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Recrutement : quels critères de sélection pour les hommes et pour les femmes ?

samedi 23 octobre 2021

Lors d’un recrutement, comment agissent les chefs d’entreprise face à un homme ou une femme et quels sont les critères de sélection qui ont leur préférence ? Leurs réactions sont-elles différentes si eux-mêmes sont femmes ou hommes ? Si l’expérience, la motivation, la compétence et la disponibilité font l’unanimité quel que soit le genre du candidat, l’enquête de la DARES ((ministère du Travail) montre que les critères de sélection sont différents pour les femmes et les hommes. En cause, bien sûr, la ségrégation sexuée des emplois mais aussi des formes parfois inconscientes de discrimination à l’embauche. Et enfin, malgré tout cela, l’enquête souligne que les recruteurs sont plus satisfaits du travail de leurs collaboratrices que de leurs collaborateurs !

Des critères de sélection différents pour les femmes et les hommes

L’enquête a été menée auprès de 8 510 employeurs entre mars et juin 2016 et publiée le 12 mai 2021. Joliment nommée, « Hommes, femmes : mots d’emploi », elle confirme que lors d’un entretien d’embauche, les critères de sélection diffèrent selon le sexe du candidat.

Ainsi, les recruteurs attachent davantage d’importance à la compétence lorsqu’il s’agit d’une candidate et à la motivation pour un candidat. La qualité du travail, la connaissance de langues étrangères ou encore les diplômes sont des critères de sélection plus déterminants pour les femmes que pour leurs homologues masculins.

En cause d’abord la ségrégation sexuée des emplois

On le sait, les femmes et les hommes n’occupent pas les mêmes emplois. Les emplois d’aide à la personne, par exemple, sont majoritairement féminins (68 %) alors que les métiers manuels sont plutôt masculins (71 % d’hommes).

Cela joue sur les critères de sélection. Dans les métiers techniques (technicien, ingénieur, etc.), composés à 59 % d’hommes, les critères de sélection sont la rémunération, le potentiel et l’expérience.

Dans les métiers d’aide à la personne qui recrutent majoritairement des femmes, les critères de sélection se basent sur la qualification, les diplômes mais aussi le sourire et la capacité d’accueil.

Mais d’autres raisons sont évoquées par les chefs d’entreprise et les recruteurs en général

En premier lieu la disponibilité est particulièrement scrutée chez les femmes par les recruteurs quand on aborde le type de contrat et les caractéristiques du poste. En second lieu, pour elles, comptent aussi l’acceptation de conditions de travail difficiles et la proximité géographique. Pour les hommes, l’état-civil, l’âge, la nationalité, le type de contrat et la rémunération demandée entrent plus en ligne de compte.

Et enfin interviennent des pratiques potentiellement discriminatoires

D’abord pour la DARES, de manière générale, les recruteurs apparaissent un peu plus exigeants à l’égard des candidates. Trois facteurs sont retenus pour 42 % des embauches masculines contre 49 % pour leurs homologues féminines, quand un seul critère est signalé dans 26 % des recrutements d’hommes contre 19 % des embauches féminines.

Puis, quelle que soit la profession, 90 % des employeurs considèrent qu’être une femme aurait été un inconvénient pour occuper un poste. Ils justifient cela par les contraintes liées à la nature de ce poste. La deuxième raison mise en avant, par 29 % d’entre eux, est que certaines tâches sont mieux réalisées par les hommes et d’autres par les femmes. Enfin, 10 % des recruteurs ont préféré ne pas recruter une femme « pour ne pas susciter des réactions négatives de certains salariés », en raison notamment d’une forte proportion d’hommes dans les équipes.

Pour la DARES, ces différences d’aptitudes et de compétences supposées entre les hommes et les femmes peuvent alimenter des comportements de discrimination à l’embauche, les femmes étant sélectionnées pour exercer certains types de métiers ou d’activité et non pour d’autres.

Le paradoxe…

À noter, un élément qui plaide pour la féminisation des postes à responsabilité, le sexe du recruteur a aussi un effet : les femmes recrutent plus souvent des femmes (toutes choses égales par ailleurs).

Enfin, les recruteurs qui ont recruté une femme sont plus souvent satisfaits de leur recrutement. 84 % d’entre eux se disent satisfaits après l’embauche d’une femme, contre 74 % pour le recrutement d’un homme. C’est également le cas pour des métiers manuels et techniques, dont le recrutement est principalement masculin.

L’étude de la Dares confirme par une enquête et des chiffres des impressions ou des vécus de nombreuses femmes et régulièrement dénoncés par les syndicats et les associations féministes. Il est urgent d’avancer.


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