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L’orthographe et la qualité de l’expression, critères de recrutement

mercredi 1er décembre 2021

Une enquête auprès de 2 500 décideurs (d’entreprises de + de 50 salariés) vient d’être réalisée par Ipsos pour Projet Voltaire sur l’importance de l’expression écrite et orale et de l’orthographe dans les recrutements. Question importante car il s’agit souvent d’un critère implicite, non exprimé dans les compétences demandées, mais dont les résultats de l’enquête montrent l’influence pour un candidat au recrutement ou un salarié souhaitant une promotion. Et l’enquête mêle dans les questions expression et orthographe sans toujours les distinguer, sans que cela ait d’ailleurs bloqué les répondants.

Pourquoi cette question ?

Depuis près de 2 ans, mails et visioconférences ont rythmé le travail, devenu pour beaucoup télétravail. Cela a rendu évidente et renforcé l’importance de la qualité de l’expression et de l’orthographe dans ces formes prises par l’activité de nombreux salariés.

De plus, habituellement, 31 % des salarié français ont des activités de rédaction pendant au moins ¼ de leur journée de travail et 70 % sont des rédacteurs quotidiens de documents. De mauvaises expression écrite et/ou orthographe peuvent entrainer des erreurs de compréhension, y compris dans les consignes et les procédures, elles créent un surcroit de travail en particulier en raison de la reprise et de la correction nécessaires du document, ainsi qu’un problème d’image et de qualité perçues… Vu l’importance prise par les reportings, manuels de procédures ou les simples mails professionnels, nous sommes de plus en plus dans une société de l’écrit.

Et pourtant, peu d’études scientifiques ont travaillé sur le lien réel entre l’orthographe et la performance professionnelle. Ce qui n’empêche pas les perceptions négatives de décideurs recruteurs.

Les perceptions des décideurs

Les ¾ des employeurs (76 %) répondant disent rencontrer des problèmes d’expression et d’orthographe chez leurs salariés, alors que pour 86 % d’entre eux c’est une priorité. Ils y lient la question de réputation de leur entreprise, pour 91 % un problème de qualité dans la relation client, pour 77 % cela affecte la productivité et l’efficacité interne, et pour 93 % cela impacte la crédibilité de l’entreprise à l’extérieur.

Pour ces décideurs qui recrutent, cela altère la crédibilité du rédacteur du CV ou de la lettre de motivation. Ils y voient un manque de travail, de sérieux, de fiabilité ou d’efficacité, de moindres aptitudes et compétences, et ont moins confiance. Et cela, souvent sans distinguer s’il s’agit de compétences requises pour le poste ou d’une évaluation sans rapport avec l’activité du poste.

Expression et orthographe dans le recrutement

Aussi la qualité orthographique et le niveau d’expression sont, d’après l’étude, intégrés maintenant dans le « top 5 » des critères de recrutement, après la motivation, le savoir-être et les compétences techniques, mais devant l’expérience professionnelle et la formation initiale. Si la qualité de l’expression et l’orthographe sont insuffisantes, c’est rédhibitoire pour 4 recruteurs sur 5.

Lors de la lecture d’un CV ou d’une lettre de motivation, 80 % écartent les candidats n’ayant pas une bonne maitrise du français, beaucoup plus que celle de l’anglais (30 % seulement). Pendant l’entretien d’embauche, 77 % écartent un candidat n’ayant pas une maitrise de l’expression en français, contre 33 % en cas de peu de maitrise de l’anglais. De même ces insuffisances constituent un obstacle à la promotion pour des salariés.

Il s’agit donc d’une question délicate, d’autant plus que la langue française est difficile, avec des règles bourrées d’exceptions, une langue dont l’évolution a été largement freinée depuis 5 siècles par l’Académie française, malgré quelques lucidités. En particuier celle de Maurice Druon, ancien secrétaire perpétuel de l’Académie français, lors des rectifications de 1990 dont le but était qu’elles « éliminent les principales difficultés qui sont sans justification et normalisent la plupart des anomalies ». Il ajoutait que « la langue étant chose vivante, il faudra recommencer le travail, dans 30 ans, sinon même avant ». Mais beaucoup de ces simplifications ne sont pas encore rentrées dans les mœurs 30 ans après ! Et ce n’est pas non plus la langue des SMS, mails et posts qui aide à sa maitrise et celle de son orthographe !

Pour autant, c’est un point qu’on ne peut négliger dans son état actuel s’il conditionne, en partie au moins, l’emploi de chacun.


Sources

  • Effets psychologiques des erreurs d’orthographe dans une lettre de motivation – Pierre Henri François Professeur de psychologie sociale Université de Poitiers – O.S.P. - 2018 :
    https://journals.openedition.org/osp/8478