1. Accueil
  2. > Environnement économique
  3. > Emploi
  4. > L’emploi scientifique en France

L’emploi scientifique en France

samedi 1er octobre 2016

Clés du social s’était déjà penché sur l’emploi scientifique en France, en 2013, avec les chiffres de 2010, les derniers connus [1]. Trois ans après, on constate une nette évolution. Il est important de la suivre car, avec elle, c’est une part de l’avenir économique comme de celui de la connaissance qui se joue ainsi.

Une progression ralentie

Il faut rappeler que l’emploi scientifique regroupe l’ensemble des personnes travaillant directement sur des projets de recherche et de développement (enseignants-chercheurs, chercheurs, ingénieurs, doctorants, techniciens…), à temps plein ou à temps partiel, dans le secteur public ou dans le secteur privé.

En 2013, ce secteur représente 418 000 emplois. Les entreprises constituent 60 % de l’emploi scientifique (251 400) et les emplois du secteur public se situent à 166 700. Dans ce total, la part des « effectifs de soutien » (ingénieurs d’études, techniciens, administratifs…) diminue. On compte 266 000 chercheurs, ce qui situe la France au 8ème rang mondial (Chine : 1,5 M ; États-Unis : 1,25 M ; Japon : 0,65 M…) et au 4ème rang en Europe.

Les chiffres provisoires de 2014 montrent une légère baisse dans les principaux organismes de recherche, un maintien dans les universités, et une stabilité dans les entreprises. Alors que de 2000 à 2013 l’emploi scientifique avait progressé de 30 % soit de 2,1 % par an et celui des chercheurs de +55 %, et que, les 4 années 2010-2013, cet emploi augmentait encore de presque 2 % par an (1,9 %), provenant en majorité de son essor dans les entreprises.

L’inquiétude vient aussi du ralentissement du nombre d’inscriptions en première année de doctorat : 17 300 en 2014 soit 13 % de moins qu’en 2009. Ce recul ne touche pas tous les domaines, biologie, médecine et santé continuent de progresser (+8 %), la physique est stable, les autres domaines scientifiques sont en baisse. Pourtant, la part des doctorants financés pour faire leur thèse a fortement augmenté (72 % des thésards), alors que 17 % travaillent, et 11 % n’ont pas de financement.

Un élément positif au contraire : la France accueille de nombreux jeunes chercheurs étrangers : 42 % des jeunes doctorants en 2014-2015, les 4/5 venant de hors l’Europe. Certains restent d’ailleurs en France, d’autres y viennent après leur thèse : ils constituent 17 % des recrutements permanents des établissements publics en 2014, à 60 % d’origine européenne.

La recherche privée est maintenant dominante dans l’emploi scientifique

Les entreprises, avec 60 % de l’emploi scientifique, sont actives dans la recherche fondamentale (mathématiques et physique : 19 %) et les sciences de l’ingénieur, (62 %), aux 2/3 pour les branches industrielles. Une recherche très concentrée : 1 % des entreprises regroupent 56 % des chercheurs du privé.

Les domaines de la recherche publique sont plus diversifiés. Cinq domaines dominent : biologie (18 %), sciences de l’ingénieur (18 %), sciences humaines (12 %), médecine (10 %), sciences sociales (10 %).
Dans les organismes publics, les recrutements de permanents compensent les départs, mais les contrats à durée déterminée représentent 18 % des emplois.

Une autre différence vient de l’âge d’entrée dans ces métiers, relativement tôt dans les entreprises (25 ans), beaucoup plus tardivement dans le public (35 ans) parfois après quelques phases antérieures en CDD.

L’insertion professionnelle des jeunes docteurs se maintient

Malgré les années de crise, elle s’est maintenue, alors qu’elle s’est dégradée pour les autres jeunes sortis d’études. Les sortants docteurs de 2010 ont même une légère progression dans leur insertion à 3 et 5 ans, par rapport à ceux qui sont sortis 3 ans avant (9 % de chômeurs à 3 ans). Il y a cependant des disparités entre domaines scientifiques : forte progression de l’insertion pour les docteurs en maths, physique, chimie, recul pour les docteurs des sciences de la vie et de la terre. Le chômage des jeunes docteurs est cependant supérieur de 5 points à celui des jeunes ingénieurs.

De plus, dans ces emplois, la part de ceux à durée déterminée est forte et a sérieusement augmenté (24 % en 2004, 32 % en 2013). D’autre part, la parité hommes-femmes progresse, mais lentement : 35 % de l’emploi scientifique public seulement, 20 % dans les entreprises. Non seulement elles sont minoritaires, mais la part des femmes diminue au fur et à mesure que l’on monte dans la hiérarchie scientifique publique. Dans les entreprises, beaucoup sont jeunes, donc plus nombreuses dans les premiers postes.

Quatre régions concentrent 2/3 de l’emploi scientifique

En 2013, plus de 65 % de l’emploi scientifique est concentré dans quatre régions. L’Île-de-France est bien sûr en tête (37,6 %) ; derrière se trouvent l’Auvergne-Rhône-Alpes (14,1 %), l’Occitanie (11,1 %) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (7,6 %).
La part des effectifs de R&D dans l’emploi total est de 1,54 %. Deux régions sont très au-dessus de la moyenne nationale : l’Ile-de-France (2,5 %) et l’Occitanie (2 %).

Ce net ralentissement de l’évolution des emplois comme de celle de l’intensité de la R&D doit alerter, car même si cette intensité a progressé de 2,09 % à 2,26 % du PIB entre 2004 et 2014, la France est encore loin des pays scandinaves et a perdu du terrain par rapport à l’Allemagne.


Sources

  • Eurostat communiqué du 30 novembre 2015, Premières estimations des dépenses de Recherche et développement
    http://ec.europa.eu/...