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Emploi éclaté, près d’un salarié sur 10

samedi 10 avril 2021

Un emploi « éclaté » est caractérisé par le cumul ou la discontinuité des emplois sur une année. Ces emplois qui ne répondent plus à un employeur unique tendent à se multiplier. Le CEREQ (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) analyse dans une étude récente comment les salariés concernés se forment moins que les autres alors que, pour nombre d’entre eux, ce serait indispensable. Cette situation est d’autant plus dommageable que la crise sanitaire frappe de plein fouet les secteurs dans lesquels ils travaillent. Emploi éclaté, précarité et formation, comment sortir du cercle vicieux alerte le CEREQ ?

Près d’un salarié sur 10 est concerné

Pour le CEREQ, près d’un salarié sur 10 est en « emploi éclaté durablement précaire » depuis plus d’un an dans le secteur marchand. Le Centre s’appuie sur l’enquête Defis et des déclarations annuelles des données sociales des entreprises (2014/2015).
Pour les auteurs cette population, plus jeune et plus féminisée, est au cœur des enjeux de sécurisation des parcours professionnels.

  • 35 % de ces salariés ont au plus 30 ans contre 23 % pour l’ensemble des salariés dans le champ de l’enquête Défis.
  • Les plus de 50 ans y sont relativement moins nombreux (18 % contre 24% pour l’ensemble des salariés).
  • Les femmes y sont surreprésentées : 54 % contre 48 % pour l’ensemble des salariés. Cette surreprésentation tient au caractère peu valorisé des emplois très féminisés, particulièrement les moins qualifiés. C’est tout l’enjeu des débats actuels sur la revalorisation salariale des salariés de la deuxième ligne particulièrement actifs pendant la pandémie.

Pour une majorité des salariés concernés, cet éclatement de l’emploi génère une précarité persistante.

Les secteurs concernés

Ces emplois sont concentrés dans le tertiaire en particulier dans les secteurs des services administratifs et de soutien (48 % contre 12 % pour l’ensemble), dans celui de l’éducation, de la santé et de l’action sociale (36 % contre 12 %) ou encore dans l’hôtellerie-restauration (12 % contre 6 %). Dans ces secteurs la flexibilité du travail est largement répandue : morcellement des temps de travail, contrats à durée limitée...

Le régime de travail

90 % des salariés concernés ont exercé au moins un emploi à temps partiel sur la période 2014-2015 contre seulement 36 % pour l’ensemble des salariés. De manière générale ils subissent des temps de travail réduits et des incertitudes face à leur avenir professionnel (de quoi demain sera fait !). La crainte de perdre leur emploi est forte. Ils perçoivent de plus faibles rémunérations que la moyenne des salariés. Leur salaire horaire net médian est inférieur de 15 % à celui des autres.

Une aspiration forte à la formation mais un accès réduit

Leur aspiration à la formation est très proche de l’ensemble des salariés. Mais ils ne sont que 17 % à exprimer une demande contre 29 % pour l’ensemble des salariés. Plus d’un tiers d’entre eux déclare ne pas être informés des possibilités de formation. Sur la période 2014/2015, un salarié en emploi éclaté durablement précaire s’est formé 1,5 fois moins que les autres salariés.

L’impact de le crise sanitaire et économique

Le CEREQ met en avant que la crise sanitaire et économique touche particulièrement les secteurs où l’emploi éclaté durablement précaire est le plus présent. Elle aggrave de fait les situations des salariés qui y travaillent : seniors en fin de carrière mais aussi particulièrement les jeunes, les étudiants dont les ressources dépendent des petits jobs, ceux tout juste sortis du système scolaire et entrant dans un marché du travail dégradé...

La crise sanitaire pose déjà un problème de sécurisation des parcours professionnels de ces personnes. Dans ce cadre, l’accès aux formations susceptibles d’améliorer leur situation professionnelle est un des principaux enjeux. Le centre plaide pour que le compte personnel de formation et de manière générale la portabilité du droit individuel à la formation constituent une des réponses aux besoins de formation de ces salariés.

Il conviendrait aussi de réorienter les programmes PIC (plans d’investissement dans les compétences 2018/2022) en lien avec les politiques des Conseils régionaux et de ne pas oublier ces personnes lors des programmes Transco (transitions collectives) qui vont se mettre en place dans les territoires.
Du travail pour les militants syndicaux qui siègent dans ces instances !


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