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Les professions intermédiaires, plus nombreuses, plus diplômées

samedi 30 janvier 2021

Le terme de professions intermédiaires désigne, selon les catégories socioprofessionnelles établies par l’Insee, l’ensemble des salariés dont les emplois se situent entre les employés et ouvriers d’une part et les cadres de l’autre. Avec les évolutions de l’économie, des techniques et des compétences nécessaires, ils prennent une place de plus en plus grande dans l’emploi salarié. Un Bref du Cereq analyse leur évolution sur 25 ans et en particulier celle de leur niveau de diplôme pour faire face aux exigences de leurs métiers.

7 millions de professions intermédiaires en France, de plus en plus diplômées

Elles représentent ainsi 26 % de l’emploi en 2018, en hausse de 6 points en 25 ans. Elles comprennent 7 catégories professionnelles :

Professeurs des écoles, instituteurs 14 %
Professions intermédiaires de la santé et du travail social 23 %
Professions intermédiaires administratives de la fonction publique 7 %
Professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises 29 %
Techniciens 18 %
Contremaîtres, agents de maîtrise 9 %
Clergé, religieux moins de 1 %



Ce sont généralement des emplois en CDI (82 % contre 74 % pour le total des emplois), avec quelques exceptions pour les aides éducateurs en CDD ou les indépendants du secteur sanitaire et social (infirmiers à domicile, etc.).

62 % des professions intermédiaires ont un diplôme du supérieur en 2018, bac +2 ou plus. Cela tient tant à la présence de professions réglementées dans l’enseignement et le secteur santé et sanitaire et social qu’à la hausse généralisée du niveau d’éducation en 25 ans et à l’évolution structurelle de l’emploi et de ces emplois pendant la même période. Ainsi les moins de 30 ans sont les plus diplômés.

En effet, le système éducatif a développé entre les années 60 et 80 les diplômes à bac+2 pour répondre au niveau théoriquement requis pour ces professions (BTS et DUT, soit niveau 5). Puis avec l’arrivée du LMD européen (licence, master, doctorat) le système éducatif a créé en 1999 la licence professionnelle (niveau 6), toujours pour les emplois des professions intermédiaires, qui s’est très rapidement développée, de même que toute une offre de certifications de niveau 6, amenant les jeunes diplômés à bac +2 à poursuivre une année de plus pour atteindre ce niveau, ce qui reporte d’un an leur entrée dans la vie active.

Les femmes sont devenues majoritaires parmi les professions intermédiaires (53 %), mais leur place est très variable selon les spécialités : 15 % seulement parmi les contremaîtres et agents de maîtrise, mais 78 % dans la santé et le travail social.

Les professions intermédiaires des entreprises

Le Cereq, dans ce document, se focalise sur les professions intermédiaires des entreprises. Ces salariés sont 4,5 millions parmi les 7 millions au total. Ils sont un peu moins nombreux, soit 48,5 %, à avoir un diplôme du supérieur, mais en nette augmentation, particulièrement parmi les jeunes recrues.

Dans le secteur privé, les emplois des professions intermédiaires sont de plus en plus tertiaires, en raison de la tertiarisation de l’économie. Si les agents de maîtrise se maintiennent au niveau statistique, c’est par l’essor de cette catégorie dans le tertiaire alors que le nombre de leurs emplois a baissé dans l’industrie et la construction. Se sont beaucoup développées les professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises (les PIACE, +61 % en 25 ans), de même que les techniciens (+59 %) autrefois dans l’industrie seulement mais que l’on trouve maintenant de plus en plus nombreux même dans le tertiaire.

Ce développement du tertiaire a aussi été facteur d’une féminisation croissante des emplois de catégorie intermédiaire en entreprise, en particulier par le développement rapide des PIACE mais aussi parmi les techniciens des entreprises tertiaires. D’autre part, étant une partie du salariat en essor, les professions intermédiaires comportent moins de seniors et plus de moins de 30 ans que l’ensemble des salariés du privé. Et les moins de 30 ans sont les plus diplômés.

Il faut dire qu’il leur est demandé des compétences de plus en plus complexes et diversifiées intégrant des compétences techniques, des compétences transversales en particulier relationnelles et des capacités d’autonomie, d’initiative et de responsabilité. Ce qui fait que, si l’essentiel du recrutement se fait par la promotion d’ouvriers et d’employés et inclut souvent parmi eux des jeunes en rattrapage d’un premier emploi « déclassé », les jeunes nouveaux recrutés sont de plus en plus souvent au-dessus du bac +2, au niveau 6 (bac +3) ou 7 (master) car les entreprises pensent qu’ils possèdent les compétences transversales qu’elles recherchent. Pour certaines entreprises, grandes le plus souvent, ces derniers constituent aussi un « vivier » de futurs cadres.

Ainsi, pour les professions intermédiaires, positionnées entre les ouvriers-employés et les cadres, exerçant des professions demandant des compétences de plus en plus complexes et diverses, avec un niveau de diplôme en forte hausse, se pose de façon importante la question de leur reconnaissance que ce soit en termes de rémunérations que de perspectives de carrière. C’est la question tant de ces salariés eux-mêmes que des organisations syndicales à leur propos.


Sources