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La transition numérique révolutionne les organisations des entreprises

mercredi 14 avril 2021

La transition numérique est en cours indiscutablement ! Elle impacte frontalement l’ensemble des entreprises et leurs salariés. Et la crise du covid-19 a encore accéléré le mouvement. De nombreuses enquêtes ont confirmé ce constat. Le « baromètre 2021 Digital Workplace » en lien avec l’IFOP publié par le cabinet Jolhiet-Stewernles [1] donne un éclairage de plus sur la perception des salariés et de leurs responsables hiérarchiques dans les entreprises de plus de 500 salariés sur ce que l’on peut appeler « une révolution numérique ». Elle bouscule les organisations du travail et les rapports entre les collaborateurs et leurs managers. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui se posent des questions sur leur rôle et leur place future. Pour les auteurs de l’enquête, c’est clair le cadre du XXIème siècle ne sera plus celui du XXème.

La révolution numérique en marche

57 % des salariés enquêtés considèrent que nous vivons une révolution digitale et 72 % disent que la crise du covid-19 en est un accélérateur. Et s’ils vivent plutôt positivement cette évolution, opinion partagée par les dirigeants d’entreprise à 64 %, ils se posent toutefois de nombreuses questions.

Ainsi, le recours massif au travail à distance a démontré la capacité d’adaptation des travailleurs à cette nouvelle donne (opinion partagée par 44 %des salariés), leur niveau d’engagement (à 37 %) ou encore la prise de responsabilité et l’autonomie des salariés (à 31 %). Mais ils sont plus réservés sur la capacité de communication de leur entreprise (à 22 %), la recherche de solutions collaboratives (20 %) et le niveau d’acceptation des managers aux évolutions (15 %). Ils redoutent, de plus, (à 55 %) que le travail à distance provoque sur le long terme une diminution du sentiment d’appartenance à l’entreprise et un désengagement croissant. Sentiment partagé par 57 % des managers.

Une évolution nécessaire du rôle des managers

L’enquête montre que 77 % des enquêtés pensent que le numérique rend les collaborateurs plus autonomes et que cela implique qu’il faut leur faire confiance (opinion partagée par 72 % des enquêtés). Mais c’est une difficulté pour les managers qui ont un sentiment de perte de contrôle sur leur équipe. Ils sont 53 % à estimer avoir moins d’impact et d’influence sur leurs collaborateurs. 55 % des managers pensent que leur fonction évolue vers un rôle de « manager coach » les obligeant à abandonner le rôle de manager « command and control » qu’ils avaient auparavant. Certains le vivent mal et considèrent de façon négative la transition numérique.

L’étude montre donc que nous nous dirigeons vers une aggravation du clivage entre vision dépassée (le cadre du XXème siècle) avec nouveau management basé sur la confiance, l’autonomie et la responsabilité (le cadre du XXIème siècle). Toutefois, des points d’attention sont relevés : comment recréer du collectif avec le travail en distanciel ? Comment repérer les signaux faibles de désengagement des collaborateurs ? Comment recréer de l’informel dans les relations entre collaborateurs, avec les managers et favoriser les interactions ?

La transformation de l’environnement du travail

L’étude du cabinet Jolhiet-Steven montre aussi comment la crise du covid-19 a impacté les salariés avec le travail à distance. 46 % des collaborateurs et 54 % des managers ont ainsi été concernés par le télétravail.
Aujourd’hui, 50 % des travailleurs souhaitent télétravailler mais pas à temps plein (4 % seulement le souhaitent). Plus largement, ils souhaitent une « personnalisation de leur environnement de travail ». Ainsi, ils préfèrent le bureau individuel (37 %) ou leur domicile (27 %) pour travailler plutôt que les open-spaces (7 %) ou les tiers-lieux ou co-working (5 %).

La question est donc posée à l’entreprise de s’adapter à ces nouvelles demandes de leurs salariés « en mettant en œuvre toutes les solutions susceptibles de faciliter leur vie professionnelle au quotidien et leur bien-être, tout autant que leur performance individuelle et collective ». Des questions qui devront être posées pendant les négociations qui s’engagent actuellement dans les entreprises sur le télétravail.

Une nécessaire optimisation des outils numériques

Le travail à distance a provoqué la progression des compétences des salariés en matière d’utilisation des outils collaboratifs. 41 % ont ainsi progressé dans leur utilisation contre 36 % dans l’enquête précédente de 2019. 51 % contre 34 % en 2019 ont utilisé la visioconférence durant le premier confinement et ont continué depuis.

Toutefois, il y a une forte de demande d’accompagnement avec de la formation mais aussi la production de « tutos » pour utiliser les outils collaboratifs. Enfin, tout le monde ne va pas à la même vitesse et certains salariés ne disposent pas des outils numériques et des compétences nécessaires au travail à distance. Les réticences de certains managers récalcitrants et pas convaincus que les outils numériques puissent améliorer l’animation des équipes ne favorisent pas leur développement. Il y a donc un risque de décrochage d’une partie des salariés et donc une transition numérique à deux vitesses.



On le voit donc la transition numérique suscite de nombreuses questions dans les entreprises au moins dans les grandes (domaine de l’enquête). Elle nécessite une approche concertée entre les différents acteurs de l’entreprise la direction, les managers, les collaborateurs et donc le dialogue. L’accord national interprofessionnel sur le télétravail du 26 novembre 2020  [2] incite les entreprises à la négociation. Voilà un sujet majeur dont les partenaires sociaux doivent se saisir. Une façon de plus de montrer, s’il en était encore besoin, l’utilité du dialogue social !


Source


Notes :

[1Etude quantitative ad hoc, réalisée selon un mode de recueil online, réalisée par l’IFOP avec un échantillon représentatif de 1 002 collaborateurs d’entreprises de 500 salariés et + (dont 350 managers) ; Suréchantillon de 287 managers dans des entreprises 500 salariés et +.