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"Accords de Grenelle" : 25-27 mai 1968

dimanche 16 mai 2010

Alors que le gouvernement n’avait rien dit ni noué le dialogue jusque-là, le Premier ministre Georges Pompidou accepte alors de discuter avec les syndicats et convoque le 25 mai une réunion tripartite entre gouvernement, patronat et syndicats.

Les années qui précèdent mai 68 voient monter les motifs de mécontentement des salariés. Les augmentations salariales ralentissent, le SMIG horaire est de 2,22 F (2,50 € environ) à la veille des évènements de mai. Les conventions collectives sont très inégales. Entre 1964 et 1967 les négociations sont bloquées à tous niveaux. Le chômage, surtout celui des jeunes, commence à monter, de 300 000 en début 1967 il passe à 450 000 en avril 68 (G. Pompidou pensait que le seuil dangereux était à 500 000 !)… Pendant le même temps, les entreprises et les postes de travail commencent à connaître de grandes mutations technologiques (les machines à commandes numériques, par exemple) et le besoin de qualifications s’élève, avec l’arrivée des techniciens supérieurs. Les conflits du travail se multiplient, avec des grèves dures, parfois très longues, qui se heurtent à l’intransigeance patronale et souvent ne débouchent sur aucun résultat, générant l’amertume.

C’est dans ce contexte social qu’éclate la révolte étudiante, à partir de mars 68, ayant pour origine tant des craintes pour un emploi futur qu’un rejet de la société traditionnelle. Le mouvement prend de l’ampleur : universités bloquées, manifestations… La répression des « barricades » crée l’indignation et rapproche les syndicats étudiants et salariés. La grève générale débute le 13 mai, et au fil des jours atteint 7 à 8 millions de grévistes, soit plus de la moitié des salariés. La France est arrêtée.

Alors que le gouvernement n’avait rien dit ni noué le dialogue jusque-là, le Premier ministre Georges Pompidou accepte alors de discuter avec les syndicats et convoque le 25 mai une réunion tripartite entre gouvernement, patronat et syndicats. Les négociations durent plus de 25 heures, sur 2 jours et aboutissent le 27 mai au matin à des décisions positives sur des points essentiels, même si le protocole d’accord final ne fut pas signé :

  1. - une augmentation du SMIG de 35 %, qui passe à 3 F (3,50 € environ),
  2. - celle des salaires, de 10 % (7 % au 1er juin et 3 % en octobre),
  3. - une réduction du temps de travail (objectif de ramener réellement la durée du travail à 40 heures, maximum abaissé de 2 heures à 48 heures),
  4. - un engagement sur le droit syndical qui se traduit dans la loi du 27 décembre 68 par la création de la section syndicale d’entreprise et du délégué syndical dans les entreprises de 50 salariés et plus,
  5. - un traitement des jours de grève par une possibilité de récupération dans l’année, avec une avance de 50 % du montant, acquis au 31 décembre en cas de non récupération.

Les salariés de Renault en grève, auxquels les leaders CGT et CFDT présentent dans la journée les acquis obtenus, trouvent les résultats insuffisants. La grève continue dans tout le pays. Le pouvoir politique semble évanescent, mais aucune alternative ne s’impose. Le général de Gaulle, après une phase de doute, reprend la main par la manifestation du 30 mai et dissout l’Assemblée. Progressivement, dans la première quinzaine de juin, le travail reprend. Les élections législatives de juin redonnent une forte majorité au pouvoir en place.

Quel bilan des accords de Grenelle ?
Les mesures de Grenelle entrent toutes en application, apportant une amélioration des conditions salariales, mais aussi créant de nouvelles possibilités de relations sociales dans les entreprises. Des négociations de branche, nombreuses, se déroulent durant les mois suivants, débouchant sur des accords sur la ligne des accords de Grenelle et la révision des conventions collectives. Le patronat a accepté également une réunion avec les syndicats salariés sur l’emploi. C’est une relance généralisée de la négociation, qui va se maintenir pendant presque 10 ans, jusqu’au retournement économique de 1977 et à la montée du chômage de masse. C’est aussi les accords de Grenelle qui lancent des groupes de travail, dont l’un, qui se réunit pendant 2 ans, débouche sur l’accord du 9 juillet 1970, instituant la formation professionnelle continue dans toutes les entreprises de 10 salariés et plus.


 

 

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