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Les clés du social : Un jeune sur quatre souhaite changer de métier

Un jeune sur quatre souhaite changer de métier

Publié le 25 juin 2025 / Temps de lecture estimé : 4 mn

L’enquête Génération du CEREQ sur le suivi des 6 premières années de vie active des jeunes confirme qu’un quart des sortants de formation initiale en 2017 a envisagé de changer de voie et a engagé des démarches dans ce sens entre 2020 et 2023.

L’enquête s’appuie sur les données réalisées en 2023 sur la base de l’enquête 2017. Elle suit les primo-sortants 2016-2017 sur 6 ans. Première interrogation en 2020, puis en 2023, de 9 000 jeunes. En 2020, on s’intéresse aux jeunes ayant déclaré s’être engagés dans une démarche de réorientation et avoir répondu à ces deux questions :

  • Depuis mars 2020, avez-vous envisagé ou réalisé une réorientation professionnelle ?
  • Avez-vous engagé des démarches en lien avec ce projet ?

Ce phénomène touche particulièrement les jeunes en difficulté d’insertion, mais concerne des profils variés. Motivées par la quête de sens, de meilleures conditions de travail ou l’attrait pour un nouveau domaine, ces orientations s’avèrent positives lorsqu’elles sont menées à terme.

Les premières années de vie active ne sont pas synonymes des mêmes dynamiques pour tous les jeunes : période de stabilisation pour les uns ou les unes, début d’une carrière ascendante pour d’autres, ces premières années peuvent être aussi celles de mobilité d’emploi fréquente et inciter parfois à une redéfinition du projet professionnel et à un changement de métier.

La question des réorientations se pose avec acuité pour la génération sortie du système scolaire en 2017, confrontée aux crises sanitaire et économique liées au Covid-19, sources de déstabilisation et de remise en cause des situations professionnelles :

  • Interrogés fin 2020 sur les possibles effets de la crise, un tiers de la Génération répondait avoir envisagé une réorientation professionnelle, en partie par peur de perdre leur emploi.
  • En parallèle, et parfois en lien avec cette crise, des travaux font l’hypothèse d’un déplacement des valeurs et des normes d’emploi et de travail d’une jeunesse en quête de sens, et d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
  • Ce déplacement produirait des réorientations précoces et modifierait le sens assigné au travail avec la question de l’utilité des emplois, de leur soutenabilité en lien avec la crise écologique. On ne compte plus les récits de jeunes très diplômés qui abandonnent une carrière prometteuse pour un métier manuel, de préférence à la campagne.

Se réorienter, surtout pour changer de métier :

  • 93 % des jeunes ayant entrepris des démarches l’ont fait pour changer de métier.
  • 83 % pour évoluer vers un autre secteur.
  • 50 % souhaitent changer de statut (salarié vers indépendant ou inversement).
  • 30 % envisagent de changer de lieu de vie.
  • 77 % pour donner davantage de sens à leur travail
  • 67 % pour mieux concilier vie familiale et professionnelle.
  • 58 % pour augmenter leur rémunération.

Se réorienter après des difficultés d’insertion : les jeunes éloignés du marché du travail s’engagent plus fréquemment dans des démarches de réorientation professionnelle, influencées par les trajectoires professionnelles et le diplôme mais aussi par des facteurs tels que l’état de santé, la situation familiale, l’origine sociale qui, toutes choses observées égales par ailleurs, jouent également un rôle important. La parentalité diminue la probabilité de réorientation professionnelle.

Emploi occupé en 2020, 3 ans après la sortie des études Part des jeunes déclarant ne pas se réaliser professionnellement, être dans un emploi ne correspondant pas à leur formation Part des jeunes ayant engagé des démarches de réorientation (en %)
Agriculteur 7 25
Cadre 3 16
Profession intermédiaire 7 19
Employé-e peu qualifié-e 31 28
Ouvrier-ère peu qualifié-e 30 20
Ouvrier-ère qualifié-e 11 20
Ensemble des jeunes en emploi en 2020 11 21

Soit 530 000 individus de la génération occupant un emploi trois ans après la sortie des études (72 % de la génération). Tableau issu de la publication du Cereq

Se réorienter pour échapper à l’insatisfaction : les jeunes en emploi qui cumulent le ressenti de ne pas se réaliser dans leur emploi et d’occuper un emploi jugé non conforme à leur formation initiale sont à 42 % les plus enclins à se réorienter :

  • Les non-diplômés et ceux titulaires uniquement d’un bac général ou professionnel sont les plus nombreux à partager ces deux ressentis et à envisager une réorientation.
  • Les diplômés de l’enseignement supérieur sont les plus nombreux (48 %) à souhaiter se reconvertir lorsque c’est le cas.
  • Les cadres manifestent moins ce désir de se réorienter (16 %).

Les personnes engagées dans une réorientation professionnelle mobilisent une grande variété de démarches pour concrétiser leur projet : reprise d’études, recours au conseil en évolution professionnelle, mobilisation de son compte personnel de formation, inscription à une mission locale, à Pôle emploi. Ces transitions sont sources d’instabilité au sein même de l’emploi. Plus de la moitié des réorientés ont quitté une situation d’emploi stable (EDI), contre un quart des jeunes n’ayant pas engagé de démarches.

Des conséquences positives pour les démarches menées à terme. En 2023, au moment de l’enquête, 18 % des jeunes ayant activement cherché à se réorienter considèrent que leurs démarches ont abouti et 23 % les ont suspendues ou abandonnées.

La quasi-totalité des personnes (92 %) sont en emploi au moment de l’enquête 6 ans après la fin des études, soit une proportion plus élevée que parmi celles qui n’ont pas souhaité se réorienter. 95 % se disent pleinement satisfaites dans leur emploi en 2023 alors qu’elles n’étaient que 71 % en 2020.


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