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Jouer collectif

samedi 23 mai 2020

Note de lecture

Au moment où l’économie doit redémarrer et où se pose partout la question du comment, ce livre trouve un intérêt supplémentaire. En effet, la phase d’arrêt de nombreuses activités lors du confinement et d’explosion du télétravail réinterroge les modes d’organisation du travail et de management. À distance, les rapports managériaux sont forcément différents, les salariés y ont gagné de l’autonomie. Quid à la reprise des activités et à leur retour dans les entreprises ? Le livre de Jean-Paul Bouchet apporte une vision et une expérience : « Jouer collectif ».

Jouer collectif, le témoignage d’un parcours mêlé, professionnel et syndical

Comme l’indique le sous-titre de son livre « Un choix professionnel et syndical », on suit l’itinéraire d’un homme, irrigué par la permanence de ses valeurs et convictions dans son parcours professionnel comme syndical. Comme le dit Laurent Berger dans la postface, l’engagement collectif constitue la cohérence de ce parcours.

Informaticien devenu cadre dirigeant, il choisit ensuite la proposition d’un syndicat et devient permanent et responsable d’une organisation syndicale, la CFDT cadres, pour sa deuxième moitié de carrière.

Une conception du management qui met en valeur le collectif

Le texte de l’éditeur sur la couverture du livre met en avant la question : comment peut-on être syndiqué et, encore plus, syndicaliste quand on est cadre et, encore plus, cadre dirigeant ? Le récit du livre en fait le récit. Mais l’intérêt du livre est surtout de montrer l’intérêt de jouer collectif quelques soient les situations, dans l’entreprise comme dans le syndicalisme.

Une telle méthode de management, qui favorise les coopérations, le partage des connaissances, les confrontations de pratiques, permet de produire de la performance collective, des apprentissages de compétences, des acquis de savoirs et de connaissances. Une méthode de management qui admet la nécessité de convaincre, voire de négocier les meilleurs fonctionnements dans un processus associant efficacité économique, reconnaissance sociale des compétences des producteurs et bien-être au travail. Une méthode qui met en valeur le collectif et donne du sens au travail.

Bien sûr, de tels choix se heurtent à des difficultés du quotidien, à des oppositions de dirigeants, il les a rencontrées. Aussi, insiste-t-il, il est nécessaire que le collectif soit organisé, avec des règles, afin de traiter les mini-conflits du quotidien au travail et que ne puissent se développer des jeux de pouvoir, de séduction, de domination.

Le rôle du syndicalisme

C’est là où, pour lui, le syndicalisme est le meilleur lieu d’apprentissage pour jouer collectif, ce qu’il a pratiqué en étant délégué du personnel puis secrétaire de CE dans son parcours professionnel. Il poursuit son parcours en prenant des responsabilités syndicales à plein temps, où il anime la vie d’un collectif d’adhérents et de militants, participe à des négociations nationales, représente sa structure dans le syndicalisme international, et aussi dans les structures paritaires qui organisent des retraites complémentaires (Agirc), l’emploi (Apec) - et qui existe aussi pour la formation professionnelle (Opco, Transitions Pro). Le tout dans le même esprit du collectif, dont il donne de nombreuses illustrations concrètes.

Il développe d’ailleurs dans la fin du livre une intéressante analyse du paritarisme, « cogestion à la française », où il définit le paritarisme de gestion de ces organismes – à bien distinguer des négociations paritaires — comme là où « chacun se construit avec d’autres, "dans le dur" des dossiers à gérer ensemble ». Or ce travail paritaire qui gère des pans importants de la vie des travailleurs reste très méconnu par leurs utilisateurs, comme celui des partenaires sociaux qui le pilotent.


Les librairies sont maintenant réouvertes. Et ce livre, qui se lit très bien, montre, par ses témoignages, que dans les entreprises ou les administrations on peut faire autrement et organiser le travail avec de l’autonomie, des coopérations, de la responsabilité, et du sens, gagnant ainsi en efficacité, en capacité d’innovation comme en développement des compétences de chacun. Un mode de travail qui gagne à être développé dans cette reprise !


Le livre

  • Jean-Paul Bouchet. Jouer collectif – Un choix professionnel et syndical. Postface de Laurent Berger. Les Éditions de l’Atelier. Novembre 2019.