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Les paradoxes du chômage et de la croissance en France

samedi 10 septembre 2022

Malgré les problèmes actuels (inflation, guerre en Ukraine), l’emploi résiste en France et les résultats du chômage qui viennent de paraitre confirment ceux du premier trimestre et de la fin de l’année 2021. Au deuxième trimestre 2022, le taux de chômage est quasi stable à 7,4 % selon l’INSEE. Les experts de l’institut s’interrogent sur le paradoxe français caractérisé par la baisse continue du chômage malgré le ralentissement de la croissance. Ainsi le taux d’activité des 15-64 ans a atteint 73 % en 2021, son plus haut niveau depuis que l’Insee le mesure, en 1975.

Les chiffres clés du deuxième trimestre 2022

Le nombre de chômeurs au sens du BIT augmente de 29 000 par rapport au trimestre précédent, à 2,3 millions de personnes. Ce taux est quasi stable (+0,1 point) à 7,4 % de la population active en France (hors Mayotte) et retrouve le même niveau qu’au quatrième trimestre 2021.

Si l’on regarde dans le détail le taux de chômage des jeunes augmente de 1,3 point, à 17,8 %, mais demeure nettement inférieur à son niveau d’avant crise (de 3,7 points). En revanche le taux de chômage est quasi stable pour les 25-49 ans (+0,1 point) à 6,7 % et diminue pour les 50 ans ou plus à 5,2 % (–0,3 point).

Le halo autour du chômage augmente à peine sur le trimestre et le taux de chômage de longue durée baisse très légèrement. Enfin, la part du temps partiel dans l’emploi diminue de nouveau alors que le taux d’emploi en CDI est stable sur le trimestre et celui des alternants augmente légèrement.

Moins de chômage et moins de croissance

Cela ressemble à un mystère que l’Insee tente de résoudre : en France le chômage baisse alors que la croissance ralentit. Un certain nombre d’explications apparaissent selon l’Institut. La stagnation de la productivité et le boom de l’apprentissage seraient les principales explications du paradoxe de la baisse continue de l’inactivité. Il faut y rajouter selon Vladimir Passeron, chef du département de l’emploi et des revenus d’activité de l’Insee, la surprise de la hausse des embauches, peut-être sous-estimée par les économistes. Il n’y a pas eu qu’un simple boom des recrutements post pandémie, scénario le plus fréquemment évoqué.

Où en est-on ?

Le marché de l’emploi reste très dynamique et connait des problèmes de recrutement y compris dans certains secteurs cotés. Pour Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), « les carnets de commandes sont pleins à craquer », car « les problèmes d’approvisionnement sont en train de se résorber ». De plus, plutôt que de licencier à cause des pénuries, les chefs d’entreprise ont préféré conserver leurs salariés et ce sureffectif a permis de répondre au taux d’absence lié aux différentes vagues du Covid. Par ailleurs, toujours à cause de la pandémie, il a fallu remplacer les travailleurs étrangers détachés partis, qui ne sont pas comptabilisés dans les chiffres de l’emploi, par des travailleurs français qui, eux, sont pris en compte. Des économistes évoquent aussi une partie du travail clandestin régularisé. Avec tout cela, le taux d’emploi de la population (de 15 à 64 ans) reste stable.

La bataille du plein-emploi

Dans ce contexte, la bataille du plein-emploi promis par Emmanuel Macron pour 2027 démarre-t-elle ? Le gouvernement par la voix de la Première ministre, Elisabeth Borne, l’a revendiqué lors de son discours de politique générale. Elle situe le plein emploi autour de 5 % de chômage, d’ici à la fin du quinquennat. Pour y parvenir, elle privilégie trois axes, la réforme du service public d’aide aux chômeurs d’autant plus nécessaire pour les personnes les plus éloignées de l’emploi, celle de l’assurance chômage et la poursuite du développement de l’apprentissage.

Il faudra surtout que l’économie crée jusqu’à 1 million d’emplois supplémentaires. On le constate, trimestre après trimestre, l’emploi continue de bien progresser malgré le ralentissement de la croissance. Pour certains économistes, c’est au détriment de la productivité, qui va finir par rebondir, freinant, voire faisant reculer, l’emploi. Mais d’autres économistes indiquent qu’avec la politique de l’offre engagée depuis 2014 et la tertiarisation accentuée de l’économie, on crée beaucoup plus d’emplois aujourd’hui qu’hier à croissance donnée.

L’avenir parlera !


Sources

  • Différents articles de journaux : Libération, Les Échos, Le Figaro.