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Le temps partiel entre 20 et 40 ans : Quels parcours ? Quels comportements d’activité ?

samedi 13 août 2016

Les personnes occupant à un moment donné un emploi à temps partiel ont des profils socioéconomiques et des comportements d’activité différents. Cette étude vise à en identifier les principales figures en suivant les parcours professionnels entre 20 et 40 ans des femmes et des hommes nés entre 1935 et 1964, en les reliant à leurs caractéristiques individuelles et familiales, notamment le calendrier des naissances. L’étude [1]conduit à identifier six types de parcours comprenant un épisode de temps partiel entre les âges de 20 et 40 ans.

Les six types de parcours mettent en évidence plusieurs typologies de l’emploi à temps partiel, croisant des critères de stabilité, de durée et de degré de choix des travailleurs. Pour certains travailleurs, plutôt peu qualifiés, l’emploi à temps partiel apparait à la fois comme un attribut et un accélérateur de fragilisation sur le marché du travail. Pour d’autres, plutôt mieux dotés et en situation d’emploi stable, le temps partiel permet un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Ainsi :

  • 25 % des personnes (temps partiel continu) qui occupent un emploi à temps partiel entre 20 et 40 ans ont un temps partiel continu d’au moins 5 ans chez le même employeur. Ce sont majoritairement des cadres. Le temps partiel peut correspondre à la condition de travail du poste ou au choix du salarié.
  • 16 % des effectifs (temps partiel tardif) commencent leur carrière à temps partiel, suite à une inactivité. Cela concerne des activités de soins aux personnes ou des emplois du secteur privé et indépendant, ce sont en majorité des femmes. La situation familiale est déterminante sur le déroulement du parcours professionnel. Le temps partiel est le moyen de reprendre une activité suite à l’arrivée d’un enfant.
  • 21 % des effectifs (temps partiel peu actif) sont marqués par l’inactivité avec une alternance d’emplois courts à temps complet ou à temps partiel (CDD, intérim…). Ce sont le plus souvent des femmes et des parents de plus de deux enfants, avec des contraintes familiales et de faibles dispositions pour pouvoir accéder à des emplois stables et à temps complet.
  • 13 % des effectifs (temps partiel transitoire) sont limités dans le choix de leur emploi et prennent un temps partiel par défaut entre deux emplois à temps complet. Ce sont plus fréquemment des personnes de moins de deux enfants et moins diplômées.
  • 8 % des effectifs (temps partiel permanent) sont en majorité des femmes ayant vécu moins longtemps en couple. Ces personnes sont moins souvent cadres et plus souvent en CDI dans des secteurs non tertiaires. Cet emploi pourrait correspondre à un souhait ou une nécessité d’alléger la charge de travail, pour des raisons familiales notamment, tout en conservant un emploi.
  • 17 % des effectifs (temps partiel d’entrée) débutent à temps partiel avant de poursuivre à temps complet. Ce sont en majorité des hommes ayant moins de deux enfants et d’origine étrangère, relativement plus diplômés que les autres travailleurs à temps partiel et qui sont en CDI lors de leur dernier emploi à 40 ans.

Transitions entre emploi à temps complet, emploi à temps partiel et inactivité lors d’une naissance

  • Les passages du temps complet au temps partiel (TP transitoire et TP permanent) et plus encore les passages du temps complet à l’inactivité (TP tardif) interviennent couramment au moment des naissances.
  • Les passages du temps partiel au temps complet (TP transitoire et TP d’entrée) sont plus souvent réalisés à distance d’une naissance.
  • Les passages du temps partiel à l’inactivité (TP peu actif), interviennent plus tardivement dans le parcours professionnel et sont plus fréquents chez les mères ayant plusieurs enfants. Ils pourraient témoigner d’une dégradation de leur « employabilité ».
    L’allègement de la charge horaire de travail se traduit par une suspension de l’activité plutôt que par du temps partiel.

Ces résultats interrogent les politiques publiques visant la création d’emplois à travers le partage du travail

  • Des mesures d’incitation des employeurs à recourir au temps partiel doivent être des mesures calibrées de façon à concerner des emplois stables pour que des travailleurs suffisamment qualifiés puissent rester libres de leur choix d’activité.
  • Dans le cas contraire, le risque serait celui d’un enfermement des salariés les moins qualifiés dans le sous-emploi. Les mesures d’abattements de cotisations sociales des années 1990, qui étaient ciblées sur les emplois à durée indéterminée mais non sur les caractéristiques de l’emploi, ont aidé à transformer certains emplois à temps complet en emplois à temps partiel.
  • Des mesures pour réduire les disparités entre les femmes et les hommes sur le marché du travail et celles cherchant à améliorer l’articulation entre les vies professionnelle et familiale doivent être réfléchies au regard des effets négatifs que peut avoir un épisode de temps partiel ou d’inactivité sur la reprise d’un emploi à temps complet.

Le calibrage de ces politiques est rendu difficile par la diversité des situations et des attentes individuelles, ce qui invite à poursuivre l’étude de ces situations. Des perspectives limitées sur le marché du travail sont-elles la cause d’un désinvestissement professionnel des femmes au profit de la famille, ou est-ce le motif familial qui guide les choix d’activité ? La réponse à cette double question est vraisemblablement diverse selon les femmes et invite à étudier plus finement les caractéristiques des femmes et mères faisant le choix d’un emploi à temps partiel ou de l’inactivité. La disponibilité de données au niveau du ménage, précisant la situation professionnelle du conjoint, peut à cet égard être riche d’enseignements en permettant d’étudier les décisions au sein des couples.


Référence :
Le temps partiel avant 40 ans, quels parcours, quels comportements d’activité par Karine Briard
DARES juillet 2016 Numéro 200
http://dares.travail-emploi.gouv.fr/.../le-temps-partiel-avant-40-ans


Notes :

[1L’étude exploite le panel de l’enquête SIP « santé et itinéraire professionnel » constituée de 11 220 personnes.