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Intégration professionnelle des réfugiés : en progrès mais encore trop de difficultés

samedi 22 octobre 2022

L’intégration professionnelle des réfugiés progresse mais fait encore face à beaucoup de difficultés. C’est ce qui ressort d’une étude lancée par le comité scientifique de l’évaluation du plan d’investissement dans les compétences (PIC) et le ministère de l’Intérieur. Une étude qui est la synthèse de huit monographies départementales portant sur la période 2018-2021.

Les réfugiés qui sont-ils ?

Ce sont des personnes qui sont accueillies au titre du droit d’asile et sont bénéficiaires d’un titre de séjour d’au moins un an. Ils représentent 13 % des primo-entrants sur le territoire français. Leur origine varie suivant les périodes. En 2018-2021, ce sont pour l’essentiel des Afghans. Ce sont plutôt des hommes assez jeunes non francophones et souvent d’un niveau scolaire peu élevé. 46 % d’entre eux n’ont pas dépassé le niveau de l’enseignement primaire.

Le plus grand nombre a accédé à l’emploi par l’intermédiaire de relations ou sur recommandation. 15 % seulement sont passés par le service public de l’emploi.

Des avancées dans la politique d’intégration professionnelle des réfugiés

L’étude fait état de progrès réalisés dans ce domaine mais ne cache pas les difficultés rencontrées.

Tout d’abord, la mobilisation du service public de l’emploi « semble en marche » cite l’étude. Elle met en valeur les progrès réalisés par les missions locales qui développent des mesures spécifiques pour les réfugiés. Elles se sont plus professionnalisées et deviennent plus souvent des prescriptrices des programmes nationaux.

L’offre de formation s’est beaucoup développée et diversifiée avec un travail de recensement et de coordination effectué par les directions départementales de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS). Par ailleurs, les formations linguistiques à visée professionnelle semblent correspondre à un besoin, surtout si elles sont rémunérées. Ces formations se situent souvent à la suite des cours suivis dans le cadre du contrat d’intégration républicaine (CIR), dispensés pour mieux s’approprier les valeurs de la République et de la société française.

La mobilisation des entreprises progresse aussi notamment au travers du programme « HOPE » (Hébergement Orientation Parcours vers l’Emploi). C’est le cas notamment des entreprises qui ont une fibre sociale ou humanitaire mais aussi de celles qui sont confrontées à des difficultés de recrutement.

Certains dispositifs en matière d‘insertion professionnelle favorisent la coordination des acteurs ou encore donnent lieu à des innovations d’ingénierie en matière de ressources humaines.

Mais les difficultés sont nombreuses

L’étude cite parmi elles la faible implication des collectivités territoriales qui entraient dans le périmètre d’étude, mises à part quelques grandes villes (Paris, Rennes et Marseille plus récemment). Les Conseils régionaux, pour leur part, hésitent entre l’utilisation des dispositifs généraux comme l’Île-de-France ou PACA ou la mise en place de mesures spécifiques comme en Bretagne avec le programme « Prépa-avenir » ou l’Occitanie.

Il manque aussi des moyens pour réaliser des diagnostics au niveau départemental en l’absence de données objectives.

En matière de formation, l’offre linguistique semble mal connue des prescripteurs de l’accompagnement. Les formations de l’Office français de I’immigration et de l’intégration (OFII) sont jugées insuffisantes pour démarrer un parcours formation – emploi notamment pour des personnes en situation d’illettrisme ou avec un faible niveau scolaire.

Enfin, la sortie du Contrat d’Intégration Républicaine (CIR) dont l’objectif est de s’approprier les valeurs et la connaissance des institutions de la République française n’est, aux yeux des rapporteurs de l’étude, pas bien préparée.

Certains leviers pourraient être mieux sollicités

La question de l’hébergement et du logement des réfugiés conditionne l’efficacité de l’insertion. Ainsi, la pénurie de logement en Île-de-France est très prégnante. Les ruptures d’hébergement et les mobilités résidentielles sont fréquentes, rendant difficile l’intégration professionnelle. Les personnes en centres d’hébergement bénéficiant d’un accompagnement peuvent plus facilement entrer dans les dispositifs d’insertion. Mais certains départements, tels que le Gard par exemple, peuvent connaître « des risques d’engorgement ». C’est notamment le cas de l’AFPA qui héberge des bénéficiaires du dispositif « HOPE ».

Par ailleurs, un rééquilibrage territorial de l’offre d’actions spécifiques entre grandes agglomérations et le reste du territoire est absolument indispensable, surtout envers les territoires ruraux où la mobilité n’est pas évidente.

Les communautés liées au pays d’origine pourraient être utilisées alors même qu’il existe souvent des associations qui pourraient « être prescriptrices informelles de certains dispositifs ». L’étude laisse suggérer qu’elles ne sont pas utilisées par les acteurs de l’insertion des réfugiés.
Il faudrait enfin rendre plus « utile » la période de demande d’asile, souvent vécue par les réfugiés comme un moment de désœuvrement notamment du fait des difficultés qu’ils rencontrent pour suivre des cours de français. Un référent social pour chaque demande s’avère nécessaire pour sécuriser leur parcours.

Pour résumer, si des progrès sont constatés dans la politique d’insertion professionnelle des réfugiés, il reste encore beaucoup à faire. Les entreprises sont à ce titre un acteur incontournable. Un suivi et une attention particulière des élus du personnel ou des responsables syndicaux serait un plus pour réussir cette insertion dans les lieux de travail.


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