômage adoptée fin 2022 au Parlement après proposition du groupe Les Républicains : les abandons de poste, dont un nombre important ne pourra plus prétendre désormais à l’indemnisation chômage. Cette question était jusqu’à présent peu documentée. Une enquête de la DARES (ministère du Travail) vient combler cette lacune et montre qu’il s’agit d’un phénomène significatif en France. Au 1er semestre 2022, environ 70 % des licenciements pour faute grave ou lourde dans le secteur privé sont motivés par un abandon de poste. Qui sont ces salariés, quel nombre est concerné et que deviennent-ils ? Éléments de réponse.

La loi change la donne

La réforme de l’assurance-chômage adoptée par le Parlement en décembre 2022 assimile désormais un abandon de poste sans raison valable à une démission. Or, dans la règlementation de l’UNEDIC, seules les démissions légitimes (mariages, mutation du conjoint, échec dans la création d’une entreprise, violences conjugales…) pourront ouvrir des droits.

L’article 4 de la loi n° 2022-1598 du 21 décembre 2022 prévoit une modification du traitement des salariés qui abandonnent leur poste. Après une mise en demeure de leur employeur, les salariés seront désormais considérés comme démissionnaires et ne pourront donc plus ouvrir un droit à l’assurance chômage.

Des chiffres

123 000 salariés du privé (dont 116 000 en CDI) ont abandonné leur poste au cours des six premiers mois de 2022. Les milieux patronaux, surtout dans les TPE et PME, avaient alerté sur le phénomène grandissant.
Quitter son poste sans avoir prévenu ou obtenu l’autorisation de son employeur est considéré comme un abandon de poste. Précédemment il pouvait donner lieu à un licenciement ou une rupture anticipée de CDD pour faute grave ou lourde et permettait potentiellement d’ouvrir un droit à l’assurance chômage. Au premier semestre 2022 les abandons ont entrainé plus de 70 % des licenciements pour faute grave ou lourde sur la période, précise la Dares.

Quels secteurs et quel devenir des personnes concernés ?

Le commerce, le transport et l’entreposage sont les secteurs d’activité les plus touchés dans les six premiers mois de 2022 totalisant 41 000 abandons de CDI et 7 000 salariés de CDD.
Pour ceux qui ont quitté un CDI, plus de la moitié (55 %) se sont inscrits à Pôle emploi dans les trois mois qui ont suivi leur décision. Et 43 %, soit environ 50 000 personnes, ont ouvert des droits à l’assurance-chômage.
37 % ont retrouvé un emploi dans un délai de trois mois. Parmi ceux-ci, 30 % ont retrouvé un CDI. Ce niveau de retour à l’emploi est identique à celui des salariés qui négocient une rupture conventionnelle et sont éligibles à l’assurance chômage, rappelle la Dares. Il est, cependant, « nettement inférieur à celui des démissionnaires (69 %) qui ne sont pas indemnisés » ce qui tend à conforter les partisans du durcissement des règles de l’assurance-chômage.
Cependant à rebours de cette opinion, il faut noter que près d’un quart des personnes (24 %) n’étaient ni en emploi salarié ni inscrites à Pôle emploi dans les trois mois suivant leur licenciement.

En conclusion, il est indéniable qu’il y a là un phénomène significatif mais l’enquête ne nous indique pas s’il s’agit d’un phénomène en augmentation constante et ne nous renseigne pas sur les raisons d’agir des salariés concernés. Il serait intéressant de recouper ces conclusions avec les analyses qui concernent les métiers dits en tension et le problème plus général des conditions de travail et des rémunérations.


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