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Les métiers des immigrés

mercredi 25 août 2021

Dans une enquête récente, la DARES nous livre une analyse des métiers des immigrés. Sans étonnement, on apprend qu’ils sont surreprésentés dans certains métiers difficiles. Plus surprenant et à rebours des idées reçues, les immigrés sont aussi de plus en plus représentés dans des domaines pointus. Enfin, en Ile-de-France, 22 % de l’emploi total est occupé par des immigrés. C’est le taux le plus élevé de France.

2,7 millions de travailleurs immigrés

L’enquête de la DARES porte sur l’année 2017. Ces 2,7 millions de personnes occupent un emploi sur dix en France.

  • Cinq sur dix sont des ouvriers ou des employés non qualifiés.
  • Trois sur dix sont des ouvriers ou des employés qualifiés.
  • Deux sur dix occupent des postes plus qualifiés, de niveau profession intermédiaire, indépendante, libérale ou cadre. Par exemple, ingénieurs informatiques, personnels d’études et de recherche ou des médecins.

Une concentration sur 35 métiers

Mais, sur 87 familles professionnelles, ils se concentrent sur 35 d’entre elles. La moitié des immigrés se trouvent dans les services aux particuliers et aux collectivités ou dans le bâtiment et les travaux publics. Ainsi, ils représentent 39 % des employés de maison, 28 % des agents de gardiennage et de sécurité, 27 % des ouvriers non qualifiés du BTP. On les retrouve aussi dans les métiers de l’hôtellerie et de la restauration, ainsi que dans certains métiers de la logistique et du transport.

De fortes contraintes de travail

Les métiers exercés par les immigrés ont en commun des conditions de travail plus contraignantes que la moyenne, d’après la DARES, qu’il s’agisse de contraintes physiques, de rythme de travail par exemple un travail répétitif, de périodes de travail… De même, leurs métiers sont plus souvent en tension. Ils occupent aussi moins souvent des emplois à temps complet (79 % contre 84 % pour l’ensemble des salariés). Pour ce qui est du statut de l’emploi, ils sont plus fréquemment en contrat de travail à durée limitée (15 % contre 10 %) et exercent un peu plus souvent une activité non salariée (12 % contre 11 %). Enfin, ils sont plus menacés par le chômage.

Leurs métiers sont différents selon le pays de naissance

Si les métiers exercés par les immigrés varient fortement selon le sexe, l’âge, l’ancienneté de présence sur le territoire…, ils varient aussi selon le pays de naissance, y compris au sein d’un continent donné.

  • Les natifs européens, qui représentent un tiers de l’ensemble de la main-d’œuvre immigrée, ont globalement les métiers les plus proches des non-immigrés. À titre d’exemple, 12 % des travailleurs immigrés sont nés au Portugal ; Ils sont particulièrement représentés parmi les ouvriers du BTP et les services aux particuliers.
  • 27 % des travailleurs immigrés sont nés en Algérie, au Maroc ou en Tunisie. On les retrouve comme agents de gardiennage et de sécurité, conducteurs de véhicules ou ouvriers du BTP. À signaler, le métier d’ingénieur informatique, très qualifié, concerne nettement plus souvent des natifs de Tunisie ou du Maroc. Cela reflète en partie les niveaux des diplômes très différenciés selon les générations.
  • 13 % des travailleurs immigrés sont nés en Afrique subsaharienne. Ils sont agents de gardiennage et de sécurité, cuisiniers mais aussi professionnels de la politique et du clergé et très souvent dans les métiers du soin en tant qu’aides à domicile ou aides-soignants.
  • 16 % des travailleurs immigrés sont nés en Asie. Ils sont surreprésentés parmi les métiers du textile et de la restauration. Ceux nés en Chine sont davantage diplômés de l’enseignement supérieur, et ils exercent plus souvent des métiers très qualifiés.

Des différences régionales

Sans surprise, la part des immigrés dans l’emploi est plus élevée en Île-de-France, dans le sud et l’est du pays. Ils habitent aussi davantage en ville que la moyenne des travailleurs. 22 % de l’emploi total en Île-de-France est occupé par des immigrés, 12 % en Corse, 10 % en PACA alors qu’ils ne sont que 4 % en Normandie.

Enfin, en conclusion, un mouvement de qualification est perceptible pour la DARES. Elle constate une représentation en hausse dans des métiers très qualifiés. Ainsi, 14 % des ingénieurs informaticiens sont des immigrés essentiellement natifs de la Tunisie et du Maroc qui profitent de fortes tensions dans ce secteur. 11,7 % sont des médecins ou assimilés, mouvement que la pandémie actuelle de Covid n’a pas freiné. En parallèle, la DARES pointe une sous-utilisation de leurs compétences car chez les médecins et assimilés (pharmaciens, dentistes, vétérinaires), les praticiens immigrés sont plus souvent cantonnés à des emplois précaires dans l’hôpital public. Un point mis en avant lors du Ségur de la Santé.


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